Faire travailler son cerveau est essentiel pour lutter contre le vieillissement cérébral et les pathologies qui y sont liées comme la maladie d’Alzheimer.
Et face à une population de plus en plus âgée, la prévention dans ce domaine doit s’imposer comme un enjeu de santé publique. A horizon 2050, 115 millions de personnes seront concernées.

Une étude conduite par Tasnime Akbaraly et Claudine Berr, au sein de l’unité INSERM U888, dirigée par Karen Ritchie (1) a montré que les personnes âgées pratiquant régulièrement des activités de loisirs « stimulantes

intellectuellement » ont 50% de moins de risque de survenue de démence ou de maladie d’Alzheimer. Ainsi s’adonner aux mots croisés, jouer aux cartes, s’impliquer dans une association, pratiquer une activité artistique… sont des plus salutaires qu’on prend de l’âge.

Le cerveau est comme un muscle il faut l’entretenir régulièrement.

D’autant qu’un récent rapport du King’s College London suggère que le nombre de cas de ce type de pathologies pour les années à venir à été sous-estimé et d’avancer que plus de 115 millions de gens en souffriront dans le monde à horizon 2050. Un chiffre de 10% supérieur aux données établies en 2005. Le même rapport estime à 35 millions le nombre de cas dans le monde l’année prochaine, chiffre qui devrait doubler tous les 20 ans. Rappelant que l’investissement dans la recherche, les traitements, l’accompagnement restent bien insuffisants compte tenu de l’impact de ce phénomène sur la société, et aussi sur l’économie mondiale.

En l’occurrence les chercheurs de l’Inserm ont étudié les relations entre la pratique d’activités de loisirs chez les personnes âgées, la réserve cognitive et la survenue de démences. Leur terrain d’observation est issu des données de l’étude épidémiologique des Trois Cités, regroupant des personnes âgées de 65 ans et plus, étudiant les relations entre pathologies vasculaires et survenue de démences. C’est ainsi qu’ont été étudiés les modes de vie et les activités de loisirs pratiquées par les quelque 6000 participants (dans les villes de Dijon et Montpellier).

Ainsi, à travers cette étude quatre catégories d’activités ont pu être distinguées : les activités de loisirs stimulantes intellectuellement (s’adonner aux mots croisés, jouer aux cartes, s’impliquer dans la vie associative, se rendre au cinéma/théâtre, pratiquer une activité artistique) ; les activités de loisirs passives (télévision, musique, radio, tricot/couture) ; les activités de loisirs physiques (jardinage, bricolage, marche à pied) et les activités de loisirs sociales (recevoir ou être reçu par des amis/de la famille).

Les résultats des observations recueillies par les chercheurs mettent en évidence que les participants qui pratiquent au moins deux fois par semaine une activité de loisirs stimulante intellectuellement sont deux fois moins susceptibles de développer une démence ou une maladie d’Alzheimer, comparés aux participants pratiquant ces activités moins d’une fois par semaine.

Et ce indépendamment des autres catégories d’activités de loisirs mais aussi du niveau d’éducation, de la catégorie socioprofessionnelle, du sexe et des facteurs liés au mode de vie (tabac, alcool) ou à la santé. En revanche aucune réduction significative du risque de survenue de démence n’a été observée avec les autres catégories d’activités de loisirs (passives, physiques et sociales).

Cette association entre pratique régulière d’activités de loisirs intellectuelles et diminution du risque de démence vient apporter de l’eau au moulin des promoteurs de la pratique d’une certaine gymnastique cérébrale et devrait inciter l’univers de la santé à communiquer sur la nécessité de continuer à faire bouger ses neurones, et pas uniquement en faisant travailler sa mémoire de façon répétitive.

Mais en apprenant à mieux se servir de tous ses circuits neuronaux, en s’obligeant à se débarrasser de mauvaises procédures cérébrales pour en adopter de nouvelles mais aussi en gardant contact avec la société notamment au travers d’activités associatives qui supposent un certain engagement dans le partage avec autrui. Pas la peine de rester apeurés ou tétanisés par le spectre de l’Alzheimer, autant agir !

(1) Publié dans le journal Neurology (http://www.neurology.org/cgi/content/abstract/73/11/854)

Au sujet de Estelle Leroy

Estelle Leroy-Debiasi est journaliste professionnelle, Diplômée en Economie, ex rédactrice en chef du quotidien économique La Tribune. Elle contribue régulièrement au site ElCorreo, site de la diaspora latinoamericaine.

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