Place Publique

Le Collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation (CDERE), qui regroupe syndicats de l’éducation et associations, s’inquiète de l’avenir des enfants roms victimes des évacuations durant l’été.

« Des enfants qui avaient commencé une scolarisation ont vu leur lieu de vie détruit, leur cartable et leurs affaires scolaires disparaître avec leurs affaires personnelles et leurs repères ».

« Pour incrire leurs enfants à l’école, les parents doivent s’adresser à la mairie qui demande généralement un justificatif de domicile. Or, il est très difficile pour les populations Roms d’obtenir ce type de document. Le blocage est administratif ».

« Les conditions de vie des Roms ne facilitent pas non plus l’accès à l’école. La précarité mais aussi les expulsions à répétition, parfois cinq à six fois en trois mois, découragent les familles. Après une expulsion, tout est à refaire. Il en résulte un véritable gâchis humain. « Des enfants qui n’ont pas accès aux apprentissages de base et à la culture commune deviennent des adultes exclus. C’est une situation qui va créer des dégâts dans 10 ou 15 ans car la société sera face à des personnes qui n’ont jamais eu accès à une formation »

Combien de ces enfants pourront, ce jour de rentrée, retrouver le chemin de l’école ?

« Des signes contradictoires sont donnés par le gouvernement. La circulaire interministérielle du 26 août 2012 propose un cadre d’accompagnement anticipé des personnes concernées par ces évacuations. Le 28 août, Paul Langevin, ministre déléguée à la Réussite éducative, réaffirme le droit à la scolarisation de tous les enfants, quel que soit leur lieu de vie, et reconnaît les difficultés auxquelles sont confrontées les familles roms pour faire valoir ce droit. Cependant des évacuations sans solution pérenne se multiplient dans la précipitation ».

Pour le CDERE, « le droit à l’éducation des enfants roms n’est pas négociable. La France a ratifié la Convention internationale des droits de l’Enfant : elle doit scolariser tous les enfants vivant sur son sol, sans distinction d’origine, quel que soit leur lieu de vie », rappelle le CDERE.

La présence en France de milliers
d’enfants non-scolarisés n’est pas un état de fait irréversible, mais une situation intolérable face à
laquelle des réponses doivent être apportées qui correspondent aux engagements de la France pourles Droits de l’enfant.

Entre 5 et 7000 enfants roms en France

Selon une étude (Etude sur les obstacles à la scolarisation des enfants Roms migrants en France), on dénombre en France entre 5 et 7.000 enfants roms, âgés de 6 à 16 ans (Chiffres 2009). Parmi eux, moins de 10% sont scolarisés. Après en termes de répartition, cela dépend des communes. A Marseille, par exemple, sur 600 enfants roms de 6 à 16 ans, seuls 50 ont été inscrits à l’école au cours de l’année 2008-2009 et environ 20 étaient effectivement scolarisés en fin d’année.

Dans certaines collectivités territoriales, aucun enfant rom n’est scolarisé alors que dans d’autres, on observe une scolarisation complète. C’est bien la preuve que des solutions existent. Mais en règle générale, la situation est difficile. Les conséquences d’une telle situation peuvent être très graves, tant à l’échelle individuelle des enfants, pour leur sécurité, leur construction personnelle et leur insertion dans la société, qu’à l’échelle sociétale, pour une société juste, égalitaire, non discriminatoire et socialement cohérente. Tout ceci nous interpelle d’autant plus que nous constatons dans de nombreuses communes, ou circonscriptions académiques que l’accès à l’école n’est entravé que pour les enfants roms.

A un problème social se substitue donc une question ethnique, justifiant par des raisons dites culturelles que des enfants vivent dans la rue plutôt qu’ils ne s’instruisent à l’école.
« La scolarisation est en France obligatoire, aussi faut-il s’assurer que cette obligation soit respectée
pour tous, quelle que soit la situation sociale ou l’origine ethnique des enfants, rappelle le Collectif Romeurope. Ce que nous préconisons ici n’est pas la mise en place d’un dispositif rom spécifique à ces enfants, mais l’ouverture de moyens pour que nos textes de lois puissent être appliqués, et que les dispositifs existants pour assurer la protection de l’enfance puissent être aussi efficaces à l’égard des enfants roms.
Par ailleurs, le fait que la scolarisation des enfants ne représente pas la priorité pour certaines
familles, du fait de leurs parcours sociaux, géographiques, et culturels, ne justifie pas l’absence de
scolarisation mais doit amener à en analyser les raisons, afin de pouvoir leur proposer un
accompagnement pertinent vers et au sein de l’école. Les exemples de parcours scolaires réussis
dont nous disposons prouvent qu’un investissement des acteurs concernés – au sein de l’Etat et des
collectivités locales – à la mesure de l’enjeu, permettrait d’assurer la scolarisation effective de tous
les enfants qui se trouvent aujourd’hui hors du circuit scolaire.

Le Collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation rassemble les associations suivantes :

AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville) – CGT Educ’Action – CLIVE (Centre de Liaison et d’Information Voyage Ecole) – DEI-France (Défense des Enfants – International) – FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves) – FERC-CGT (Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture) – ICEM-Pédagogie Freinet (Institut Coopératif d’Ecole Moderne) –Intermèdes –RESF (Réseau Education Sans Frontière) – Sud Education – SNUipp-FSU – Solidarité Laïque.
Et les membres du Collectif National Droits de l’Homme Romeurope :
ABCR (Association Biterroise Contre le Racisme) – ALPIL (Action pour l’insertion sociale par le logement) – AMPIL (Action Méditerranéenne Pour l’Insertion sociale par le Logement) – ASAV (Association pour l’accueil des voyageurs) –ASEFRR (Association de Solidarité en Essonne avec Les familles roumaines et rroms) – Association Solidarité Roms de Saint-Etienne – CCFD-Terre solidaire – LA CIMADE (Comité intermouvements auprès des évacués) – CLASSES (Collectif Lyonnais pour l’Accès à la Scolarisation et le Soutien des Enfants des Squats) – FNASAT-Gens du voyage – Hors la Rue – LDH (Ligue des droits de l’Homme) – MDM (Médecins du Monde) – Mouvement catholique des gens du voyage – MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) – Rencontres tsiganes – ROMAQUITAINE – RomActions – Romeurope 94 – Secours catholique (Caritas France) – SICHEM (Service de Coopération Humanitaire pour les Etrangers et les Migrants) – Une famille un toit 44 – URAVIF (Union régionale des associations pour la promotion et reconnaissance des droits des Tsiganes et des Gens du Voyage d’Ile-de-France)
Et les Comités de soutien de Montreuil, le Comité de soutien de Limeil / Brevannes, le Comité de soutien 92 Sud, le Collectif Romeurope nantais, le Collectif de soutien aux familles rroms roumaines, le Collectif Rroms des associations de l’agglomération lyonnaise, le Collectif Romyvelines, le Collectif de soutien aux familles roms de l’agglomération orléanaise, le Collectif des sans-papiers de Melun, Collectif solidarité Roms et gens du voyage du Nord, le Collectif de solidarité Roms de de Toulouse.