Une étude internationale réalisée par Forum Vies Mobiles
sur les « Aspirations liées à la mobilité et aux modes de vie » montre :
Un désir de rupture avec les modes de vie contemporains
Le principal enseignement est qu’aux quatre coins du monde, les gens souhaitent une rupture dans leurs modes de vie. Ils aspirent à plus de proximité et à ralentir.

 78% des personnes interrogées aspirent à ralentir leur rythme de vie

 90% souhaitent consacrer plus de temps à leurs proches ainsi qu’à eux-mêmes

On constate parallèlement que :

 Si 56% attendent une meilleure offre de systèmes de déplacement qui rende les déplacements plus efficaces et confortables ;

 Ils sont 44% à vouloir une réduction de leurs déplacements par la proximité. Cette tendance, très largement accentuée dans un contexte de mobilisation collective face au défi environnemental, atteindrait 75%.

Le Forum Vies Mobiles (Institut de recherche et d’échanges sur la mobilité créé par SNCF) a fait réaliser par L’ObSoCo (L’Observatoire Société et Consommation) une étude sur les aspirations liées à la mobilité et aux modes de vie. Cette étude a été menée fin 2015, dans 6 pays : France, Espagne, Allemagne, Etats-Unis, Japon, et Turquie, auprès de plus de 12 000 personnes.
De façon à saisir pleinement les aspirations, l’enquête plaçait les personnes interrogées dans une double perspective.:

 se projeter dans le futur (celui de ses enfants et de ses petits-enfants)

 se placer dans des conditions idéales (débarrassées des contraintes, comme si l’on avait une « baguette magique »)
Une deuxième série de questions testait les aspirations pour ces vies idéales à l’aune des enjeux environnementaux.

1 / Proximité et ralentissement : des aspirations qui s’imposent

À l’opposé des modes de vie actuels, le ralentissement des rythmes de vie constitue un élément essentiel pour accéder à la vie idéale :

 74% des répondants estiment que le rythme de vie dans la société actuelle est trop rapide (80% en France, Allemagne, Espagne, USA) ;

 78% souhaitent personnellement ralentir (82 % en France). ;

 50% indiquent manquer de temps actuellement pour faire ce qu’ils veulent ou doivent faire (60% en France).

Réorganiser leur rythme de vie pour quoi faire ?

 90% pour accorder plus de temps à leurs proches (48% « très important » ; 42% « assez important ») ;

 89% pour s’accorder plus de temps à soi-même (43% « très important » ; 46% « assez important »).

Concernant les déplacements,

 31% jugent « très important » de passer moins de temps dans les transports (33% en France),

 lorsque le temps de trajet est actuellement supérieur à 35 minutes, ce chiffre atteint 47%

Plus de proximité et une nouvelle voie pour la mobilité :
Près de la moitié de la population des pays rejette la dispersion spatiale des activités actuelles :

 44% (42% en France) associe la mobilité idéale à une plus grande proximité, en
rupture avec le modèle actuel ;

 pour 56% (58% en France), la mobilité idéale se caractérise par une meilleure
accessibilité (meilleure offre de transport), dans la continuité du système actuel.

2/ Travail : moins de travail et de trajets, plus de proximité et d’autonomie

Alors que, globalement, les occidentaux n’ont jamais eu autant de temps libre, on constate que :

 51% aspirent à réduire le temps de travail (mais avec des différences significatives selon les pays : seulement 29% en France et 40% aux Etats-Unis, contre 50% en
Allemagne, 60% en Espagne, Japon et Turquie) ;

 58% souhaitent pouvoir organiser librement leur temps de travail.
Lieu de travail idéal :

 48% souhaiteraient travailler en proximité : soit à leur domicile (30%) soit dans leur quartier (18%). En France, ils sont 43% à partager ce souhait (26% à leur domicile et 17% dans leur quartier) ;

 32% (40% des Français) exerceraient quant à eux idéalement leur activité
professionnelle en dehors de leur quartier, mais à moins de 30 minutes de leur domicile ;

 13% qui souhaiteraient pouvoir travailler d‘où ils veulent, quand ils le veulent (9% en France).

À noter tout de même, que certains indiquent être prêts à faire des concessions importantes en termes de mobilité quotidienne pour accéder au travail idéal et conserver leur logement :

 23% sont prêts à faire trois heures de trajet par jour pour conserver leur lieu de vie – et et ce chiffre monte à 35% s’il est possible de télétravailler deux jours par semaine ;

 49% accepteraient de déménager ;

 28% préfèreraient un autre travail non idéal près de chez eux.

3/ Un changement encore plus radical de société pour répondre au défi environnemental ?

Selon l’étude, 86% des individus sont conscients de la situation environnementale préoccupante.
Dans un contexte où la société s’organiserait pour faire face à la crise environnementale, les gens sont prêts à revoir encore plus leurs modes de vie :

 75% seraient prêts à réduire ses déplacements et à privilégier la proximité ;

 60% seraient prêts à abandonner l’automobile personnelle ou l’avion ;

 76% se disent d’accord pour moins consommer ;

 85% accepteraient d’utiliser des objets plus longtemps ;

 75% achèteraient des produits d’origine locale, voire faire plus par soi-même (71% ).

La tentation de la décroissance pour répondre au défi environnemental :

 39% des personnes interrogées estiment qu’un «changement radical dans l’organisation de l’économie et de la société, revenant à produire moins et à consommer moins » serait la meilleure manière de répondre au défi environnemental ;

 32% pensent que c’est la réglementation internationale de la production et de la consommation qui répondra au mieux à ce défi ;

 29% comptent sur le progrès scientifique et technique pour trouver des solutions innovantes en la matière.

Le changement de paradigme, valorisant la décroissance et la remise en cause de la place de la consommation dans nos modes de vie, est davantage privilégié par les jeunes alors que plus on remonte dans les générations, plus l’espoir reste fondé sur le progrès scientifique et technique.

 Les individus de moins de 45 ans ne sont ainsi que 26% à miser sur le progrès scientifique (un chiffre qui s’accroit avec l’âge et atteint 38% chez les plus de 65 ans).

 A l’inverse, le scénario décroissant est décrit comme la solution la plus crédible par 41%
des moins de 45 ans (contre seulement 32% chez les plus de 65 ans par exemple) »

Selon Sylvie Landriève, co-directrice du Forum Vies Mobiles :
« Il est remarquable de constater que près de la moitié de la population des pays interrogés rejette la dispersion spatiale actuelle des activités. Ils aimeraient que le mode de vie de leurs enfants soit en cela différent du leur : moins de déplacements au quotidien passant par un recentrage des activités quotidiennes (travail, loisir, vie sociale et familiale) plus près de chez eux. Quand, en plus, on voit que, dans ce futur idéal, ces désirs iraient dans le sens d’une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, et qu’a fortiori dans le cadre d’une mobilisation collective, les gens déclarent être prêts à revoir plus largement encore leurs modes de vie, il y a des motifs d’espérer que nous parvenions à mettre en place des politiques allant dans le sens d’un développement plus durable tout en respectant les aspirations des individus. Cette étude donne des pistes pour préparer dès maintenant cette transition et montre que la réorganisation des modes de vie, que ce soit dans les sphères privée ou professionnelle, implique une révision profonde de nos systèmes de mobilité et de l’aménagement du territoire. Les politiques publiques ne doivent plus perdre de temps ! »



A propos du Forum Vies Mobiles

Le Forum Vies Mobiles est un institut de recherche et d’échanges sur la mobilité, soutenu par SNCF.
Il étudie la mobilité dans un sens large, qui renvoie aux modes de vie – la composition, dans le temps et l’espace, des activités et expériences quotidiennes qui donnent sens et forme à la vie d’une personne ou d’un groupe – tels qu’ils se déploient dans les territoires grâce aux transports et aux télécommunications.
Les modes de vies mobiles contemporains sont une source de liberté, mais aussi de fatigue et d’aliénation : ils ne correspondent pas toujours aux aspirations de ceux qui les adoptent.
Le changement climatique, la raréfaction future du pétrole, la congestion urbaine et la pollution impactent et impacteront de plus en plus l’équilibre entre les déplacements physiques, les télécommunications et l’organisation de nos activités dans l’espace et le temps.
Dans ce contexte, le Forum Vies Mobiles cherche à préparer la transition mobilitaire. Son ambition est de donner à chacun les moyens de comprendre, d’anticiper et d’agir sur les transformations de nos modes de vie mobiles. Il s’agit d’imaginer des systèmes de mobilité futurs à la fois souhaitables individuellement et soutenables collectivement, et de penser leur mise en œuvre à l’échelle des individus, des entreprises et des acteurs publics.
Pour ce faire, le Forum Vies Mobiles lance des débats, encadre des recherches, organise des expérimentations et diffuse des connaissances à l’échelle internationale, notamment via des publications, son site internet et sous forme d’événements.
Avec le concours de chercheurs en sciences humaines et sociales, d’artistes et de praticiens du transport et de l’urbanisme, il développe une approche fondée sur l’association des ressources de l’expérience, de la raison et de l’émotion.
www.forumviesmobiles.org

À propos de l’ObSoCo

La vocation de l’ObSoCo est d’analyser les mutations du modèle de consommation, du commerce et de l’organisation des marchés de consommation. Son cœur de métier est :

 la mise en place de dispositifs d’observation des transformations en cours

 la réalisation de diagnostics, d’études quantitatives et qualitatives

 l’élaboration de nouveaux concepts et grilles d’analyse facilitant la compréhension des
nouvelles réalités

 le conseil et l’accompagnement des acteurs privés et publics
L’ObSoCo a été créé en 2011 par Nathalie Damery, Philippe Moati et Robert Rochefort
www.lobsoco.com

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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