Consulté par le Premier ministre sur les priorités affichées en matière sociale par la présidence française du G20, le Conseil économique, social et environnemental, dans son avis voté du 6 septembre, indique que l’enjeu est d’inscrire l’action du G20 dans la durée et d’avancer vers un nouvel ordre économique mondial qui donne toute sa place au social, à l’environnemental et au développement.

À l’approche du Sommet de Cannes des 3 et 4 novembre 2011, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) répond au Premier ministre qui l’a saisi sur les enjeux de la présidence française en lui demandant d’accorder une attention toute particulière aux priorités sociales.

Dans ce contexte, le CESE souhaite porter un message fort, ordonné autour d’une double conviction.

D’une part, la croissance n’est pas une fin en soi, elle doit être au service du bien-être de l’humanité en plaçant la dimension sociale, la lutte contre les inégalités et la pauvreté ainsi que la préservation de l’environnement au coeur des enjeux. 10 % de la population mondiale concentrent plus de 80 % de la richesse 75 % de la population mondiale ne dispose d’aucune garantie sociale.

D’autre part, il revient aux décideurs politiques, aux chefs d’État et de gouvernement de se positionner en première ligne, et de reprendre, après des décennies de laisser-faire, la conduite de la mondialisation et le contrôle des activités économiques et financières.

Eriger la cohérence des politiques en priorité du G20.

  Un rééquilibrage entre institutions internationales

Revaloriser le rôle de l’OIT, de l’OMS, de la FAO ;

Promouvoir le principe de conditionnalité sociale, l’Agenda pour le travail décent et le Pacte mondial pour l’emploi ;

Confier à l’OIT un mandat permanent pour la mise en oeuvre de la cohérence sociale et un statut d’observateur auprès de l’OMC ;

Instaurer un processus formel de consultation des partenaires sociaux .

  Un « G20 de construction »

Consolider sa légitimité par l’octroi de sièges au profit de grandes circonscriptions régionales (Union africaine, ASEAN) ;

Obtenir des membres du G20 la ratification des conventions fondementales de l’OIT ;

Pérenniser la « ministérielle emploi G20 » ;

Organiser de véritables espaces de dialogue avec les sociétés civiles ;

Rendre la parole de l’UE plus cohérente et plus audible.

  Une vraie mobilisation sur l’environnement

Envoyer un signal politique fort en faveur d’une avancée des négociations sur le climat (Sommet de Durban) ;

Créer une Organisation internationale de l’environnement.

Agir pour plus de justice sociale

  Un socle de protection sociale

Instaurer dans chaque pays un meilleur accès à la santé, à l’eau, au logement, à l’alimentation et à l’éducation ;

Prendre des initiatives concrètes et ratifier la convention 102 de l’OIT

Examiner la faisabilité budgétaire en lien avec le FMI et la Banque mondiale.

  La sécurité alimentaire pour tous

Soutenir les programmes nationaux d’investissements dans l’agriculture familiale des pays en développement ;

Améliorer la connaissance et la transparence des marchés agricoles physiques, constituer des réserves nationales stratégiques et un système de solidarité et de transfert de produits alimentaires de base ;

Introduire plus de coordination et de cohérence entre organisations internationales.

  Une vraie impulsion pour un développement durable des pays pauvres

Favoriser la mise en place et le financement d’infrastructures et une meilleure insertion dans le commerce mondial ;

Respecter les engagements en faveur de l’aide publique au développement et instituer une taxe sur les transactions financières.

Restaurer la confiance des citoyens

  Une gouvernance économique et monétaire plus solide

Définir une liste plus complète d’indicateurs macroéconomiques et sociaux pour anticiper les déséquilibres ;

Fortifier l’assise du FMI et élargir son mandat ;

Faire évoluer le système monétaire international vers plus de stabilité;

Consolider les outils et les moyens de l’UE pour une défense active de sa monnaie et de ses intérêts.

  Plus de régulation pour une finance au service de l’économie réelle

Supprimer les produits financiers complexes sans intérêt pour l’économie réelle ;

Introduire plus de transparence sur les marchés des produits dérivés des matières premières et agricoles ;

Accélérer l’entrée en application du cadre prudentiel Bâle III ;

Créer une agence européenne de notation publique ;

Intensifier la lutte contre les paradis fiscaux, véritable fléau pour les pays pauvres.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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