Présentée début novembre, lors des Journées de l’économie de Lyon, une étude de l’Institut pour l’Éducation Financière du Public (IEFP)*, réalisée par le Crédoc, en partenariat avec l’Autorité des marchés financiers (AMF), met en évidence la faible culture financière des Français

Si 78 % des personnes interrogées ont le sentiment d’être à l’aise en calcul, seulement un Français sur deux sait que 100 placés à 2 % par an conduisent à un capital de 102 au bout d’un an. Ce chiffre nous place en queue de peloton par rapport aux autres pays ayant effectué ce type de test à l’initiative de l’OCDE. 54 % des Français savent que cette même somme, placée pendant 5 ans, permet de disposer d’un capital de plus de 110

Les grands principes financiers sont globalement bien connus :
87 % des personnes interrogées classent les actions comme un produit plutôt risqué et 93 % classent les livrets d’épargne dans la catégorie des placements peu risqués . 70 % savent qu’en diversifiant ses placements en Bourse, on peut limiter les risques (un taux assez élevé comparé aux tests de l’OCDE)

• Mais encore trop de Français gardent l’illusion de la martingale : 72 % savent qu’il n’est pas possible de trouver un placement financier qui soit à la fois très rentable et très peu risqué. C’est moins bien que dans la plupart des pays ayant participé à l’enquête OCDE, cela fait quand même 25 % de Français ignorant ce principe de base.
Nos concitoyens peinent à maîtriser certains concepts élémentaires. Une personne sur quatre parvient à trouver la définition d’une obligation. 45 % savent ce qu’est un fonds commun de placement. 52 % connaissent la définition d’un dividende.
Le sentiment d’incompétence reste élevé en matière de placements financiers . 80 % des Français reconnaissent qu’ils sont un peu perdus en matière de placements financiers. 49 % estiment leurs connaissances insuffisantes pour évaluer la rentabilité et le risque des produits financiers . 28 % seulement se sentent compétents pour lire la presse spécialisée.

A partir de dix questions de connaissances figurant dans l’enquête, un indicateur de « culture financière de base » a été construit. Cet instrument synthétique permet de départager la population en deux catégories : ceux qui maîtrisent plutôt bien les notions élémentaires de calcul financier ou de placements, et ceux qui ont davantage de difficultés.
Seule une personne sur deux obtient une note supérieure ou égale à la moyenne et 1 % seulement des sondés ont été capables de trouver les 10 bonnes réponses aux questions. Avec une note moyenne de 5,1/10, les hommes s’en sortent mieux que les femmes (4/10). Les diplômés obtiennent également de meilleurs résultats (5,4/10 pour les bacheliers, 6,1/10 pour les diplômés du supérieur), de même que les cadres (6,4/10), les travailleurs indépendants (5,3/10), les professions intermédiaires (5/10) et les hauts revenus (5,3/10). Mais jamais, dans aucun groupe, les notes moyennes n’atteignent 7/10. Même parmi les personnes disposant de plusieurs produits d’épargne, la culture financière de base est assez faible (4,4/10).
Cela dit, les Français estiment gérer plutôt bien leur budget 3 sondés sur 4 ont une idée précise de ce qu’ils dépensent chaque mois . 70 % d’entre eux élaborent un budget de leurs dépenses et de leurs revenus. 92 % consultent régulièrement leur compte bancaire.

Des progrès restent à faire. 79 % des personnes interrogées souhaiteraient en apprendre davantage en matière de finance au cours de leur scolarité. Ils sont même 86 % chez les 18-24 ans . 77 % sont réceptifs à la possibilité de suivre une formation dans leur entreprise.

A l’occasion de la parution de cette étude, Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers a déclaré : « Disposer d’une solide culture financière et économique est plus que jamais indispensable dans la mesure où les services financiers jouent un rôle de plus en plus important dans la vie des Français : achat d’un logement, financement des études des enfants, ou complément de revenu à leur retraite. Dans ce contexte, il est important pour le citoyen de bien comprendre les avantages mais surtout les risques encourus par tel ou tel type de placement. Il existe des lacunes dans la culture financière des Français, mais cette étude est encourageante car elle nous indique qu’ils sont curieux et demandeurs en formation. Tel est le sens des actions de terrain conduites par l’IEFP et l’AMF ». Et d’ajouter « Compte tenu des enjeux sociétaux, la mobilisation des pouvoirs publics sur ce sujet doit être totale ».

Pour Georges Pauget, président de l’IEFP, « Ces résultats confortent l’IEFP dans ses principales missions qui sont d’encourager l’éducation financière à l’école, promouvoir les formations en entreprise, et aider les consommateurs de produits financiers à se poser les bonnes questions. Ils nous permettent d’identifier des messages clés qu’il conviendra de marteler et d’expliquer, comme par exemple, qu’on ne peut pas, contrairement à ce que croient encore 25 % des Français, avoir un rendement élevé sans prendre de risque. Sur d’autres points, les résultats sont assez rassurants. Les Français gèrent plutôt bien leur budget personnel, et maitrisent la plupart des grands principes financiers, notamment les vertus de la diversification. L’IEFP et l’AMF vont donc continuer à ouvrer pour une plus grande pédagogie à destination du grand public ».

A propos de l’IEFP :
L’Institut pour l’Education Financière du Public (IEFP) est une association d’intérêt général qui a pour objectif de favoriser et promouvoir la culture financière des Français. Comme le souligne sa signature « La finance pour tous », reprise dans la dénomination de son site, www.lafinancepourtous.com, sa vocation est pédagogique et informative, en direction de tous les publics.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ECONOMIE, ETUDE

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