21 mars 2006

Reconnaissance

Reconnaissance. Tel pourrait être le maître-mot des différentes actions dont la rue a été le théâtre ces dernières semaines et ces derniers mois. Telle une requête exposée à la société, parfois dans la violence, en tout cas dans la détermination.

Demande de reconnaissance des jeunes de banlieues qui veulent être considérés comme des citoyens à part entière de ce pays. Demande de reconnaissance des lycéens et étudiants pour accéder à l’emploi par les voies classiques sans être considérés comme des salariés de seconde zone.

Du reste, force est de constater qu’une certaine parentalité existe entre les deux mouvements. François Dubet, sociologue, s’exprimait en ces termes dans une interview publiée dans Le Monde le 18 mars dernier : « [La] révolte [des jeunes de banlieues] est la révolte sociale classique des « classes dangereuses », qui cassent et qui brûlent. Le mouvement anti-CPE est, au fond, dans les classes moyennes, la réplique de celui des banlieues. Ces deux mondes se méfient l’un de l’autre – les jeunes des banlieues estiment que les étudiants sont mieux traités qu’eux et les étudiants craignent que les casseurs des banlieues viennent gâcher leurs manifestations -, mais leurs angoisses sont très proches : certains sont déjà dehors, les autres ont peur de les rejoindre ».

Outre la violence qu’ils peuvent générer et la souffrance qu’ils sous-tendent, ces mouvements ont un mérite, et il est de taille : le débat qui s’organise, les actions qui se mettent en place, les solutions qui s’ébauchent… Preuve en est, concernant les banlieues, ces citoyens qui se rassemblent pour évoquer des alternatives ; une radio qui se mobilise durant toute une journée pour donner la parole à des jeunes de Seine-Saint-Denis

Tout autre statut, même reconnaissance demandée, celle des prostitués qui se sont rassemblés au sein d’un mouvement – les Putes – pour revendiquer le droit à exercer leur profession dans la légalité !

Autant de réalités différentes, mais un unique objet : exister et être reconnu par la société, non comme un poids ou une menace, mais comme une richesse…

Au sujet de Anne Dhoquois

Anne Dhoquois est journaliste indépendante, spécialisée dans les sujets "société". Elle travaille aussi bien en presse magazine que dans le domaine de l'édition (elle est l'auteur de plusieurs livres sur la banlieue, l'emploi des jeunes, la démocratie participative). Elle fut rédactrice en chef du site Internet Place Publique durant onze ans et assure aujourd'hui la coordination éditoriale de la plateforme web Banlieues Créatives.

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