Non à ces rentes foncières qui aggravent la pauvreté

Quelles villes allons-nous laisser à nos enfants : celles de l’indifférence et de l’exclusion si nous ne réagissons pas rapidement tant les démunis et même les classes moyennes sont rejetés vers un ailleurs en raison d’une spéculation du foncier, destructrice de la cohésion sociale.

Le maintien des rentes foncières n’est pas admissible tant il éreinte ceux qui n’ont comme revenus que le fruit de leur travail.

Ne marchons-nous pas sur la tête pour observer que les prix de l’immobilier ont augmenté de plus de 140 % sur 7 ans alors que sur cette même période, la hausse des salaires médians est restée inférieure à 25 %.

Le travail, quel scandale, n’autorise pas toujours à trouver un logement abordable sauf au prix d’un tel effort que le « reste à vivre » n’est pas étranger à bien des ruptures aggravant les précarités au point de leur ajouter la misère affective (familles monoparentales).

La situation n’est plus tenable. Il ne s’agit pas de demander à l’Etat ou aux Collectivités Locales touchés par la crise des finances publiques d’augmenter les aides, qui ne font d’ailleurs que renchérir le coût du foncier dès lors que ce qui est gagné sur le plan fiscal est perdu par la valorisation des terrains. Il s’agit de penser autrement l’acte de construire pour l’orienter fermement et délibérément au regard de l’urgence de l’heure pour des quartiers plus ouverts et équilibrés.

Les élus disposent pour ce faire d’un moyen d’action avec le Plan Local d’Urbanisme (P.L.U.) leur permettant d’agir sur deux plans :

*

augmenter les droits à construire de 30 à 40 %. Le sujet est suffisamment important pour éviter des caricatures : la densité proposée n’a rien à voir avec celle de « Manhattan ». il s’agit d’édifier des opérations plus en lien avec les équipements publics.

Construire plus, en veillant à ce que cette nouvelle densité soit affectée d’une charge foncière éligible aux financements très sociaux, rappelant que le logement social est défini par son financement.

*

délivrer des permis de construire précisant la destination des logements. Nous préconisons que la part non aidée représente 30% du programme, les logements très sociaux 30 % et ceux à vocation intermédiaire 40 %. Comment ne pas observer que, sous couvert du social, le Prêt Locatif Social est accessible à 70 % de la population si bien que les plus fragilisés peinent à trouver un logement là où le financement ne leur est pas adapté.

Ces mesures limiteront mécaniquement le coût du foncier par un prix de « sortie » encadré par ces différents financements.

La situation du logement est suffisamment grave pour mettre un terme à un marché débridé qui fait qu’une fraction importante de nos concitoyens est condamnée à la fragilité.

Acceptez-vous de signer cet appel au changement dans cette conviction qu’il n’y a de justice que là où nous consentons à changer et à faire changer pour refuser l’inacceptable.

A cette responsabilité de veilleur, ne sommes-nous pas tous appelés.

Bernard Devert