Selon le nouveau rapport économique de la plate-forme Glassdoor Economic Research, il existe un écart salarial significatif entre hommes et femmes en France, Allemagne, Australie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Le rapport, intitulé La Démystification de l’Ecart Salarial, est basé sur un jeu de données de plus de 534 000 salaires déposés sur Glassdoor par les membres, et inclut des données filtrées par Intitulé de poste et Nom de l’entreprise. Cette particularité a permis à Glassdoor de comprendre l’écart salarial « qualifié » et « non qualifié » pour chacun des pays analysés.

L’écart salarial « non qualifié » entre hommes et femmes est de 14,3% en France, ce qui signifie qu’une femme gagne, en moyenne, 86 centimes pour tout euro touché par un homme. Lorsque l’on ajoute des filtres sur l’âge, le cursus et l’expérience professionnelle, les données Glassdoor révèlent que l’écart salarial est réduit à 9,6%. Et lorsque des filtres supplémentaires sont appliqués sur la profession, le secteur, la localisation, l’année, l’entreprise et l’intitulé du poste, l’écart salarial en France s’effondre à 6,3%. L’étude a décelé ces mêmes différences entre l’écart salarial « qualifié » et « non-qualifié » pour chaque pays monitoré.

« L’écart salarial est un phénomène réel, et l’étude globale de Glassdoor aide à mieux comprendre sa portée au travers de nombreux pays, » explique le Dr. Andrew Chamberlain, Responsable Economique chez Glassdoor. « Alors que notre rapport révèle un écart salarial significatif, il est important de comprendre qu’il existe plusieurs façons de l’interpréter. La base de données exclusive de Glassdoor nous permet d’analyser précisément les facteurs qui expliquent une partie des différences avérées de rémunération entre hommes et femmes. Elle met aussi en lumière une proportion de l’écart salarial pour lequel il ne semble pas y avoir d’explication. »

Les facteurs contribuant à l’écart salarial

Pour mieux appréhender les causes des disparités salariales, l’étude différencie l’écart qui peut être « expliqué » par les différentes caractéristiques de l’employé (par exemple l’âge, le cursus, etc.) et celui qui reste « inexpliqué ». Les chercheurs Glassdoor sont venus à la conclusion qu’une majorité de l’écart salarial global en France (71%) peut être « expliqué », alors que 29% de cet écart ne peut être justifié par l’un ou l’autre des facteurs observables dans les données Glassdoor. Cela signifie que l’écart de rémunération « inexpliqué » pourrait bien être attribué à un parti-pris de l’entreprise (qu’il soit intentionnel ou non), à des négociations salariales moins fructueuses pour les femmes que pour les hommes et/ou à d’autres caractéristiques de l’employé non observées.

L’étude révèle que le facteur contribuant le plus à l’écart salarial est la différence entre les postes et industries dans lesquels évoluent hommes et femmes, avec un potentiel de rémunération variable. Ce résultat est concordant sur l’ensemble des cinq pays observés, et en France, cela représente 50% de l’écart salarial « qualifié ». D’autres recherches universitaires suggèrent que la répartition des hommes et femmes à des postes différents provient en partie de la pression sociale exercée qui prédispose hommes et femmes à s’engager dans tel cursus ou tel parcours professionnel. Egalement, des normes sexuées, telles que le fait que la responsabilité de s’occuper des enfants et des personnes âgées incombe aux femmes, pressurisent les femmes et les induisent à occuper des postes, plus flexibles, au salaire inférieur. Une partie moindre de cet écart est expliquée par des différences dans le cursus, l’âge ou le nombre d’années d’expérience (21%).

« Les hommes et les femmes ont tendance à prendre des voies professionnelles différentes et à s’engager dans des postes et industries divers, ce qui est, en grande mesure, dû à une variété d’attentes sociétales et de normes de genre traditionnelles. C’est le seul facteur prégnant qui contribue aujourd’hui à l’écart salarial, » ajoute le Dr. Chamberlain.

« Pour enrayer l’écart salarial hommes-femmes, nous devrions concentrer nos efforts sur la mise en œuvre de politiques et programmes qui permettent aux femmes de soutenir le développement de leur carrière et d’accéder à la formation, comme en matière de négociation salariale, afin de les encourager dans leurs choix de poste ou de domaine professionnel, » explique Dawn Lyon, Vice-Présidente Affaires Générales chez Glassdoor. « Plus de transparence sur le salaire permet également d’éliminer l’écart salarial en rendant simple l’identification de disparités et en établissant le dialogue entre employeurs et employés, afin de s’assurer qu’à travail égal, le même salaire est perçu. Des études ont prouvé que les entreprises adoptant une politique de transparence salariale améliorent le bien-être de leurs employés sur le long-terme, ce qui augmente la productivité. »

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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GENERATION, Le Magazine

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