C’est d’une chasse (utile et inutile) aux comptes malsains de propagande de l’EI sur les réseaux sociaux dans la semaine qui a suivi les attentats qu’est née cette pétition. C’est à Facebook qu’elle s’adresse plus particulièrement…

J’ai passé une partie de cette semaine – aux côtés de beaucoup d’autres – à m’attaquer aux comptes qui inondaient (violemment) le hashtag « rechercheParis » et tous les autres hashtags de paix. Des comptes robots de Daesh envoyaient toutes les 5 minutes le communiqué de revendication des attentats, avec des liens renvoyant vers de vrais comptes où la photo sanglante du bataclan trônait en bannière, de vrais comptes pro EI qui ricanaient, faisaient gloire aux courageux « lions » (kamikases), avec des messages de menace, avec des vidéos djihadistes dans un fil consulté par mes jeunes nièces et donc au delà par toute la jeunesse française…

Twitter, Facebook et le gouvernement ne pouvaient pas réagir dans l’instant, les signalements affluaient, il fallait faire le tri, répondre à l’urgence…

Mais il aura fallu moins de 2 heures à Facebook pour proposer le « safety check », afin que chacun puisse signaler qu’il allait bien sur le réseau, et moins de 12 heures pour le drapeau tricolore en guise de photo de profil. Par contre, aucun moyen dédié, aucun outil d’envergure, aucun plan sérieux de lutte contre ces comptes de Daesh et leurs contenus n’a été mis en place par Facebook…

Un militant de Daesh m’a interpellée pour me dire « 2 minutes pour créer un compte »… Deux minutes pour créer un compte véreux, trois jours pour le faire supprimer ! La propagande de Daesh a un horizon tout ouvert et des outils de communication puissants qui s’offrent à elle.

Publiez « l’origine du monde » de Courbet sur Facebook, et l’ingénieux algorithme de détection de contenus pornographiques va s’affoler immédiatement ! Mais faites l’apologie du terrorisme, relayez des images de décapitation, vous aurez de beaux jours devant vous avant que votre compte ne soit supprimé. Cette politique de modération est tout simplement absurde.

Facebook, vous ne pouvez pas être seulement garant de la technologie que vous mettez à disposition des internautes : assumez les usages qui en sont fait et déployez les moyens qui permettront de ne pas salir de sang les beaux outils que vous offrez au monde !

Vous, qui êtes aujourd’hui plus influents sur la vie des gens que les gouvernements avec vos milliards d’utilisateurs, pouvez agir. Vous en avez les moyens, ceux de réagir vite, de dimensionner vos algorithmes et vos équipes de modération à la hauteur des enjeux…

Cette demande est délicate, elle touche à la neutralité du web et de ses opérateurs. Je me garderais bien de me prononcer sur les aspects techniques, juridiques, éthiques ou sur les moyens précis à mettre en œuvre. Je suis une citoyenne numérique et je m’en remets aux spécialistes. Le débat est en train de s’engager dans la sphère politique et la société civile s’en est également emparé si j’en crois les discussions qui abondent dans ce sens dans les milieux universitaires, journalistiques etc.

Je m’en remets aussi à vous internautes du monde entier, utilisateurs des réseaux sociaux, citoyens français, intellectuels, dessinateurs, juristes, artistes, parents, hommes politiques, chercheurs, acteurs du numérique, enseignants, journalistes, éducateurs… pour signer et relayer cette pétition et mener une réflexion collective autour de cette question.

Pour que Facebook ne s’arrête pas à un opportun « safety check » et à un drapeau tricolore imposé et se positionne clairement : s’ils s’impliquent, alors qu’ils le fassent vraiment, pour que ça change, pour qu’ils (nous) aident à lutter contre Daesh car ils en ont les moyens !

L’illustration est de Matthieu Meron et provient du superbe récit-enquête de rue89 : « Comment Facebook m’a mis sur la voie du djihad »

Lire aussi sur Pixels / lemonde.fr : « Face aux contenus djihadistes, les voies de Facebook sont impénétrables »

Signez la pétition

Au sujet de Place Publique

Place Publique s'affirme comme un contrepouvoir, notre projet entend prendre sa place dans l’information en ligne indépendante.

Catégorie(s)

DIVERS

Etiquette(s)