NOUS INTERPELLONS AUJOURD’HUI CHAQUE CANDIDAT POTENTIEL AUX ÉLECTIONS
PRÉSIDENTIELLES FRANÇAISES SUR SA TRÈS GRANDE RESPONSABILITÉ EN CE
MOMENT HISTORIQUE

Nous sommes particulièrement inquiets de l’absence de véritable projet
culturel dans les différents programmes des candidats aux élections
françaises. La France est le pays du monde occidental où, depuis la fin
de la deuxième guerre mondiale, un certain nombre de combats menés par
des acteurs de toutes sensibilités politiques, ont permis à un service
public de la culture assez exemplaire de se développer.

Ces outils culturels construits de haute lutte dans notre pays ne
doivent pas être abandonnés. Ils doivent au contraire servir de
courroie d’entraînement à une Europe qui ne se contente pas d’adopter
une attitude suiviste par rapport aux États-unis d’Amérique. Dans le
domaine de la démocratie culturelle et artistique, l’Europe porte des
valeurs fondamentales qu’elle doit plus que jamais mettre en avant et
notre pays doit être en première ligne. Jean Monnet le disait déjà,
rapporte-t-on : « si c’était à refaire, je commencerais par la culture
».

Il est essentiel aujourd’hui, face à une représentation européenne
principalement soumise aux exigences de la rentabilité et au
démantèlement programmé de nos services publics, de défendre avec force
des valeurs, des méthodes et des institutions, qui protègent la culture
et la circulation de l’art de l’emprise des critères marchands de
l’actuelle « mondialisation ».

La question de l’intermittence est essentielle – et il reviendra au
prochain gouvernement d’imposer une loi face au « contrat » cher à Mme
Parisot – mais aussi celle de la responsabilité de l’État central en
termes de politiques culturelles publiques, indépendamment de toute
ouverture à un secteur privé qui n’offre aucune garantie pour ce qui
est de l’intérêt général.

Si, dans cette période de transition périlleuse, nous ne manifestons
pas, au plus haut niveau de l’État, la volonté politique de prendre en
compte l’importance de l’art et de la culture comme outil de
civilisation, notre avenir commun est prévisible. Les valeurs
immatérielles portées par l’art et par la pensée, pivot de notre
identité historique commune, n’auront plus leur place dans une société
entièrement soumise au néolibéralisme. Il suffit d’analyser la place
des arts et de leur circulation dans l’Amérique de Georges Bush, la
Grande-Bretagne de Tony Blair ou l’Italie de l’ex-gouvernement
Berlusconi, pour en être convaincu.

Il faut aujourd’hui que les hommes et les femmes politiques qui
prétendent aux plus hautes charges de l’État sachent que dans ce
domaine leur responsabilité est immense et que nous attendons d’eux non
seulement des paroles, mais des actes et des moyens pour agir.

C’est autant du rôle européen et mondial de la France que du problème
crucial de la circulation culturelle et artistique dans les lieux de
relégation de notre société qu’il est ici question.

L’absence de prise en compte de cette question majeure de civilisation
nous mènerait à une perte de valeurs et à un affaiblissement
irrémédiable. Cette démission suicidaire nous rendrait incapables à
l’avenir de défendre un point de vue non-marchand dans le domaine de la
création et de l’esprit. Il est temps de prendre la mesure de cet
enjeu.

Pétition à signer sur le site de la revue.