L’association IMS-Entreprendre pour la Cité vient de publier, le 30 mars 2012, les résultats de son premier Baromètre des Fondations d’Entreprise. De plus en plus intégré à la stratégie globale de l’entreprise, le mécénat se professionnalise.

Elles sont 450 en France et ont gagné leurs galons dans le monde de l’entreprise. Que de chemin parcouru pour les fondations d’entreprise dont le statut a été créé en 1990.

L’association IMS-Entreprendre pour la Cité a voulu dresser un premier bilan de leur activité et de leur fonctionnement en interrogeant 68 d’entre.

Premier constat : la crise n’a pas affecté les fonds de dotations dont le niveau médian se situe aujourd’hui à 600 000 euros et reste stable depuis 2009. Mieux, les équipes en charge du mécénat s’étoffent (1/4 d’entre elles compte désormais plus de 3 personnes) et sont, pour, 45% d’entre elles, rattachées à la direction générale. Il faut dire que les actions citoyennes soutenues par ces fondations servent, plus que jamais, les intérêts de l’entreprise. En effet, l’importance prise par la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) dans le monde du travail et dans l’économie porte leurs projets. Pour asseoir leur légitimité et s’inscrire dans les débats stratégiques, 53% des fondations déclarent que leur objet est en lien avec le métier de leur entreprise. Par ailleurs, le mécénat est devenu un véritable levier de la politique des ressources humaines.

Enjeu RH

Les entreprises l’utilisent de plus en plus pour nourrir leur marque employeur et créer du lien social dans leur organisation. L’implication sociétale répond, en effet, au déficit de sens au travail et à la demande d’une nouvelle génération plus que jamais sensible aux sujets du développement durable.

80% des entreprises interrogées par IMS-Entreprendre pour la Cité proposent ainsi à leurs salariés de participer à ses actions solidaires contre 62% en 2009. Les associations accompagnées par la Fondation HSBC pour l’Education doivent, par exemple, proposer une mission pour les collaborateurs. Toutes les fondations notent une participation et un engouement en constante augmentation.

Petit bémol : le mécénat de compétences (temps de salariés offert aux associations) a tendance à baisser au profit du bénévolat. La crise est passée par là. Du coup, un système mixte a tendance à se mettre en place combinant « don de temps personnel + don de temps de travail ».

Evaluation et professionnalisation des fondations

Davantage de ressources humaines et financières, des programmes structurés en lien avec le métier de l’entreprise et associés à la stratégie RH : les fondations se professionnalisent. Elles doivent donc rendre des comptes. Encore balbutiante il y a 2 ans, l’évaluation s’impose dans leurs démarches pour 2/3 d’entre elles.

Si le mécénat d’entreprise atteint donc une certaine maturité, il reste toutefois encore des chemins à explorer. Certaines fondations pointent du doigt le manque d’originalité des projets et militent pour une diversification de leurs actions. L’étude montre en effet une concentration des champs d’implication autour de trois thèmes : l’éducation, l’action sociale et l’insertion professionnelle, les jeunes restant aussi la cible privilégiée.

Autre critique émergente : celle des syndicats qui rappellent l’importance du rôle social et citoyen de l’entreprise auprès de ses propres salariés. Une préoccupation dont pourraient se saisir les fondations ?

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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