Environ 14 millions d’enfants de la région subissent actuellement les conséquences d’un conflit qui se propage en Syrie et dans une grande partie de l’Irak, a affirmé l’UNICEF aujourd’hui. C’est l’équivalent du nombre d’enfants et d’adolescents de moins de 18 ans qui vivent en France métropolitaine.

Alors que le conflit en Syrie entre dans sa cinquième année, la situation des 5,6 millions d’enfants qui se trouvent à l’intérieur du pays reste la plus désespérée. Ce chiffre comprend les quelque deux millions d’enfants qui vivent dans les régions du pays en grande partie coupées de l’aide humanitaire à cause des combats et d’autres facteurs. Environ 2,6 millions d’enfants syriens ne sont toujours pas scolarisés.

Près de 2 millions d’enfants syriens vivent en tant que réfugiés au Liban, en Turquie, en Jordanie et dans d’autres pays. Ce chiffre s’ajoute aux 3,6 millions d’enfants issus de communautés vulnérables accueillant des réfugiés et qui souffrent à leur tour en raison des pressions mettant à rude épreuve des services sociaux comme l’éducation et la santé.

Parallèlement, la crise que traverse l’Irak, de plus en plus liée au conflit en Syrie, a obligé plus de 2,8 millions d’enfants à quitter leurs foyers et beaucoup se sont retrouvés pris au piège dans les zones contrôlées par des groupes armés.

« Pour les enfants les plus jeunes, cette crise est tout ce qu’ils ont jamais connu. Pour les adolescents qui entrent dans des années déterminantes, la violence et les souffrances ont non seulement marqué leur passé mais elles modèlent aussi leur avenir, a dit le Directeur général de l’UNICEF, Anthony Lake. Alors que la crise entre dans sa cinquième année, cette génération de jeunes risque toujours de devenir une génération perdue à cause de la violence, reproduisant pour la génération suivante ce qu’elle a subi elle-même. »

Malgré les bouleversements causés par le conflit, les enfants et les jeunes continuent de faire preuve d’un courage et d’une détermination incroyables. Dans une série de nouveaux portraits présentés sur un site Internet spécial, childrenofsyria.info, l’UNICEF relate des histoires comme celle d’Alaa, 16 ans, qui s’est enfui de son foyer de la ville d’Homs, déchirée par la guerre, et qui poursuit aujourd’hui ses études tout en dirigeant des cours de formation pour les autres enfants ; ou celle de Christina, 10 ans, qui vit dans un refuge au nord de l’Irak et aide des enfants encore plus jeunes qu’elle à faire leurs devoirs.

« En dépit des torts qu’ils ont subis, des injustices dont ils ont été victimes et de l’incapacité apparente des adultes à mettre fin à cet horrible conflit, les enfants touchés par cette crise font toujours preuve du courage et de la détermination nécessaires pour se construire des vies meilleures, a constaté Anthony Lake. Devant leur détermination, comment ne pas être au moins autant déterminés à les aider ? Sachant qu’ils n’ont pas renoncé à l’espoir, comment pourrions-nous y renoncer ? »

L’UNICEF demande instamment de nouveaux investissements à plus long terme afin de répondre aux besoins des enfants et des adolescents, de les doter des aptitudes et des motivations nécessaires à la construction d’un avenir plus stable pour eux-mêmes. Selon l’UNICEF, de tels investissements devraient englober les éléments suivants :

• Possibilités de cours de rattrapage scolaire, de formation professionnelle et d’activités de loisirs pour les adolescents. On compte environ 5 millions de Syriens âgés de 12 à 18 ans et ces jeunes ont besoin d’un appui leur apportant des qualifications et leur permettant de se créer des moyens de subsistance.

• Possibilités d’enseignement formel et informel pour les enfants touchés par le conflit et système de certification scolaire permettant de maintenir le niveau scolaire des élèves.

• Services sociaux pour les enfants vulnérables – notamment les rescapés des violences – capables d’apporter une prise en charge et une aide psychosociales.

• Renforcement des systèmes d’éducation et de santé ainsi que de l’appui nécessaire pour disposer de moyens de subsistance dans les communautés d’accueil afin que la totalité des enfants touchés d’une manière ou d’une autre par le conflit puissent être aidés.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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