jpg_mag_11_paradis_fiscaux.jpg

Un monde qui tolère les paradis fiscaux, l’anonymat des sociétés offshore et le blanchiment de l’argent « hors-les-lois » dont se nourrissent le terrorisme ou d’autres formes de criminalité n’est pas un monde sûr.

jpg_mag_11_paradis_fiscaux.jpg

Et pourtant, la plupart des grandes entreprises des pays riches possèdent des filiales dans ces centres offshore où circule en toute quiétude l’argent de la drogue et des trafics en tous genres. Les grandes entreprises françaises n’échappent pas à la règle. Elles ont su bénéficier de la bienveillance politique monétaires laxiste des gouvernements concernés et profiter de l’opacité règnant en ce domaine
Avec pratiquement 1 500 filiales offshore, réparties sur près d’une trentaine de territoires, des Bermudes à la Suisse en passant par Malte et Panama et… le Royaume-Uni, toutes les entreprises françaises du CAC 40 sont présentes dans les pays offrant des services financiers de type « paradis fiscaux ».

C’est ce que révèle une enquête exclusive de la revue Alternatives Economiques, un des rares médias économiques à lever le voile sur l’indécence du capitalisme financier.

Avec son autorisation amicale nous publions ici ces éléments.

Enquête exclusive sur la présence des entreprises du CAC 40 dans les paradis fiscaux sur www.alternatives-economiques.fr

[[Pour consulter l’enquête complète, lire Alternatives Economiques du mois d’Avril 2009.]]

Investigation menée par Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint d’Alternatives Economiques.

Le secteur financier se révèle être le plus engagé dans les paradis fiscaux. BNP Paribas, le Crédit agricole et la Société générale disposent de 361 entités offshore. Si l’on y ajoute les Banques populaires, Dexia et la Banque postale (présente au Luxembourg), on atteint un total de 467 entreprises. Ce qui représente, en moyenne, 16 % des entreprises de ces six groupes.

Les banques françaises s’installent dans les centres financiers offshore pour faire fructifier discrètement et au moindre coût fiscal le patrimoine des personnes aisées, gérer les salaires des cadres à haut revenu en dehors du regard du fisc, accompagner les stratégies internationales des multinationales qui pratiquent « l’optimisation fiscale ».

Mais notre enquête montre aussi que toutes les banques françaises ne font pas appel aux paradis fiscaux avec la même ampleur. BNP Paribas est, de loin, le plus mauvais élève du secteur et du CAC 40. Pourquoi cette banque a-t-elle besoin d’une présence plus de trois fois plus importante que la Société générale dans ces territoires douteux ?

En dépit de contacts téléphoniques répétés, il ne nous a pas été possible d’obtenir de justifications. Une banque du secteur mutualiste comme les Banques populaires ne se distingue pas des autres : elle est même présente dans les îles Caïmans, à Malte et à Panama, dont la réputation est plus que sulfureuse.

Au-delà du secteur bancaire, notre enquête révèle que toutes les multinationales françaises sont implantées dans les paradis fiscaux. Les plus mauvais élèves étant (en valeur absolu comme en pourcentage) LVMH, Schneider, PPR, France Télécom, Danone, Pernod et Capgemini. Les entreprises françaises suivent la voie de leurs concurrentes : à partir des données de la Cnuced, on peut montrer qu’un tiers du stock d’investissements à l’étranger des multinationales se situe dans les paradis fiscaux.

Sept territoires offshore concentrent à eux seuls 90 % de la présence française : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suisse, le Luxembourg, Singapour, l’Irlande et Hongkong. La City de Londres confirme sa première place en la matière. Certes, toutes les entreprises françaises, y compris les banques, qui sont présentes à Londres ne le sont pas uniquement pour bénéficier des activités parasites de la finance britannique.

Mais le fait d’avoir 13 filiales pour EADS, 21 pour Peugeot (8 seulement pour Renault) ou encore 43 pour Schneider ne s’explique pas uniquement par la nécessité d’être présent sur le marché britannique. Créer une société écran à la City coûte aujourd’hui environ 250 euros. C’est aussi ce genre de services que viennent y chercher les multinationales de tous les pays pour y minimiser leurs impôts, gérer une partie des revenus de leurs dirigeants, etc.

LES ENTREPRISES FRANÇAISES DANS LES PARADIS FISCAUX

Le premier chiffre indique le Nombre de filiales dans les paradis fiscaux
Le second chiffre indique leur pourcentage par rapport au nombre total de sociétés dans le groupe

 BNP Paribas: 189… 23

 LVMH: 140… 24

 Schneider: 131… 22

 Crédit agricole: 115… 19

 PPR: 97…17

 Banque populaire: 90… 9

 France Telecom: 63… 24

 Société générale: 57… 17

  Lagardère: 55… 11

 Danone: 47… 23

 EADS: 46… 19

 Peugeot: 39… 11

 Carrefour: 32… 6

 Pernod: 32… 24

 Capgemini: 31… 24

 Unibail: 31… 20

 Axa: 28… 22

 Michelin: 27… 18

 Air liquide: 22… 8

 Essilor: 22… 10

 L’Oréal: 22… 9

 Bouygues: 18… 18

 Sanofi Aventis: 18… 14

 Renault: 16… 11

  Dexia: 15… 33

 Accor: 11… 11

 Lafarge: 11… 12

 Saint-Gobain: 11… 14

 GDF Suez: 9… 13

 EDF: 8… 12

 Veolia: 8… 7

 Alstom: 6… 15

 Alcaltel Lucent: 5… 14

 Vallourec: 5… 8

 Suez environnement: 4… 10

 Vivendi 4

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

SANTE

Etiquette(s)

,