par Pierre Le Roy, ancien élève de l’ENA et haut fonctionnaire est spécialiste des questions agricoles. Auteur de « L’histoire de l’agriculture française, de 1867 à nos jours » (SAF-agr’iDées. 2016) il a crée l’indice du bonheur mondial (globeco.fr).

La France décroche face à son voisin allemand. Sujet central des dernières campagnes électorales du printemps en France, il trouve son explication dans une analyse d’un certains nombre de critères objectifs – paix et sécurité ; liberté, droits de la personne humaine ; qualité de la vie, santé, culture…- retenus dans l’indicateur du bonheur que j’établis depuis 2000. Ils n’indiquent pas que les Français soient – ou se sentent – plus malheureux que leurs voisins d’outre-Rhin (cette opinion est appréciée par les sondages) mais que les conditions facilitant leur bonheur sont moins favorables.

Le dernier classement portant sur 60 pays, représentant 90 % du PIB global et de la population mondiale, est cruel pour la France qui pointe à la 16 ème place quand l’Allemagne se situe au 4ème rang.

Le seul domaine important où la France (5ème) devance l’Allemagne (12ème) est l’espérance de vie à la naissance ; mais, pour tous les autres critères, c’est l’inverse. L’exemple le plus souvent cité est celui du chômage, mais ce n’est pas le seul : qu’il s’agisse du nombre de morts violentes calculé par l’OMS, du niveau de formation calculé par l’UNESCO, du risque-pays publié par la COFACE, du « global Peace Index » présenté par « The Economist », du niveau de corruption évalué par Transparency International, des inégalités de revenus mesurées par le coefficient de GINI et même du nombre de suicides, des inégalités hommes- femmes ou de la liberté de la presse,  l’Allemagne est constamment devant nous, et même souvent loin devant !

Ce n’est pas tout : non seulement nous sommes en retard, mais ce retard s’accentue : nous étions pratiquement à égalité avec l’Allemagne en 2008 dans le classement général ; nous avons aujourd’hui 12 places de retard. Le meilleur exemple de la progression de l’Allemagne et de notre recul relatif est celui de l’évolution du PIB par tête : nous étions, comme l’Allemagne, à 25 000 dollars – PPA   il y a 10 ans ; aujourd’hui (2015), nous sommes à 42 000 dollars et l’Allemagne à 49 000 … Il est tentant d’expliquer la « remontada »  de l’Allemagne depuis 1O ans  par les réformes « Schröder » des années 2000 – 2005, réformes qui ont permis à l’Allemagne d’évoluer favorablement, et que nous n’avons pas faites. Résultat : non seulement nous décrochons par rapport à l’Allemagne, mais tous les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest sont devant nous dans le classement général et, bientôt, ce sont les Tchèques qui nous devanceront …