Chronique de Pierre Leroy

Cela fait douze ans que la République tchèque a adhéré à l’Union européenne. Ce pays ne fait pas beaucoup parler de lui. C’est dommage, car son parcours est très intéressant : selon la moyenne des  critères de l’indice du bonheur mondial de GLOBECO, la République tchèque (14ème  sur 60 pays classés)  vient de passer devant la France qui est 15ème !
Ce n’est pas le cas pour le PIB par tête. Selon la Banque Mondiale, les tchèques ont un PIB par tête, en parité de pouvoir d’achat, de près de 32 000 dollars contre près de 42 000 dollars pour la France.

Par contre, dans beaucoup d’autres domaines, les Tchèques devancent la France. C’est le cas, par exemple :

→ pour les inégalités internes. Le coefficient de GINI, qui mesure les inégalités de revenus à l’intérieur d’un pays, indique que la République tchèque est l’un des pays où ces inégalités sont les plus faibles. Ce coefficient est à 25 en République tchèque et à 33 en France (plus le coefficient est élevé et plus les inégalités sont fortes) ;

→ pour le coefficient de paix et de sécurité, publié par The Economist et par le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) : selon ce critère, appelé « Global Peace Index », la République tchèque est 9ème sur 60 pays, au même niveau que la Suède et la Norvège, alors que la France est 26ème ;

→ ce classement est confirmé par celui qui concerne les « morts violentes ». Selon l’OMS, qui publie périodiquement ce type de données, la République tchèque souffre de  six fois moins de morts violentes par habitant que la France ;
– pour la liberté de la presse, selon le Think Tank américain Freedom House, la République tchèque devance la France de trois places ;

→ pour la formation des jeunes, mesuré par les Nations-Unies (durée moyenne de scolarisation) et par l’UNESCO (Taux d’accès à l’enseignement supérieur), la République tchèque est 17ème  sur 60 et la France 27ème.

Résultat : alors que la République tchèque, avant son adhésion à l’Union Européenne, était 25ème dans le classement général de GLOBECO, elle a progressé régulièrement, gagnant une place par an.  Du coup, on peut se  demander si, après avoir dépassé la France, elle ne parviendra pas à devancer demain la Grande Bretagne, qui est 13ème, ainsi que la Belgique, qui est 12ème, et peut-être même l’Allemagne, qui est 11ème !

Cette évolution favorable prouve en tout cas que l’Union Européenne, qui a bien des défauts, a aussi des qualités. Quelle différence avec l’ALENA, zone de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique : alors que l’Union européenne, grâce à ses politiques communes (Politique agricole et politique de développement régional) réussit à favoriser le développement des nouveaux pays-membres, tel n’est pas le cas d’une zone de libre-échange : le Mexique n’a pratiquement pas bénéficié de l’ALENA et, pour couronner le tout, le nouveau président américain veut construire un mur entre les deux pays. C’est le moment de rappeler l’affirmation de Deng Xiao Ping : « On ne développe pas  un pays en fermant ses portes  et ses fenêtres ». La Chine donnant des leçons de libéralisme économique aux Etats-Unis, et peut-être aussi à quelques dirigeants français et européens : les temps changent !