Les équipes ou les groupes ont une forme d’intelligence collective, et celle-ci pourrait être mesurée, selon une étude menée aux Etats-Unis par la Carnegie-Mellon University, au sein du MIT.

L’intelligence d’une équipe a finalement peu à faire avec le QI des individus qui la compose ! Elle émergerait des interactions qui se font entre les membres . Voilà ce qui ressort d’une étude menée par les chercheurs de Carnegie-Mellon University, au sein du MIT, aux Etats-Unis.

Les performances d’un groupe ne seraient donc pas dues aux capacités individuelles de chacun des membres. Car le niveau maximum d’intelligence des individus formant un groupe ne présage pas de façon significative de la performance du groupe en tant que tel. “Avoir un éventail de gens intelligents dans un groupe ne veut pas dire qu’on a un groupe intelligent” explique Thomas S. Malone, qui a piloté cette étude au sein du MIT.

Cette étude a été menée auprès de 699 personnes réparties dans des groupes comprenant jusqu’à cinq personnes. Chacun des participants était équipé d’un badge électronique portable afin d’enregistrer les échanges entre les membres du groupe.
Les chercheurs ont mesuré l’intelligence des groupes à travers une série de tests, puzzles, jeux, et autres exercices de brainstorming. Certaines équipes se sont révélées plus performantes que d’autres. Ce qui a permis aux chercheurs de calculer des scores d’intelligences pour chaque groupe, et a permis d’établir ce que pourraient être leurs résultats sur des activités plus sophistiquées.

“Nous avons trouvé qu’il y avait une sorte d’efficacité, une intelligence collective du groupe qui permet d’appréhender les performances d’un groupe dans de nombreuses situations,” poursuit Thomas Malone. Pour les auteurs de cette étude, l’intelligence collective participe pour 30 à 40 % dans la variation de la performance.

Mais alors qu’est ce qui rend certains groupes plus intelligents –ou performants- que d’autres? L’analyse montre qu’il s’agit des groupes où le niveau de participation de chacun des membres est équivalent, dont les membres ont des niveaux de « sensibilité sociale » plus élevés, selon l’étude. Il faut souligner d’ailleurs que les groupes comprenant plus de femmes tendent à avoir une intelligence collective plus élevée. « Ce n’était pas un des objectifs de l’étude de montrer cette différence par genre, mais cela ressort parce qu’en général les femmes ont une « sensibilité sociale » plus développée » souligne Thomas Malone.

 » La «sensibilité sociale » est liée à la capacité des membres du groupe à percevoir les émotions des uns et des autres » explique Christopher Chabris, co-auteur de l’étude et professeur de psychologie à l’Union College de New York. « Ce facteur ajouté à un niveau de participation équivalent chez chacun des membres permet d’expliquer pourquoi les capacités cognitives du groupe peuvent dépasser la somme de celle de chacun des membres ».
Bref, l’ensemble est plus performant que la somme. Finalement lorsqu’une personne domine le groupe, celui-ci est moins collectivement intelligent que les groupes où les interventions des uns et des autres sont équilibrées.

Quelle application ce type de travaux peut trouver dans le monde du travail ou des affaires ? « Nous pensons qu’on peut améliorer l’intelligence du groupe en modifiant sa composition, ou en changeant le comportement des membres, en leur apprenant à améliorer leurs façons d’interagir ou de travailler avec des outils collaboratifs. Il faut aussi voir quel groupe peut fonctionner au mieux dans quelle situation » ,expliquent les auteurs. Evidemment, les implications ne seront pas les mêmes selon qu’il s’agit d’un groupe de jurés dans un tribunal ou d’une équipe de R&D dans une entreprise.

Dernier point, que dire alors de la «stupidité collective » sorte d’incapacité du groupe à tirer partie des capacités des membres du groupe , qui est le pendent de cette intelligence collective. Un champ à creuser pour la prochaine étude !