Si la proportion de Français partant en vacances au moins une fois par an se situe au-dessus de la moyenne européenne, ce taux de départ ne progresse plus depuis près de dix ans. Pourtant, les bénéfices des vacances sont multiples tant sur le plan du bien-être, de l’autonomisation, du lien social, du soutien à la parentalité ou de lutte contre l’exclusion.

Alors que l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) définit les vacances comme un déplacement d’agrément d’au moins quatre nuits consécutives hors du domicile, un tiers des Français ne partira pas dans l’année. 3,5 millions ne partent jamais.

Les freins au départ en vacances son nombreux : les raisons financières sont sans surprise les premières évoquées par 37 % des Français, d’après
l’Eurobaromètre, contre 41 % des Européens (de 16 % en Belgique à 68 % en Hongrie). Au-delà des freins financiers (qui sont cités par 50 % des personnes lorsque plusieurs réponses sont possibles), une enquête réalisée par BVA en 2009 identifiait cinq autres raisons de ne pas partir :

pour causes personnelles (34 %), c’est-à-dire de santé et familiales (notamment afin de veiller un parent malade) ;

par choix délibéré (29 %);

du fait de l’isolement social (24 %) ;

pour contraintes professionnelles (23 %) ;

et enfin pour motifs organisationnels (15 %).

Par ailleurs, si les Français partent en plus forte proportion que la moyenne des Européens (avec 62 % contre 56 %), ce taux de départ ne progresse plus depuis près de dix ans malgré l’importance de l’effort public.

Selon le Credoc, les pratiques en matière de vacances évoluent vers un fractionnement des départs : les Français qui partent en vacances le font en moyenne plus fréquemment qu’auparavant (2,2 fois en 2004 contre 1,7 en 1979) mais pour des séjours moins longs (11,8 jours en 2004 contre 17,2 jours en 1979)(5).

Or, les bénéfices des vacances sont multiples tant sur le plan du bien-être personnel, de l’autonomisation, du lien social, du soutien à la parentalité ou de lutte contre l’exclusion. Les objectifs recherchés par les vacanciers sont:

de se reposer (30 %) ;

passer du temps avec leurs proches (25 %) ;

visiter (18 %) ;

profiter du soleil et de la plage (11%)

Pour leurs plus longues vacances en 2011, 57 % des Français prévoient de demeurer en France, 20 % de se rendre dans un autre pays européen et 23 % en dehors de l’Union européenne (à titre de comparaison, les Croates sont 86 % à rester dans leur pays, alors que les Allemands ne sont que 35 %).

On constate d’importantes variations en fonction du diplôme, du revenu, de l’âge et du lieu de résidence.Tout d’abord, les personnes sans diplôme ne sont que 32 % à être allées en vacances en 2010. En outre, le fait de gagner moins de 1 500 euros par mois diminue par 2,2 fois la probabilité de partir comparativement aux revenus supérieurs à 3 000 euros (35 % contre 78 %). Certaines professions bénéficient beaucoup moins de ces temps de répit, à l’image des agriculteurs.

Par ailleurs, les tranches d’âge qui partent le moins sont les 20-24 ans, car ils vivent souvent une période de transition professionnelle et familiale, et les plus de 70 ans, essentiellement en raison de problèmes de santé.

Quant aux enfants, ils sont 28 % à ne pas profiter de ces temps d’évasion, leur non-départ étant fortement corrélé à la situation socio-économique de leur famille. Les colonies de vacances, qui ont vu le jour à la fin du XIXe siècle, séduisent un public de moins en moins important : alors que 1,6 million d’enfants en profitaient en 1994, ils étaient moins d’un million en 2008. Cette désaffection des centres de vacances et de loisirs s’expliquerait en partie par leur coût, leur offre trop peu diversifiée et l’évolution des attentes des jeunes et des parents. Enfin, le lieu de résidence a une forte influence sur les départs en vacances.

Plus de la moitié des séjours sont ainsi effectués par les habitants des agglomérations de plus de 100 000 habitants. Cette forte proportion de citadins parmi les touristes est due non seulement au besoin de s’évader de leur environnement quotidien, mais aussi à la présence en ville d’une importante population de cadres et professions libérales à hauts revenus. Symétriquement, les personnes vivant à la campagne vont en moyenne moins en vacances.

Dès lors, quels sont les freins au départ que l’on peut identifier ? Comment optimiser et coordonner les aides financières existantes ? Au-delà des soutiens budgétaires, quelles actions restent à entreprendre pour favoriser l’accès aux vacances du plus grand nombre ?

Selon le Centre d’analyse stratégique qui a réalisé l’étude, pour qu’un plus grand nombre de Français puissent partir en vacances, plusieurs éléments prenant place dans une politique globale de soutien sont souhaitables :
:

• expliciter les objectifs et les moyens de l’ANCV l(Agence nationale pour les chèques-vacances) dans une convention la liant à l’État et articuler cette démarche avec la politique vacances de la branche Famille

• établir une cartographie des structures du tourisme social pratiquant des tarifs différenciés selon les revenus afin de les faire connaître du grand public et d’initier une réflexion sur leur devenir ;

• au niveau territorial, améliorer l’offre de services en termes d’aides et d’accompagnement par une meilleure coordination des acteurs. Celle-ci pourrait emprunter une forme plus ou moins intégrée : communication partagée, fonds communs de financement, schéma local de développement.

Il conviendrait en outre de développer en priorité des actions en direction de quatre publics cibles :

• pour les personnes n’étant jamais parties : fixer un objectif national ambitieux de premier départ invitant à mobiliser en ce sens les aides disponibles ;

• pour les jeunes : s’assurer qu’ils soient partis au moins une fois au sein de l’Union européenne avant leurs 20 ans. Développer à cet effet les programmes européens « Jeunesse en action » et « Sac ados » ;

• pour les personnes en situation de handicap : promouvoir et fluidifier le système d’échange de logements adaptés en labellisant les sites Internet qui leur sont dédiés ;

• pour les aidants familiaux : garantir la possibilité d’un départ annuel en vacances comme modalité du droit au répit.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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