Dans son contrat de mandature, Bertrand Delanoë, maire de Paris, avait prévu d’accorder une place importante au développement de la citoyenneté et de la démocratie locale. De nombreux « outils » ont été mis en place (1). Créer une maison des associations dans chaque arrondissement de Paris répondait également à cet objectif ; la réalisation en a été confiée à Marie-Pierre de la Gontrie et à son équipe. Tour d’horizon du chantier…

Inauguration par Marie-Pierre de la Gontrie de la Maison des associations du 7è arrondissement de Paris.
Le 15 janvier dernier, la 7e Maison des associations (MDA) était inaugurée par Marie Pierre de la Gontrie (voir photo ci-dessus), adjointe au maire de Paris chargée de la démocratie locale et des relations avec les associations, et le Maire de l’arrondissement, Monsieur DUMONT, dans le 7e arrondissement de Paris.

Le concept n’est pas nouveau au regard du nombre de MDA en France (environ une vingtaine, regroupée en Réseau National des Maisons des Associations (2)). Avant l’arrivée à l’Hôtel de ville de Bertrand Delanoë, seule une MDA centrale informait les Parisiens des activités associatives sportives, culturelles, de loisirs de la capitale… Paris va donc combler ses 20 ans de retard en mettant en place une MDA dans chaque arrondissement d’ici à 2007.

MDA, mode d’emploi

Les Maisons des Associations sont définies sur le site de la Mairie de Paris comme « des lieux destinés à faciliter la vie quotidienne des associations en leur offrant un espace convivial qui leur permette d’être domiciliées, de se réunir, de faire des photocopies, d’accéder à des ordinateurs bien équipés avec accès à Internet gratuit, et de participer à la vie de l’arrondissement en rencontrant d’autres associations ».

A l’origine du projet : le besoin bien réel des associations en termes de locaux pour organiser des réunions, de bureaux pour mener des entretiens, de bureautique – fax, ordinateurs, accès à Internet, coûteux quand on démarre -, de domiciliation pour recevoir les premiers courriers. « La capitale accueillant un nombre considérable d’associations locales, parisiennes, nationales ou internationales (au total, plusieurs dizaines de milliers sont actives), et que la vie associative est un pilier essentiel de notre démocratie, il nous a semblé indispensable de faciliter la vie des associations », explique Marie-Pierre de la Gontrie.

Et les associations confirment : « C’est un bon tremplin d’avoir un lieu pour recevoir les gens. Ça a été salutaire pour nous poser, pour démarrer, et cela nous a donné une crédibilité par rapport à nos partenaires », admet la responsable d’une association qui a bénéficié des services d’une MDA pendant un an. Son regret : ne pas pouvoir disposer d’un bureau à plein temps. « Quand notre activité a pris de l’ampleur, on aurait eu besoin de développer la structure et de s’installer dans un lieu ; on n’a pas pu le faire par manque de moyens, les bailleurs veulent des garanties, c’est bien dommage », poursuit-elle.

Les problèmes de locaux sont tels sur Paris que la Mairie négocie avec les structures privées, pour que les salles soient accessibles à moindre coût pour les petites associations. Au FIAP (3), par exemple, les réductions pour les associations parisiennes vont jusqu’à 80% du prix, selon la durée de la location, la taille de la salle et l’activité de l’association.

A l’origine des MDA, il s’agissait aussi de clarifier les liens entre la Ville et les associations. Selon Marie-Pierre de la Gontrie, « la création des Maisons des Associations répond aussi à cette ambition en garantissant aux associations un égal accès à ces nouveaux services. Donner des moyens à toutes les associations, faciliter leur vie quotidienne, leur permettre de se faire connaître avec le réseau d’affichage gratuit que la municipalité leur offre, tels sont les instruments les plus efficaces de l’indépendance de chacun et de la visibilité de tous ».

De véritables centres de ressources

S’il existe pour les MDA un « cahier des charges minimum », les responsables de ces lieux déploient des trésors d’ingéniosité pour répondre à d’autres besoins spécifiques individuels ou collectifs des associations : soutien au montage de projet, comptabilité associative, mais aussi valorisation des dynamiques mises en place sur des quartiers, mise en lien avec d’autres associations, mutualisation non seulement de moyens mais aussi de compétences.

D’où la nécessité de constituer le réseau, de le faire vivre, et de fédérer les énergies pour que la dynamique associative d’un arrondissement ou d’un quartier puisse être portée et entretenue par les associations elles-mêmes. « Avec un objectif, explique Stéphanie Véron, responsable de la MDA du 20e, c’est que le développement du lien entre les associations, la valorisation des énergies et de la richesse associative aient des retombées sur le 20e ». Etre en phase avec les besoins des associations devient donc une priorité.

Sur le 20e, un questionnaire a permis de repérer ces besoins et d’y répondre. Les demandes les plus fréquentes étaient de l’ordre du soutien au financement et de la mise en réseau. D’autres outils ont également été proposés telles que les journées « multifonction » : un représentant de la Préfecture, de l’URSAFF et un expert comptable accompagnent les premiers pas de responsables associatifs.

Dans le 19e, le responsable de la MDA, Stéphane Alexandre, expose ses nombreux projets en cours : un annuaire des associations du 19e, la gestion d’un point ressources  » bénévolat  » pour que l’offre et la demande se rencontrent, la réalisation d’un guide du responsable associatif du 19e, un bulletin mensuel à l’intention des associations…

Autant d’initiatives qui circuleront dans le réseau parisien des MDA. La Mairie centrale réunit périodiquement ses MDA, mais les directeurs, animateurs et agents d’accueil qui y travaillent forment un réseau informel qui communique largement, échangeant des informations chaque fois que nécessaire.

Des partenaires nombreux

Les MDA sont des équipements de proximité, ce qui signifie qu’elles sont globalement gérées par la Ville de Paris, mais que les mairies d’arrondissement ont un droit de regard sur la gestion. Dans le meilleur des cas, ce droit est vécu comme un soutien. La mairie d’arrondissement peut offrir les fournitures si nécessaires et d’autres dépenses éventuelles non prévues par la mairie centrale. Le gestionnaire de proximité est donc aussi vécu comme un interlocuteur de proximité.

Par ailleurs, les MDA étant conçues comme des lieux de mutualisation des compétences associatives, ces partenaires sont nombreux. C’est le cas des points d’appui à la vie associative (Service 18, Projet 19, Actions 20e, AGECA, ADDEL, ABC, ADE 10 (4)), qui proposent de l’ingénierie associative (montage de projet, création d’association, recherche de financement…), des équipes de développement local Politique de la ville, des CICA (5) et autres professionnels (animateurs de centres sociaux, comptables, informaticiens) sollicités par ces équipements pour apporter conseil, information, savoir faire aux associations demandeuses.

Marie-Pierre de la Gontrie considère que « le partenariat est naturel car ces différents acteurs sont totalement complémentaires. Ainsi, les points d’appui à la vie associative assurent parfois des permanences dans les Maisons des Associations. Qui plus est, l’activité de ces outils au service des associations montre qu’il n’y a pas de risque de concurrence, ce qui est plutôt bon signe pour la vitalité associative à Paris ! ».

Les points d’appui, malgré la disparition du réseau national qui les fédérait, reprendraient de la vigueur. La ville y est probablement pour quelque chose puisqu’elle a passé une convention cadre pluriannuelle avec l’ensemble des points d’appuis à Paris pour faciliter leur développement dans la durée.

Ce n’est qu’un début…

Même si les locaux des MDA visités restent encore un peu vides à certaines heures de la journée, les MDA affichent leur satisfaction : des contacts avec les centaines d’associations de leur arrondissement, des dizaines d’associations domiciliées, des plannings d’occupation des salles remplis longtemps à l’avance, en particulier dans le 13e, qui est la plus ancienne des MDA parisiennes.

La ville a engagé ce chantier dès 2001, les ouvertures de MDA sont programmées jusqu’en 2007. Au-delà de ces équipements, il est prévu de créer un Centre parisien de la vie associative, qui donnera sans doute une plus grande cohérence, une visibilité plus forte et donc un nouvelle dynamique à la vie associative à Paris.

Reste qu’on ne mesure pas encore bien les retombées de ces innovations sur la participation des habitants à la vie associative de leur quartier. La mairie de Paris n’évoque pas de projet d’évaluation, mais un observatoire fonctionne qui rend régulièrement des rapports, et qui montre comment sont investis les conseils de quartier et autres instances de démocratie participative mises en place depuis 4 ans… Malgré une communication importante de la Mairie, les conclusions de ces travaux ne sont pas forcément bien connues des Parisiens. Les efforts porteront probablement leurs fruits sur le long terme, les processus sont lents et souterrains. Rome ne s’est pas construite en un jour…


(1) Les instances de développement de la démocratie participative les plus connues :

 121 conseils de quartier sur les 20 arrondissements

 1 conseil de la jeunesse par arrondissement

 1 comité d’initiative et de consultation d’arrondissement (CICA) par arrondissement

 Le Conseil de la citoyenneté des Parisiens non communautaires

 Le conseil de la vie étudiante

 Le conseil parisien de la jeunesse

(2) Pour contacter le Réseau national des Maisons des associations : Marie Rouxel, AGLCA Maison de la vie associative – 2, bd Irène-Joliot-Curie – 01006 Bourg-en-Bresse cedex. Tél. 04 74 23 29 43 – Fax : 04 74 23 65 26. Mel : mrouxel.aglca@wanadoo.fr

(3) FIAP Jean Monnet : 30, rue Cabanis – 75014. 20 salles. Réservation au 01 43 13 17 17.

(4) Liste complète sur le site de la Délégation à la vie associative de la Préfecture de Paris : www.paris.pref.gouv.fr. Sur les points d’appui à la vie associative, lire : www.place-publique.fr/mag/magspip/breve.php3?id_breve=18

(5) Mis en place par la loi de décentralisation de 1982, le CICA (Comité d’Initiative et de Consultation d’Arrondissement) permet de faire participer les associations à la vie municipale. Outil de consultation, il doit être aussi un lieu d’implication et de mise en commun du travail et de l’expérience des associations.


Quelques adresses


  MDA du 3e arrondissement

5 rue Perrée, 75003 Paris

Métro : Temple

Téléphone : 01 53 01 76 94

Fax : 01 53 01 76 95

E-mail : maison.asso.03@paris.fr

  MDA du 7e arrondissement

4, rue Amélie, 75007

Téléphone : 01 53 59 44 90

Fax : 01 45 50 22 86

E-mail : maison.asso.07@paris.fr

  MDA du 12e arrondissement

Ancienne Gare de Reuilly

181, avenue Daumesnil, 75012 Paris

Téléphone : 01 53 33 51 20

Fax : 01 53 33 51 21

E-mail : maison.asso.12@paris.fr

  MDA du 13e arrondissement

11 rue Caillaux, 75013 Paris

Métro : Maison Blanche

Tél : 01 56 61 77 60

Fax : 01 56 61 77 66

E-mail : maison.asso.13@paris.fr

  MDA du 18e arrondissement

15 passage Ramey, 75018 Paris

Métro : Jules Joffrin ou Marcadet-Poissonniers

Tél : 01 42 23 20 20

Fax : 01 55 79 01 36

E-mail : maison.asso.18@paris.fr

  MDA du 19e arrondissement

20 rue Edouard Pailleron, 75019 Paris

Métro Bolivar ou Jaurès

Tél. : 01 53 72 89 10

Fax : 01 42 01 09 68

  MDA du 20e arrondissement

1-3 rue Frédérick Lemaître – Annexe au 68 rue des Rigoles, 75020 Paris

Métro : Jourdain

Tél. : 01 40 33 33 61

Fax : 01 40 33 33 70

E-mail : maison.asso.20@paris.fr

Les associations dont les arrondissements ne sont pas encore dotés de Maison des Associations peuvent s’adresser à la Sous-direction de la vie associative qui les informe et les accueille à :




l’Espace Associatif Parisien

32, quai des Célestins – 75003 (3e étage)

M° Pont Marie ou Saint-Paul

Tél : 01 42 76 73 47

Fax : 01 42 76 73 35

E-mail : eap@paris.fr

L’EAP offre essentiellement deux services aux associations : une documentation avec l’aide d’un documentaliste spécialisé dans la vie associative, et des formations sur 5 grands thèmes : développement de l’association, gestion financière et comptable, gestion des ressources humaines, connaissance des partenaires institutionnels et financiers, communication.

Par ailleurs, l’EAP propose de l’information concernant la recherche de salles à louer ponctuellement, et sur les conditions générales de l’affichage associatif à Paris (comment faire connaître son association, lancer un appel à bénévoles, passer une annonce, en utilisant les outils de communication de la Ville).



Les MDA aujourd’hui et demain

Sept MDA ont déjà ouvert leurs portes dans le 13e, le 12e, le 18e, le 19e, le 20e, le 3e et le 7e. Les prochaines officiellement annoncées seront inaugurées dans le 9e avant fin novembre 2005 et en 2006 dans le 16e, le 14e, le 10e et le 11e arrondissement de Paris.

  MDA du 9e arrondissement : 35, rue Victor Massé

  MDA du 10e arrondissement : 206, quai de Valmy

  MDA du 11e arrondissement : 8, rue du Général Renault

  MDA du 14e arrondissement : La Bélière – 76, rue Daguerre

  MDA du 16e arrondissement : 16, avenue René Boylesve





Un interlocuteur à la Mairie de Paris

La nouvelle Direction de la Décentralisation, des Relations avec les Associations, les Territoires et les Citoyens (DDRATC), a pour mission :



 d’animer et de coordonner les relations entre la Mairie de Paris et les Mairies d’arrondissement ;

 de favoriser le développement de la vie associative parisienne et de veiller à l’application de la politique de concertation et de développement de la vie locale ;

 d’assurer la coordination des actions de coopération de la Ville avec l’ensemble des collectivités locales partenaires.

Elle devrait être dotée de 88 postes budgétaires pour remplir convenablement cette mission essentielle. Le budget d’investissement de la Direction s’élève pour l’exercice 2002 à 5,1 M€, soit une multiplication par cinq par rapport à l’exercice 2001. Son budget de fonctionnement s’élève pour l’exercice 2002 à 6,7 M€, soit une progression de 47,3 % par rapport à l’exercice 2001. Ce changement d’échelle traduit la prise en compte financière des nouvelles missions de cette structure ainsi que le renforcement de ses moyens.