Aujourd’hui, une personne sur cinq vit sans accès à l’électricité, ni aux possibilités et à la sécurité qu’elle procure pour le travail, les soins de santé, l’apprentissage et la gestion d’une entreprise. Jusqu’à deux millions de personnes par an meurent de maladies respiratoires dues à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, causée par la cuisson des aliments avec des combustibles impropres.

L’accès à l’énergie pour tous d’ici à 2030, telle est l’ambition de l’Union européenne manifestée à travers une nouvelle initiative en faveur de l’énergie et du développement.

500 millions de personnes sont concernées

Cette initiative annoncée fin avril par le président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso, à l’occasion du sommet de l’UE sur l’énergie durable pour tous, devrait permettre à 500 millions de personnes supplémentaires d’accéder à l’énergie durable dans les pays en développement d’ici à 2030, a été Un engagement de l’UE pris dans le cadre de l’initiative sur l’énergie durable pour tous (SE4All), lancée l’année dernière par M. Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies.

Les propositions de la Commission portent sur un nouveau mécanisme d’assistance technique de l’UE, d’un montant de 50 millions d’euros pour les deux prochaines années, qui aidera les partenaires en développement soutenant l’initiative en mettant à leur disposition l’expertise de l’UE dans ce domaine, ce qui contribuera à promouvoir le développement durable et la croissance inclusive.

José Manuel Barroso a également souligné que, dans la perspective de la conférence des Nations unies sur le développement durable, qui se tiendra à Rio en juin (conférence «Rio+20»), l’UE et les États membres s’efforceront de mobiliser une aide supplémentaire pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de millions d’euros pour soutenir de nouveaux investissements concrets dans le domaine de l’énergie durable en faveur des pays en développement – en coopération avec les banques et le secteur privé afin de créer un effet de levier pour multiplier autant que possible ce montant. En tant que principal pourvoyeur d’aide au développement dans le monde, l’UE joue un rôle essentiel dans les efforts déployés pour mettre fin à la précarité énergétique sur la planète.

«Le lien entre l’énergie et le développement est fondamental. Sans accès à l’énergie, nous ne pourrons tout simplement pas atteindre les objectifs du millénaire pour le développement, a indiqué le président de la Commission européenne. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé ce sommet nous sommes attachés à l’objectif de fournir un accès universel à l’énergie durable pour tous d’ici à 2030. En réunissant nos partenaires, le secteur privé et la société civile, nous travaillerons de concert pour faire de cet objectif une réalité. Avec l’engagement ferme que nous prenons aujourd’hui d’aider les pays en développement à fournir un accès à l’énergie à 500 millions de personnes d’ici à 2030, nous démontrons l’importance que nous attachons à cette question et espérons que d’autres se joindront à nous pour faire en sorte que, d’ici à 2030, l’accès à l’énergie ne soit plus un privilège, mais un droit universel».

Le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, a déclaré pour sa part qu’il se félicitait de l’engagement pris par la Commission européenne de soutenir l’initiative sur l’énergie durable pour tous. « En plaçant l’énergie au centre de ses politiques en matière de développement et en mettant la question de l’accès à l’énergie au rang de ses priorités, elle joue un rôle de premier plan qui contribue à faire de l’énergie un des objectifs principaux en matière de développement sur le plan international.»

Des nouveaux instrument financiers

La nouvelle initiative de l’UE se concentrera sur le développement et l’amélioration d’instruments financiers innovants de l’UE, afin que les milliards d’euros qu’ils mobilisent permettent d’apporter des changements réels sur le terrain.

Il peut s’agir, par exemple, de soutenir le développement de partenariats public‑privé sur l’accès à l’énergie dans les pays en développement ou de mettre en place des systèmes de garantie des risques dans les pays en développement avec une banque. Cela pourrait potentiellement entraîner des investissements considérables en donnant aux investisseurs une certaine assurance quant à la sécurité de leur argent.

L’Union européenne est le premier bailleur de fonds au monde dans le domaine de l’énergie. La récente communication relative à un programme pour le changement, dans laquelle la Commission de l’UE définit les bases d’une politique de développement renforcée, confirme que l’énergie est l’une de ses priorités essentielles.

À elle seule, la Commission européenne a consacré, au cours des cinq dernières années, près d’1 milliard d’euros à l’amélioration de la situation du secteur de l’énergie dans les pays en développement, notamment en s’efforçant d’améliorer l’accès à des services énergétiques modernes. Elle s’est concentrée sur tous les éléments des politiques énergétiques, depuis l’électricité jusqu’à la gouvernance et la régulation, en passant par l’amélioration des technologies, les moyens propres de cuisson des aliments et l’efficacité énergétique.

130 projets ont déjà été lancés

Par l’intermédiaire de la facilité ACP-UE pour l’énergie – mise en place pour permettre aux populations démunies des pays en développement d’accéder à l’énergie durable – l’Union européenne a soutenu plus de 130 projets dans les pays ACP, apportant ainsi des services énergétiques modernes à 12 ou 13 millions de personnes dans le monde.

Le projet PAMENU en Ouganda – institué pour fournir l’accès à des services énergétiques de base aux ménages ruraux, aux institutions sociales et aux petites et moyennes entreprises – constitue un exemple fort de son succès. Avec un budget minime, le projet a réussi à étendre l’accès à des services énergétiques modernes à plus d’un million de personnes et à fournir des poêles de cuisson à près de 200 000 foyers.

L’UE s’est déjà engagée, avec ses partenaires, à fournir un accès à des services énergétiques modernes et durables à 100 millions de personnes supplémentaires en Afrique d’ici à 2020 (au moyen du partenariat stratégique UE‑Afrique dans le secteur de l’énergie).

2012: année internationale de l’énergie durable pour tous

Les Nations unies ont proclamé l’année 2012, année internationale de l’énergie durable pour tous. L’Union européenne est déterminée à atteindre les objectifs ambitieux du secrétaire général des Nations unies, qui sont de garantir, d’ici à 2030, un accès universel à des services énergétiques modernes, de doubler le taux global d’amélioration de l’efficacité énergétique et de doubler la part des énergies renouvelables dans la palette énergétique mondiale.

Toutefois, pour parvenir à cet objectif, une augmentation importante du financement et de la mise en place de mécanismes de financement innovants destinés à attirer les investissements du secteur public et du secteur privé à une plus grande échelle est nécessaire.

Ce sommet qui intervient à un moment crucial, au début de l’année internationale de l’énergie durable pour tous a servi aussi à préparer la conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20), qui aura lieu au Brésil en juin 2012 – où l’énergie sera une priorité essentielle – et aidera l’UE à définir de quelle façon elle souhaite poursuivre sa contribution à l’initiative en faveur de l’énergie durable pour tous.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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