Qu’est ce qui motive ou freine l’envie d’entreprendre aujourd’hui? Quelles sont les clés de la réussite du chef d’entreprise dans un environnement fragilisé par la crise? C’est à ces questions que répond une enquête de l’Association progrès du management (Apm) confiée à Opinion Way*

Pourquoi entreprendre, qu’est-ce qui a motivé l’envie d’entreprendre à l’origine, qu’est-ce qui la motive aujourd’hui ? L’enquête rendue publique par APM/OpinionWay, le 28 mars 2013, révèle que:

 Pour la moitié des chefs d’entreprise interrogés, c’est le désir d’indépendance qui est à l’origine de la création ou de la reprise de l’entreprise

 Pour 52% d’entre eux, la principale source de satisfaction et de motivation est liée au développement de leur entreprise.

 Pour 41%, c’est le fait de créer des emplois. Plus le chef d’entreprise est jeune, plus il est attaché à ces indicateurs.

L’argent n’est pas au centre de leur ambition, précise le sondage. L’espoir de gagner beaucoup, arrive en toute fin de la liste des motivations. A peine 12% des chefs d’entreprise avouent qu’il s’agissait d’un facteur qui a motivé l’origine de leur entreprise. Ils ne sont plus que 6% à le reconnaître aujourd’hui !

Contrairement à que l’on a tendance à lire, les salariés ont une estimation forte, voire une admiration à l’égard de celui qui entreprend. Un entrepreneur, c’est d’abord celui qui prend des risques, celui qui a du courage, celui qui ose, qui a le sens de l’innovation. Quand on pose la question à ceux qui se sont frottés à la création ou la reprise d’entreprise, le regard est plus négatif : le premier mot synonyme d’« Entreprendre aujourd’hui » est, pour près d’1 chef d’ d’entreprise sur 3, le mot « difficultés » !

Les dirigeants interrogés estiment en effet qu’il est :

 Plus difficile de faire vivre économiquement son entreprise qu’il y a 10 (87%)

 Plus difficile de reprendre une entreprise aujourd’hui ans (79%)

 Plus difficile de créer une entreprise (75%)

 Plus difficile de transmettre une entreprise (68%)

 Plus difficile de manager ses équipes (66%)
De leur propre aveu, le contexte économique et politique de ces deux dernières années semble avoir renforcé le niveau de difficultés auquel est confronté le chef d’entreprise.

Une chose est sûre: on ne s’improvise pas chef d’entreprise. Pour près de 8 personnes sur 10 (chefs d’entreprise ou salariés), la création d’entreprise n’est pas à la portée de tous. Manager exige une personnalité et des qualités particulières:

 de la rigueur (pour 56% d’entre eux),

 de la ténacité (46%),

 faire preuve de dynamisme (42%).
Pour assurer la durabilité de son entreprise, le plus important est de savoir : fidéliser ses clients et les mettre en confiance (selon 6 chefs d’entreprises sur 10); bien gérer son organisation (53% d’entre eux); s’entourer de collaborateurs compétents (52%).

Pour se donner les moyens de progresser en tant que dirigeant d’entreprise, les chefs d’entreprise sont 87% à penser que la formation est un moyen efficace et 75% que les échanges et le partage avec d’autres dirigeants les aident à avancer.

Ces résultats confirment l’importance du soutien du réseau professionnel pour un chef d’entreprise, le besoin de partager des expériences, de ne pas se sentir seul face aux difficultés. En effet, chefs d’entreprise comme salariés estiment que le dirigeant d’entreprise évolue actuellement dans un environnement particulièrement défavorable qui complexifie encore sa tâche.

 88% des chefs d’entreprise et 79% des salariés trouvent que l’environnement économique n’est pas favorable aux dirigeants d’entreprise,

 75% des chefs d’entreprise et 71% des salariés que l’environnement social n’est pas favorable,

 86% des chefs d’entreprise et 67 % des salariés que l’environnement politique n’est pas favorable au dirigeant !

 68% des chefs d’entreprise et, plus frappant encore, 75% des salariés, estiment que les chefs d’entreprise sont trop souvent montrés du doigt par les pouvoirs publics !

Le quotidien du chef d’entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. C’est même pour nombre d’entre eux une course contre la montre.
La moyenne du temps de travail est de 58,2 heures par semaine.

 75% des chefs d’entreprise estiment que sa charge de travail est plus lourde qu’il y a 10 ans.

 77% d’entre eux estiment que leur emploi du temps est surchargé, taux qui passe à 93% pour les chefs d’entreprise de + de 200 salariés !

 Près de 70% reconnaissent se sentir seuls dans la prise de décision.
La majeure partie de leur temps est consacrée au commercial, à la relation avec les clients (77% des réponses), puis aux tâches administratives (64%) et enfin à la production (30%). Faute de temps suffisant, 30% des chefs d’entreprise reconnaissent ne pas s’occuper de la stratégie d’avenir de leur entreprise.

Prise de risque importante, emploi du temps surchargé, sentiment de solitude face aux décisions à prendre, faible reconnaissance de l’opinion publique et des pouvoirs publics … autant de raisons qui amènent 1 dirigeant sur 2 à déconseiller à un proche de créer ou reprendre une entreprise.

*4 ème enquête Apm / OpinionWay
« Entreprendre aujourd’hui en France Quel est le prix de l’audace ? »
Echantillon de près de 1 300 chefs d’entreprises Français1 (dont plus de 900 sont adhérents de l’Apm), et 1015 salariés.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ECONOMIE, ETUDE

Etiquette(s)

, ,