G8, SIDA : Promesses brisées, enjeu historique

On peut mettre fin à l’épidémie de sida. Alors que s’ouvre le sommet du G8 à Deauville, nous, associations de lutte contre le sida, viendrons rappeler aux dirigeant-es des pays riches qu’ils peuvent mettre fin à la plus grande catastrophe sanitaire au monde. La semaine dernière, de nouveaux résultats scientifiques (1) sont venus à nouveau confirmer ce que toutes les récentes études tendaient à démontrer : la mise sous traitement des malades du sida réduit considérablement le risque de transmission. En fournissant un traitement aux séropositifs de la planète, on sauverait donc leurs vies, mais on mettrait aussi un terme à la pandémie qui ravage le monde depuis plus de trente ans.

Promesses trahies, morts par millions

En 2005, au sommet de Gleaneagles, les dirigeants du G8 s’étaient engagés à atteindre l’accès universel au traitement VIH d’ici 2010. Mais dans un rapport publié mercredi dernier (18 mai), le G8 avouait publiquement son échec. En page 32, les leaders des pays riches reconnaissent que l’engagement à l’accès universel pris en 2005 et réitéré en 2007, n’a pas du tout été atteint. Le rapport reconnaît même que les financements du G8 pour le sida patinent, et que ceux destinés à la lutte contre les trois pandémies (sida, tuberculose, paludisme, qui ensemble tuent plus de 10 000 personnes par jour) ont baissé depuis 2008.

Bref, en 2010, loin de l’accès universel promis, seul 1 malade du sida sur 3 a pu bénéficier d’un traitement anti-VIH. D’après l’OMS, 10 millions de malades étaient encore en attente de traitement au cours de l’année 2010. Et deux millions d’entre eux sont décédés au cours de l’année dernière. Ces chiffres dramatiques et ces promesses trahies prennent une dimension d’autant plus cynique que la fin de l’hécatombe est aujourd’hui possible. A condition de faire preuve de courage et volonté politique.

Agir

C’est maintenant que les dirigeant-es du G8 doivent agir. Chaque jour qui passe sans accès universel voit non seulement continuer l’hécatombe, mais aussi se répandre le virus. Ne pas agir aujourd’hui, c’est rendre d’autant plus coûteux l’effort qu’il faudra déployer demain pour enfin débarrasser la planète du sida.

Le G8 a encore la possibilité de concrétiser sonengagement pour l’accès universel. De nombreux outils existent pour lever les fonds nécessaires (taxe sur les transactions financières, sur le modèle de la taxe UNITAID déjà en place sur les billets d’avion), ainsi que pour abaisser les prix des traitements (soutien à la production de médicaments génériques, application des mécanismes dérogatoires aux monopoles de propriété intellectuelle). Surtout, les sommes requises sont dérisoires au regard des enjeux comme des capacités démontrées récemment par les États : mettre fin au plus grand fléau sanitaire de la planète coûterait à chaque pays du G8 0.05% de son PIB… soit vingt fois moins que les plans de sauvetage bancaire de 2008-2009.

Pour ce G8 2011, nos associations appellent Nicolas Sarkozy et ses homologues à prendre un engagement solennel : consacrer 0,05% de leur PIB pour atteindre au plus vite l’accès universel.

Car c’est le seul moyen d’éradiquer cette pandémie meurtrière.

Cette tragédie peut être arrêtée. Cette tragédie doit être arrêtée.

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