En France, la formule « Home work, sweet work » concerne encore bien peu de monde. Environ 7% de la population active, (2% de salariés et 5% de télétravailleurs nomades), contre 13% en moyenne européenne.

C’est du moins le chiffre qu’a révélé le rapport du député de Lozère, Pierre Morel-à-Lhuissier, en 2006. Et pourtant, de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui, bien que conscients des limites de l’exercice (par exemple la difficulté à gérer une carrière au sein de l’entreprise), voient dans le télétravail une bonne façon d’allier efficacité (jusqu’à 30% de gain de productivité) et qualité de vie : Oubliées les heures de trajet en voiture ou dans les transports en commun entre la maison et le bureau.

Certains se rêvent même vivant au vert, loin des villes, tout en restant connectés à leur entreprise. Parmi les avantages fréquemment cités, le moindre coût de la vie, les horaires décalés, la plus grande autonomie. Alors, pourquoi si peu de succès ? Parce que qui dit télétravail, dit révolution en terme de management. Car il n’est pas facile d’imaginer de nouveaux outils d’évaluation du travail, reconnaît l’encadrement. En outre, qui dit télétravail, dit aussi compatibilité, voire simple existence d’un réseau.

Et là, le bon vieux principe de réalité hexagonal ressurgit : il faut bien l’admettre, trop souvent encore, sorti des villes et bourgs de France, pas de télétravail possible ! En Lozère, par exemple, dans le département de Pierre Morel, les habitants des petits villages ne bénéficient ni d’Internet à haut débit, ni même de réseau de téléphonie sans fil, c’est dire le chemin qui reste à parcourir pour entrer dans le XXIe siècle. Et pouvoir, enfin, espérer désenclaver le département le moins peuplé de France !

L’avantage écologique du télétravail n’est pas négligeable. Loin de là. Si l’on en croit l’étude que vient de publier le consortium CEA (Consumer Electronic Association) regroupant 2000 entreprises d’électronique grand public, les quelque 3,9 millions de télétravailleurs US travaillant au moins un jour par semaine chez eux économisent déjà, bon gré mal gré, 3,2 milliards de litres d’essence par an. Pas mal, dans un pays à l’urbanisme fondé sur le règne du tout voiture. Cela correspond à 14 millions de tonnes de rejet de CO2 en moins dans notre atmosphère, soit l’impact de 2 millions de voitures. Toujours d’après le CEA, le travail à la maison assisté par les TIC, permet également d’économiser de 9 à 14 milliards de kWh d’électricité par an, ce qui équivaut à la consommation d’un million de foyers étasuniens.

Le risque existe cependant qu’une systématisation de la formule du télétravail néglige l’importance primordiale de la socialisation que génère notre relation au travail.
concentration, relations plus fréquents mais plus brèves, isolement face à la prise de décision, risques décisionnels au moment d’un choix important, dérégulation des rythmes de travail. Il y aura obligation de faciliter les besoins psychologiques des employés. Lorsqu’il s’agit de décider et de conclure, il faut se voir, physiquement.