Créé en 2005, le microcrédit personnel se développe vite. Mais le nombre de prêts reste encore très faible au regard de la capacité de garantie du Fonds de cohésion sociale.

Le 27 avril 2010, l’Assemblée nationale adoptait en première lecture le projet de loi réformant le crédit à la consommation. Décision importante pour les 5 millions de Français actuellement exclus du système bancaire classique et susceptibles d’avoir recours au microcrédit personnel. Développé depuis 2005 avec la création du Fonds de cohésion sociale (FCS), le dispositif du microcrédit repose sur une méthode d’intermédiation qui met en relation des établissements bancaires, des travailleurs sociaux ou des bénévoles, membres de réseaux accompagnants.

14 millions d’euros entre 2006 et 2008

Depuis 2006, 11 519 prêts ont été accordés et leur nombre ne cesse de croître chaque année, avec une augmentation de 39% en 2009. Pour un taux de sinistralité des prêts qui ne dépasse pas 2,27 %. Entre 2006 et 2008, 6 400 crédits étaient octroyés, pour un montant global de 14 millions d’euros. Le microcrédit personnel progresse très fortement, c’est incontestable. Mais il porte sur un nombre d’opérations encore très faibles.

Le montant des prêts distribués est encore loin de saturer la capacité de garantie du FCS. Les réseaux bancaires pourraient octroyé cinq fois plus de prêts.

Le microcrédit personnel peut s’élever jusqu’à 3 000 euros – exceptionnellement jusqu’à 12 000 euros. Dans plus de 60% des cas, selon la Caisse des Dépôts et Consignations il sert à l’achat ou la réparation d’un véhicule nécessaire à la recherche d’un emploi ou à au déplacement domicile-travail.

Renforcer le dialogue banques/accompagnants

Si le modèle constitue sur le papier un levier non négligeable de citoyenneté économique et un élément clé d’insertion sociale et professionnelle, il ne va pas sans poser de questions. C’est justement pour prévenir les dérives d’un système encore expérimental que cinq réseaux accompagnants du secteur social se sont mobilisés pour jeter les bases d’un dialogue resserré avec les acteurs bancaires et notament la Fédération bancaire Française.
L’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS), la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), la Croix-Rouge française, le Comité National de Liaison des Régies de Quartier (CNLRQ) et l’Association Nationale des Directeurs de Mission Locale (ANDML) veulent ainsi « défendre leur vision d’un dispositif innovant et équitable pour les personnes exclues du système bancaire traditionnel».

Préserver l’accès pour les personnes les plus modestes

Petit à petit, le microcrédit personnel se construit, avec des normes de sécurité et des conditions d’accès qui se précisent. Les réseaux accompagnants préconisent notamment des garanties pour préserver l’accès aux personnes les plus modestes : taux d’intérêt modéré, absence de frais annexes et de caution personnelle, nécessité d’un accompagnement réalisé par un acteur social.

L’UNCCAS, la FNARS, la Croix-Rouge française, le CNLRQ et l’ANDML ont déjà œuvré pour que le fait d’être inscrit au Fichier des Incidents de remboursements des Crédits (FICP) ne constitue plus en soi un motif de refus d’accès à un microcrédit. Les bénéficiaires potentiels ne seront plus systématiquement pénalisés par une situation passée.

Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

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