Selon un rapport Glassdoor, il existe encore un fossé encore important entre hommes et femmes en matière d’emploi et de fonctions dans l’entreprise. Avec 33% de membres de conseils d’administration de sexe féminin, la France fait cependant figure d’exemple et montre un axe de progrès

Malgré les avancées réalisées avec un nombre croissant de femmes entrant dans le monde du travail, il existe encore un fossé considérable entre hommes et femmes en matière d’emploi, selon le tout nouveau rapport de Glassdoor Economic Research. A partir d’un classement de 18 pays basé sur les données de l’OCDE et d’Eurostat, l’étude révèle que la Suède et la Norvège sont à la pointe en termes de parité professionnelle hommes-femmes ; la Grèce et l’Italie ferment la marche.

L’Italie et la Grèce montrent les différences les plus importantes sur le nombre d’hommes et femmes en activité, avec des écarts de taux d’emploi de 18 et 17% respectivement. La Finlande, la Suède et la Norvège bénéficient de marchés de l’emploi autrement plus paritaires, avec des taux d’emploi variant de 2 à 4% entre hommes et femmes.

« La Suède, la Norvège et la Finlande illustrent la possibilité d’une quasi-parité en milieu de travail, » évoque Dr. Andrew Chamberlain, Responsable Economique chez Glassdoor. « Cet équilibre sur le marché du travail peut servir de leçon aux autres pays. Pourtant, même en Norvège, le « coût de la maternité » – soit le fait que des salaires plus faibles soient accordés aux femmes avec enfants – est l’un des plus élevés en Europe, démontrant qu’aucun pays au monde n’est parfait. »

Le nouveau rapport de Glassdoor Economic Research, mené en coopération avec Llewellyn Consulting, intitulé « Quels sont les pays européens qui attestent de la meilleure égalité professionnelle hommes-femmes ? », [i]a pour objectif d’identifier où l’inégalité entre les sexes est la plus prégnante, à quels types de postes les femmes sont le moins représentées et l’impact qu’ont les mères-employées sur l’écart salarial hommes-femmes en entreprise. Cette étude, qui observe 18 pays, propose une analyse de 12 indicateurs-clés, incluant : le ratio homme-femme en termes de participation au marché du travail, la proportion de femmes à des postes de direction, l’écart de taux d’emploi hommes-femmes par niveau d’instruction, et l’écart salarial genré lié à la présence d’enfants.

La poursuite d’études supérieures accroît significativement la probabilité qu’une femme soit embauchée

Lorsque l’on étudie le taux d’emploi en équivalent temps plein (en prenant en compte le nombre d’heures travaillées), l’écart hommes-femmes augmente et est généralement deux à trois fois supérieur à celui observé pour le taux d’emploi total. Cela met en évidence les différences entre sexes en termes de nombre d’heures travaillées, les femmes ayant moins de chances d’occuper un poste à temps plein. L’écart hommes-femmes est de moitié inférieur pour ceux qui ont fait des études supérieures (Université), en comparaison à ceux qui n’ont pas dépassé l’enseignement secondaire. Un cursus plus poussé accroît par conséquent significativement la probabilité qu’une femme soit embauchée.

Les femmes sont sous-représentées aux postes de Direction et dans les Conseils d’Administration

En Suède, Norvège, au Royaume-Uni et au Portugal, plus de 35% des dirigeants sont des femmes. Cependant, en Autriche, Allemagne, Grèce, Italie et Danemark, la proportion tombe en dessous de 30%. Les femmes dirigeantes sont le moins représentées aux Pays-Bas, où elles n’occupent que 26% de l’ensemble des postes de direction.

Dans les Conseils d’Administration, les femmes sont également sous-représentées : moins de 40% des membres des Conseils d’Administration des sociétés cotées en Bourse sont des femmes. La Norvège, avec 36%, a la proportion de femmes la plus élevée, cela s’expliquant en partie par un système de quotas fondé sur une législation, mis en place depuis 2006. En France (où une législation similaire a été mise en place), Finlande et Suède, environ 30% des membres de Conseils d’Administration sont des femmes. Au Danemark, Royaume-Uni, en Italie et Allemagne, elles sont 26%. En Irlande, Portugal et Grèce, cette proportion se situe entre 13 et 10% ; alors qu’en Estonie, elle atteint faiblement les 8%.

Le « Coût de la Maternité »

L’écart salarial hommes-femmes augmente en présence d’enfants dans la famille, ce qui indique que les femmes qui travaillent et ont des enfants ont une situation moins favorable que celle des femmes sans enfant. La différence de salaire (par rapport aux hommes) entre les femmes ayant au moins un enfant et celles sans enfant est de loin la plus élevée en Irlande (31 points de pourcentage). Le « coût de la maternité » est de même élevé en Allemagne (23 points de pourcentage), et le plus bas en Italie, Espagne et Belgique (3 points de pourcentage ou moins). A titre comparatif, aux Etats-Unis, l’écart salarial entre les femmes ayant au moins un enfant et celles sans enfant est de 16 points de pourcentage, ce qui est plus que les taux observés dans la plupart des pays européens.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

Europe, GENERATION, Le Magazine

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