Jean-Louis Lemarchand

« La demande d’une Assemblée Nationale qui serait le miroir de la société s’exprime de plus en plus souvent », constate l’actuel président de l’Assemblée, Claude
Bartolone. Ainsi débutait notre chronique publiée en février dernier consacrée à l’analyse sociologique de l’Assemblée Nationale dont la mandature s’achevait. Claude Bartolone n’est plus au « perchoir » du Palais Bourbon, ni même sur les rangs du PS ayant choisi de mettre fin à son parcours parlementaire, mais son point de vue pourrait être reproduit à l’identique pour la « cuvée 2017 » issue des élections
législatives du printemps.

Ce n’est un secret pour personne. Le « dégagisme » et le « jeunisme » ont payé dans les urnes et l’Assemblée Nationale compte seulement 25 % de députés ayant déjà exercé la fonction lors de la précédente législature (2012-2017). Le renouvellement est bien là et la preuve en est donnée par le groupe En Marche où siègent 169 élus –sur un total de 308- soit plus d’un sur deux, n’ayant jamais exercé le moindre mandat. A mouvement nouveau-né (fondé le 6 avril 2016), représentation
néophyte ! Sans expérience politique mais pas sans diplôme. Près des deux tiers (65,6 %) appartiennent à la catégorie socio-professionnelle des cadres ou professions intellectuelles . Seul le Parti Socialiste –ce qui ne manque pas de sel- affiche un « meilleur score » avec un score de 70 %. Selon ce critère, la formation de Jean-Luc Mélenchon se révèle la plus « populaire » avec 41,2 % (29,4 % issus de la  catégorie employés), devançant sensiblement Les Républicains (49,1 %). Reste que cette assemblée fortement diplômée est bien loin de la moyenne française, moins de 10 % de nos concitoyens sont « bac + 2 ».

Une satisfaction tout de même pour un critère longtemps discriminant dans le monde politique français : la féminisation. Il est vrai que la loi impose aux partis -sous peine de sanctions financières- de respecter la stricte parité femmes-hommes dans les candidatures. (Obligation parfois tournée par la présentation de candidates dans des
circonscriptions difficiles à gagner). Elles sont aujourd’hui 223 à siéger dans l’hémicycle soit près de 40 % du total (577). Le progrès est indéniable par rapport à la précédente législature (155 soit 27 %) et remarquable sur la durée (elles n’étaient que 8 en 1958, 36 en 1981 et 107 en 2007). La France se rapproche ainsi pour la féminisation de son Assemblée des meilleurs élèves de l’Europe, la Suède (44,6 %) et l’Islande (47,6 %).

Certains auraient même évoqué la possibilité de l’élection à la présidence de l’Assemblée. Mais encore fallait-il que ce ne soit pas seulement un symbole. Ce fut le sentiment exprimé par Barbara Pompili, élue écologiste ayant rejoint le mouvement d’Emmanuel Macron. La compétence fut le seul critère déterminant dans le choix de notre candidat- d’ailleurs élu au « perchoir »- François de Rugy, avança-t- elle. Et de préciser : lui préférer une femme au seul motif du féminisme, n’aurait-ce pas été une manifestation de « sexisme » ? Dans l’histoire du parlementarisme, Simone Veil reste donc à ce jour la seule française à avoir présidé une assemblée parlementaire.

C’était en 1979 et au Parlement européen.

Au sujet de Jean-Louis Lemarchand

Journaliste économique ayant effectué sa carrière dans la presse écrite (AFP, Les Echos, l’Express, La Tribune, La Revue de l’Energie) et la presse d’entreprise (Vivendi-Universal, Caisse d’Epargne), auteur (en collaboration) d’ouvrages sur l’énergie (Biocarburants ; 5 questions qui dérangent ; Le dernier siècle du pétrole : la vérité sur les réserves mondiales, tous deux aux Editions Technip).

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