Une enquête Ipsos / France Bleu* confirme, malgré la crise économique et l’émergence de discours écolo-sceptiques, l’importance accordée par les Français à la protection de l’environnement.

La sensibilisation des Français aux problèmes environnementaux et à leurs effets semble bien résister aux dernières polémiques (remise en cause du réchauffement climatique, taxe carbone) et plus largement à l’émergence récente de discours écolo-sceptiques.

 une large majorité de Français (69%) demeure ainsi inquiète face au changement climatique,

 contre seulement 31% qui déclarent le contraire.
La multiplication des catastrophes naturelles (séismes en Haïti, au Chili et en Chine, tempête en Vendée) contribue certainement à renforcer ce sentiment.

L’inquiétude est particulièrement marquée chez les jeunes générations

 79% chez les moins de 35 ans,

 les personnes les plus âgées étant en revanche plus partagées (53% d’inquiets, contre 46% qui ne le sont pas chez les 60 ans et plus).
Pour ces dernières, le fait d’avoir vécu par le passé d’autres situations climatiques exceptionnelles (vague de froid de l’hiver 1954, sécheresse de 1976, etc…) explique sans doute leur vision moins pessimiste.

L’écolo-scepticisme n’atteint pas les Français car la dégradation de l’environnement est une réalité vécue.
Si la protection de l’environnement est aujourd’hui une préoccupation bien ancrée dans l’opinion, c’est en partie parce que cette question a des conséquences tangibles sur le quotidien des Français.

 plus d’un tiers d’entre eux (36%) déclarent avoir déjà subi ou ressenti des gênes ou des troubles liés à la pollution atmosphérique.

 Logiquement, ce sont les habitants de l’agglomération parisienne (49%) qui sont le plus exposés.

Ce phénomène dépasse cependant largement les frontières des grandes villes et concerne l’ensemble du territoire français,

 y compris les zones rurales : en effet, 28% des personnes résidant dans des communes de moins de 2000 habitants font également le constat d’un impact négatif de la pollution sur leur santé.

La sensibilisation des Français à une démarche écologique se traduit par des gestes concrets au quotidien…
Interrogés sur les gestes respectueux de l’environnement qu’ils pratiquent naturellement au quotidien, les Français déclarent :

 massivement limiter le plus possible leur consommation d’eau (85%)

 et trier systématiquement ou presque leurs déchets ménagers (85%)

 Une large majorité d’entre eux dit également privilégier les produits respectueux de l’environnement (74%)

 ou encore ne pas laisser leurs appareils électriques en veille (68%).

 Des gestes plus contraignants en terme de confort tels que le fait de prendre la voiture le moins souvent possible (58%)

 ou de chauffer son logement à 19 degrés maximum (58%) sont un peu moins répandus.
Si ces scores, dans l’ensemble très élevés, sont certainement le reflet d’une « sur-déclaration » de la part des répondants (ces derniers ayant tendance à se montrer toujours plus vertueux dans leurs comportements qu’ils ne le sont vraiment), ils témoignent toutefois d’une prise de conscience bien réelle et de l’attachement des Français aux questions environnementales.
Soulignons enfin que les personnes les plus âgées, pourtant les moins inquiètes en ce qui concerne le changement climatique, font preuve ici d’un civisme plus marqué que leurs cadets, en pratiquant en moyenne 4,6 gestes sur les six testés, contre seulement 3,9 pour les jeunes de moins de 35 ans.

Les Français sont cependant favorables à une augmentation modérée des impôts pour la protection de l’environnement.
– 71% des Français considèrent que la protection de l’environnement doit être une priorité des pouvoirs publics même si cela se traduit par une augmentation modérée des impôts.

 Malgré la crise, environ un tiers d’entre eux (34%) sont même tout à fait d’accord avec cette proposition.

Assez logiquement, le soutien à cette mesure est plus marqué

 chez les personnes inquiètes face au changement climatique (77%)

 mais celles qui ne le sont pas partagent également l’avis majoritaire (57%).
Signalons tout de même que ces résultats reflètent un accord « de principe » de la part des Français. Une hausse des impôts à des fins environnementales, telle que la taxe carbone par exemple, ne peut être soutenue que si, dans ses modalités de mise en place, elle convainc de son utilité et de son caractère équitable.

Le solaire est de loin la source d’énergie renouvelable préférée des Français
Les Français ont tranché :

 plus de la moitié d’entre eux (53%) porteraient leur préférence sur le solaire s’ils décidaient d’utiliser une source d’énergie renouvelable pour le chauffage et l’eau chaude de leur foyer.

Ce type d’énergie, dont le développement déjà bien amorcé est aujourd’hui encouragé par différents dispositifs d’aide des pouvoirs publics, séduit en particulier :

 les publics jeunes (avec un pic à 62% chez les 15-19 ans),

 urbains (65% des habitants de l’agglomération parisienne)

 et du sud de la France (65% des personnes résidant dans le Sud-Ouest).

Loin derrière apparaît :

 le bois (18%, et 26% des habitants des communes rurales) dont le caractère environnemental semble susciter des interrogations,

 juste devant la géothermie (17%, dont 34% des cadres supérieurs, traditionnellement mieux informés), qui souffre sans doute d’un déficit de notoriété.

 Enfin, seulement 8% des Français portent leur choix sur l’énergie éolienne. La polémique autour de son efficacité réelle pour lutter contre le changement climatique semble avoir laissé des traces.

**Enquête réalisée par IPSOS les 14 et 15 mai derniers par téléphone sur un échantillon de 1010 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ENVIRONNEMENT, ETUDE

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