Nucléaire en crise, hausse du prix du gaz, du pétrole et de l’électricité… Le contexte sourit aux énergies renouvelables.

Les énergies dont la source est inépuisable, et qui n’émettent pas de gaz à effet de serre, forment ce qu’on appelle les énergies renouvelables. Issues de phénomènes naturels réguliers, elles sont utilisées par l’homme depuis la nuit des temps: bois de chauffage, traction animale, chute d’eau ou moulin à vent…

Même si elles ne représentent à l’heure actuelle qu’une petite partie des énergies primaires produites dans le monde, ces ressources dîtes aussi « de complément » sont immenses. On peut les classer en cinq familles principales : l’hydroélectricité, le solaire, l’éolien, la biomasse et la géothermie. Tout vient du soleil, l’énergie reine. Car c’est du solaire que dépendent le vent, l’eau et la plupart des éléments. Un seul dix millième d’énergie venant du soleil suffirait à répondre aux besoins de l’humanité entière. Le problème ?

A l’exception de la biomasse (l’énergie des plantes), les énergies renouvelables se distinguent par leurs caprices. Eh oui, le soleil ne brûle pas tous les jours. Le vent ne souffle pas de manière constante. L’hydroélectricité n’est pas sûre à cause des nappes phréatiques trop basses. En outre, bien que cela soit fourni naturellement par Dame Nature, les ressources renouvelables présentent souvent l’inconvénient d’une faible densité. Le prix à payer pour transformer le vent, les vagues, les marées, la chaleur de la terre, les plantes ou le soleil en énergie utile est plus onéreux que l’exploitation des énergies fossiles ou des énergies nucléaires. Elles doivent donc plutôt être transformées localement, là où la nature les délivre. On admet que ces énergies sont des énergies alternatives qui permettent de réduire la facture des énergies fossiles à condition de les utiliser là où elles s’avèrent efficaces. Il n’empêche. Même si elles restent largement minoritaires, les énergies renouvelables sont en plein boom. La plupart des pays prônent leur développement.

L’Europe a clairement affiché ses ambitions : produire 22 % de l’électricité à partir de sources renouvelables d’ici à 2020 (contre 7 % en 2008).
Le poids concret de ces différentes sources dans la production mondiale d’énergie est très varié : elles fournissent ensemble autour de 15 % de la consommation d’énergie primaire en 1998, dont 11,5 % pour la seule combustion de biomasse 2,3 % pour l’hydraulique, et seulement 1 % pour toutes les autres sources prises ensemble.

Une étude Ifop sur les énergies renouvelables, commandée par l’ Association française pour la qualité d’installation des systèmes à énergie renouvelable, Qualit’Enr, et publié récemment par le journal 20 Minutes montre qu’elles sont dans l’air du temps. Même si peu de ménages sont aujourd’hui équipés en pompe à chaleur (8% des foyers interrogés) ou en panneaux solaires (3%), un Français sur deux se dit prêt à franchir le pas. Parmi eux , 2/3 affirment que leur motivation est de «réaliser des économies».

«La catastrophe au Japon aura des conséquences , c’est certain, indique André Joffre, président l’association française pour la qualité d’installation des systèmes à énergie renouvelable, Qualit’Enr. En France nous allons prendre conscience que le nucléaire c’est bien, mais en être trop dépendant c’est dangereux.»

Seul problème le prix : 39% des sondés mettent le prix des installations comme premier frein à l’achat. «Pour une installation photovoltaïque moyenne, il faut compter 16.000 euros, admet André joffre. Le crédit d’impôt de 22 % permettra de se faire rembourser 3.000 euros, mais ne suffira pas. 60% des Français qui ont installé du photovoltaïque à leur domicile, sont ainsi obligés d’emprunter . La BPCE, qui place 25% des produits bancaires verts en France, indique que les encours de l’eco-prêt à taux zéro sont passés de 160 millions d’euros en 2009 à 450 millions d’euros en 2010.

Malgré les difficultés rencontrés par le photovoltaïque qui n’a pas gagné la confiance des consommateurs, « le panneau photovoltaïque reste un investissement intéressant, précise André Joffre. A condition que les tarifs ne changent pas à nouveau. Or le gouvernement s’est donné la possibilité de les revoir tous les trois mois.

Dans ce contexte d’incertitude, et de crise énergétique, les Français ne sont guère confiants. 79% d’entre eux, et 71% des personnes équipées d’installations en énergie renouvelable, pensent que leur facture énergétique va augmenter ces deux prochaines années.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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