Réindustrialisons la France, clament en chœur Nicolas Sarkozy et François Hollande. Vaste ambition au regard du bilan et des perspectives chiffrés !

Il faut ré-in-dus-tria-li-ser !

Dans un débat télévisé à couteaux tirés, Manuel Valls et Jean-François Copé sont tombés d’accord sur ce point. A l’unisson de leurs champions respectifs, Nicolas Sarkozy qui évoque la création d’une banque de l’industrie et vante les mérites des cols bleus dans ses visites de terrain, et François Hollande qui annonce la priorité à l’industrie et entend, lui aussi mobiliser l’épargne en faveur des PME.

Belles envolées de campagne et promesses ambitieuses ! Vaste programme, pourrait-on dire en reprenant une formule du général de Gaulle. L’analyse du bilan des années passées et des prévisions des experts s’avère beaucoup moins idyllique. En 2011, ce sont plus de 4200 entreprises de plus de 10 salariés qui ont fait faillite, indiquait récemment le quotidien La Tribune (lui aussi condamné à une nouvelle cure d’austérité et à disparaître des kiosques en tant que quotidien).

Sur les cinq dernières années, on peut ainsi constater un étiolement du tissu industriel qui constitue bien une exception française. Le poids de l’industrie dans la valeur ajoutée se situe à environ 15 % en France, bien en dessous du niveau de l’Allemagne mais aussi, ce qui est plus surprenant, de l’Italie et de la Grande-Bretagne. L’étude réalisée par le Centre d’analyse stratégique, organisme tout à fait officiel, permet de découvrir une évolution de l’emploi dans le secteur marchand, traduisant « une transformation structurelle du tissu productif français ».

Globalement, il est prévu pour la période 2011-2016 une création nette de 783 000 emplois. Ce mouvement est du essentiellement aux services aux entreprises –qui regroupe entre autres l’intérim et le nettoyage- les activités de conseil et les services aux particuliers (concernant notamment les personnes âgées). En revanche, les secteurs fortement soumis à la concurrence internationale- on y retrouve les poids lourds de l’industrie, automobile, équipements mécaniques, textile-habillement, équipement du foyer, métallurgie, équipements électriques et électroniques- continueront à perdre des emplois (137.000 d’ici à 2016).
_Fortement malmenés par les pays émergents d’un côté –au coût du travail terriblement inférieur- et de l’autre les pays à forte technologie, ces secteurs ne trouveront leur salut que dans l’innovation, estiment les experts du Cas.

L’expérience des dernières années n’est guère encourageante à cet égard, compte tenu de la tendance des grandes entreprises à privilégier la rémunération des actionnaires dans la répartition de la richesse et à délocaliser l’outil de production. Un défi de taille à relever pour les candidats à la magistrature suprême !

Au sujet de Jean-Louis Lemarchand

Journaliste économique ayant effectué sa carrière dans la presse écrite (AFP, Les Echos, l’Express, La Tribune, La Revue de l’Energie) et la presse d’entreprise (Vivendi-Universal, Caisse d’Epargne), auteur (en collaboration) d’ouvrages sur l’énergie (Biocarburants ; 5 questions qui dérangent ; Le dernier siècle du pétrole : la vérité sur les réserves mondiales, tous deux aux Editions Technip).

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