Alors que l’Union Européenne a annoncé un durcissement de ses objectifs en faveur du climat, que le nombre d’accords climatiques est sans précédent et que le nombre de pays engagés pour la COP21 ne cesse de grandir (aujourd’hui 75 Etats ont remis leur copie), la question de la relation entre territoires et entreprises apparaît comme centrale pour la définition d’un schéma global de transition vers une économie bas carbone.

Porté par EcoAct et en partenariat avec le Groupe La Poste, le cycle d’événements Cap COP21 a abordé le 28 septembre, la question dans le cadre d’une conférence – débat sur le thème « Changement climatique, territoires et économie bas carbone : un défi global, des réponses locales ».

Thierry FORNAS, Président d’EcoAct, a rappelé à cette occasion que l’objectif du cycle Cap COP21 est de co-construire et promouvoir des solutions bas carbone concrètes. Parmi celles-ci, « accorder une valeur au carbone pour mieux le quantifier » et « instaurer des mesures fiscales incitant les entreprises et collectivités à investir » apparaissent comme des leviers d’actions prioritaires. Thierry Fornas a insisté sur l’importance de sortir du ‘business as usual’ pour contribuer dès aujourd’hui à changer le monde de demain. Pour cela il faut une réglementation plus stricte au niveau mondial afin d’accompagner les entreprises dans l’innovation bas-carbone.
Il a présenté une nouvelle cartographie mondiale mettant en exergue la grande inégalité des territoires face au changement climatique, les conséquences sur les migrations des populations et la disparité des revendications.
En quoi la compensation carbone est-elle la solution ? Thierry Fornas prône une « croissance maîtrisée » et présente la compensation carbone comme « une solution d’avenir, concrète et qui a fait ses preuves dans les pays en voie de développement ». Cette monétarisation du carbone est un facteur de développement indéniable et multiplie les avantages sociaux, environnementaux et économiques dans les pays du sud.

À une échelle plus locale, Etienne Lengereau, Directeur du projet « Mission Grand Paris » du Groupe La Poste, a souligné la question des nouveaux usages de consommation (essor du e-commerce, individualisation des flux, …) et rappelé leurs conséquences environnementales en centre-ville. Il définit la circulation des marchandises et le développement des solutions logistiques durables comme le nouvel enjeu des métropoles. Comment les agglomérations vont-elles répondre à cette nouvelle problématique ? Le constat est clair : les grandes villes n’ont pas encore pris conscience de l’importance du transport de marchandises comme un facteur clé de la pollution atmosphérique. Repenser concrètement les infrastructures et les modes de livraison est un chantier prioritaire sur l’agenda des métropoles (circuits courts, multiplication des points de livraison, consignes automatiques, …).

Cécile Maisonneuve, Vice-présidente de la Fabrique de la Cité, propose de placer le bien-être et la santé au cœur de la ville verte, car avec une concentration de 70% des émissions de CO2, la ville est le lieu de convergence des problèmes et des solutions, et un maillon essentiel à la transition énergétique. Des exemples d’innovations urbaines montrent la voie à suivre : Amsterdam propose 800.000 logements interconnectés et Chicago a développé une data-visualisation pour optimiser les flux. Elle rappelle que la ville d’aujourd’hui est « un monde en réseaux » qui replace le citoyen, par ses usages et les données qu’il émet, au centre des nouvelles solutions de mobilité et énergétiques.

Il y a deux ans, la Commission Européenne désignait Bristol comme lauréat European Green Capital 2015 ; le Professeur Richard Pancost, Directeur du Cabot Institute, est venu à Cap COP 21 pour présenter les premiers résultats des investissements menés par la ville et rappeler l’importance du passage à l’action face à l’incertitude climatique : même si on ne connait pas avec exactitude l’ampleur des risques climatiques, il faut agir dès aujourd’hui avec une vision holistique. Il souligne également qu’il faut favoriser l’innovation et penser les solutions de façon systémique plutôt que prôner l’action isolée.

La conférence s’est clôturée avec l’intervention de Didier Mamma, Vice-Président Big Data et internet des objets chez SAP, qui a montré que « l’économie numérique aide à changer les modèles économiques » pour lutter efficacement contre le changement climatique. Il faut investir massivement dans des projets à grande échelle pour passer à l’ère de « l’économie d’usage », en associant tous les acteurs économiques. Il rejoint le Pr Pancost en rappelant que « chaque décision est une balance entre risques et bénéfices » et prône « l’action immédiate ».

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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