Paris / Genève / New York, 14 avril 2016 – Un nouveau rapport de l’UNICEF met en évidence la façon dont les inégalités affectent les enfants dans les pays à haut revenu.

Le Bilan 13, Equité entre les enfants : Tableau de classement des inégalités de bien-être des enfants dans les pays riches, établit le classement de 41 pays de l’UE et de l’OCDE et cherche à savoir jusqu’où les sociétés riches laissent se creuser le fossé entre les 10% d’enfants les plus pauvres et les enfants qui se situent dans la partie médiane de la distribution. Le rapport s’intéresse aux inégalités sur 4 angles : en matière de revenus, d’éducation, de santé et de satisfaction dans la vie et à partir de données recueillies entre 2002 et 2014.

Le Danemark est en tête du classement général avec l’inégalité la plus faible entre les enfants. Israël et la Turquie occupent les dernières places du classement.
[gif-france_innocenti 13_2016.gif]

La nouveauté du Bilan 13 réside à la fois sur sa méthodologie – le focus sur les inégalités entre les enfants de la médiane et ceux des 10% les plus défavorisés, et dans la mise en commun et la comparaison des données connues mais éparses concernant les revenus, l’éducation, la santé et la satisfaction individuelle dans 41 pays. De plus, pour la première fois, certaines données sont fondées sur la perception qu’ont les enfants eux-mêmes de leur santé et de leur satisfaction dans la vie.

Revenus : Dans 19 pays sur les 41 de ce classement, plus de 10% des enfants vivent dans la pauvreté, c’est-à-dire dans des foyers avec moins de la moitié du revenu médian. Dans un tiers des pays l’écart s’est considérablement creusé entre 2008 et 2013.

Education : Les inégalités relatives à la réussite scolaire ont reculé dans la majorité des pays. Cependant, très peu de pays sont parvenus à réduire à la fois l’écart de réussite et le nombre d’élèves en difficulté en lecture.

Santé : Les inégalités concernant les problèmes (auto-déclarés) de santé ont augmenté chez les enfants dans la majorité des pays entre 2002 et 2014. Malgré cela, on constate des réductions significatives des inégalités dans la pratique d’une activité physique et en matière de mauvaises habitudes alimentaires.

Satisfaction : Les enfants ont évalué leur satisfaction dans la vie sur une échelle de 1 à 10, et le score médian est de 8. Les données montrent que l’écart de satisfaction a augmenté dans plus de la moitié des pays, en particulier en Belgique, en Espagne et en République tchèque.

Résultats pour la France (Consultez les autres résultats pour la France ici)
Sur l’ensemble des critères d‘inégalité, la France occupe le 28e rang sur 35 pays de l’UE/OCDE, juste au-dessus de 5 autres pays européens : la Belgique, la Bulgarie, l’Italie, le Luxembourg et la Slovaquie.

Si on constate qu’en matière de revenus, les inégalités entre les enfants sont relativement faibles, cela ne doit pas occulter les mauvais résultats pour l’éducation, où la France se situe presque à la dernière place du classement (35e sur 37) en terme d’écarts. Concernant les problèmes de santé, la France est 23e sur 35 pays de l’UE/OCDE et enfin 28e sur 35 en matière de satisfaction dans la vie.
Ce qui signifie qu’il existe un fort taux d’enfants qui ne sont pas satisfaits de leur vie, et un grand fossé entre les moins satisfaits et leurs pairs.

« Ce décalage est tout à fait préoccupant, » affirme Sébastien Lyon, Directeur général de l’UNICEF France. « Le problème ne se situe pas à un niveau seulement économique : il s‘agit plutôt d’un déploiement inégal des services et des ressources au détriment des enfants les plus vulnérables, ayant pour conséquence une accumulation des difficultés pour ces derniers. »

Recommandations
Le Bilan Innocenti 13 recommande aux gouvernements de mettre fin aux politiques en silos et de faire porter les efforts sur les enfants les plus pauvres. Il s’agit en priorité de :
• Protéger les revenus des foyers avec les enfants les plus défavorisés.
• Améliorer la réussite scolaire des enfants les moins avantagés.
• Promouvoir et soutenir des modes de vie plus sains pour tous les enfants.
• Prendre en compte le bien-être subjectif.
• Placer l’équité au cœur des programmes pour le bien-être des enfants.

« Le Bilan rappelle clairement que le bien-être des enfants quel que soit le pays, n’est pas la conséquence inévitable de circonstances individuelles ou du niveau de développement économique, mais dépend de choix politiques » a déclaré Sarah Cook, la directrice du centre de recherche de l’UNICEF – Innocenti. « Devant l’impact à long terme des inégalités, il est très clair que les gouvernements doivent avoir comme priorité d’améliorer le bien-être de tous les enfants, afin qu’ils aient toutes les chances de réaliser leur potentiel. »

* * *

Sources des données :
• Les calculs des inégalités de revenu entre les enfants reposent sur les micro-données des Statistiques de l’Union européenne sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) 2013 pour les pays de l’Union européenne et l’Islande, la Norvège et la Suisse.
• Pour les 9 autres pays de l’analyse sur les revenus, les données proviennent d’enquêtes nationales sur les revenus des ménages.
• L’analyse des inégalités de réussite scolaire repose principalement sur les données du Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’OCDE (PISA) de 2012.
• Les données sur la santé et la satisfaction dans la vie reposent sur l’enquête sur les comportements liés à la santé des enfants en âge scolaire (HBSC) 2013/2014 (et 2009/2010 pour les Etats-Unis, Israël et la Turquie)
Une description détaillée des sources de données est disponible en page 44 du Bilan Innocent 13.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

GENERATION, Le Magazine

Etiquette(s)

, , , , ,