15 février 2005

Je donne donc je suis

Article issu du site www.uniongenerosite.org, le portail de la collecte de fonds.

Donner pour retrouver un sens à sa vie. Telle est l’idée qui ressort de l’étude qualitative menée par WEI Opinion au lendemain de la catastrophe en Asie du Sud Est. Selon Alain Mergier, directeur de l’enquête*, la bulle de générosité sans précédent provoquée par le Tsunami est attenante d’une crise structurelle de notre société.

C’est au travers d’entretiens approfondis menés auprès de 25 personnes, nouveaux et anciens donateurs, que se dessinent les raisons de l’engouement général pour cette cause. Dans une société mue par la recherche du profit absolu, et où l’individu en mal de repères a le sentiment de n’avoir plus prise sur sa propre existence (licenciements massifs imputés à la mondialisation, terrorisme, sentiment d’insécurité grandissant…), l’acte de don viendrait ainsi colmater la perte de sens d’un monde qui nous dépasse.

Ni la culpabilité, ni le contexte des fêtes de Noël, ni même l’émergence des nouveaux médias qui se sont imposés dans la collecte de dons ne semblent suffisants à rendre compte de l’origine de ce phénomène inédit de mobilisation planétaire. La cause en est plus profonde, touchant à l’être entier de l’individu contemporain pris dans une histoire dont il peine à devenir le sujet, c’est-à-dire un individu agissant.

Dès lors, « les corps emportés comme des fétus de paille, des vies qui basculent brusquement de l’insouciance dans l’horreur, les familles qui chavirent dans la mort » renvoient à notre propre vulnérabilité, et par un glissement d’échelle ces images intraduisibles deviennent « la métaphore de cette impuissance que chacun ressent de plus en plus fort en lui-même ». Au fond, il s’agit moins d’aider les autres que de s’aider soi-même, et ce « besoin impérieux » de donner révèle en fait la nécessité imminente de sortir d’une micro-crise existentielle.

Altruisme ou égoïsme ? Pur désintéressement ou vulgaire utilitarisme ? Les paradoxes fondamentaux du don viennent se résoudre dans cette expérience où la fusion collective de la solidarité ne suppose plus la dissolution de l’individu, mais au contraire, son édification au rang de sujet.

* Pour en lire la synthèse détaillée, voir sur le site www.nonprofit.tbwa-corporate.com