Les travaux sur la mémoire avancent à grand pas

Oublier les mauvais souvenirs

Les malades qui souffrent de stress post-traumatique pourraient bientôt voir leur calvaire cesser. Tout cela grâce aux travaux du laboratoire de neurobiologie de l’apprentissage de la mémoire et de la communication (CNRS-Orsay) sur l’amnésie sélective.

Les chercheurs de cette équipe, ont démontré chez le rat que le souvenir d’un évènement traumatique peut être effacé. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont dressé des rats à avoir peur à deux sons différents, en leur faisant écouter ces sons juste avant de leur envoyer une décharge sur les pattes. Le jour suivant, ils ont administré une drogue provoquant une amnésie des souvenirs rappelés en mémoire et ils leur ont refait entendre un seul des deux sons. Le lendemain. Ils ont rejoué les deux sons aux rats. Ceux qui avaient ingurgité la drogue n’avaient plus peur du son.

Ces bactéries qui ont de la mémoire

Bacillus Subtilis ! Ce n’est ni un légionnaire romain ni un médicament mais le nom d’une bactérie très spéciale. Sa particularité ? Elle est capable de stocker sur ses gènes des données numériques volumineuses pendant des lustres. C’est en s’inspirant de la mémoire génétique du code qui fixe les normes d’une espèce sur un très long terme que les chimistes japonais de l’université de Keio sont effet arrivés à un tel résultat.

Comparées aux disques durs, les bactéries ont l’avantage de la petitesse. Cela leur permet de conserver les informations en très grande quantité et en plusieurs endroits, et donc de diminuer leur risques de destruction à la suite des mutations génétiques. Cette forme de mémorisation offre la possibilité à des laboratoires d’archiver des données de propriété intellectuelle sur des organismes vivants génétiquement modifiés.

Pour réaliser cette prouesse, les chercheurs ont gravé sous forme cryptée sur une bactérie un bref message écrit en utilisant un procédé qui permettant de transcrire des données alphanumériques en éléments chimiques. Pour lire ce message, rien de plus simple, il suffit de comparer le génome normal de la bactérie et celui modifié, les différences révélant le message crypté.

Sans mémoire pas d’avenir

Le saviez-vous ? Quand on n’entretient pas la mémoire des choses passées, on éprouve plus de mal à imaginer le futur. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés récemment des chercheurs de l’Université de Washington à Saint-Louis.

« Dans notre vie quotidienne, nous passons plus de temps à projeter ce que nous aller faire demain qu’à nous rappeler ce qui s’est passé. Pourtant, on sait peu de choses sur comment se forment ces images mentales du futur », raconte Karl Szpunar, l’un des scientifiques. Pour lui, le processus de mémorisation et la constructions d’images mentales reposent sur les mêmes mécanismes.

Lors d’une expérience menée par Eleanor Maguire de l’Université College de Londres, cinq patients amnésiques souffrant d’un traumatisme ayant touché l’hippocampe (par où passe la mémoire explicite) ont eu les plus grandes difficultés à représenter des images détaillées et formant une suite, lorsqu’on leur a demandé de décrire des situations imaginées. Dépourvues d’éléments sensoriels, leurs images n’arrivaient pas à représenter une scène complète. Cette expérience jette une lumière nouvelle sur le rôle de l’hippocampe qui ne se limite pas à un simple enregistrement de souvenirs.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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Le Magazine, Sciences et société