Le procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a requis la prison à perpétuité contre l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, pour avoir ordonné et entrepris le nettoyage ethnique de plusieurs régions de la Bosnie-Herzégovine après le démantèlement de la Yougoslavie en 1991.

L’accusé, qui a plaidé non coupable avait été interpellé en 2008 à Belgrade. Son procès s’était ouvert en mars 2010. Un jugement n’est pas attendu avant fin 2015.

«La prison à vie est la seule peine appropriée», a indiqué le bureau du procureur dans un document publié, trois jours avant le début des réquisitoire et plaidoirie devant le Tribunal pénal internation sur l’ex-Yougoslavie (TPIY), situé à La Haye. «Sous son commandement, les subordonnés de Karadzic et ceux qui coopéraient avec eux ont expulsé, tué, torturé et maltraité des centaines de milliers de musulmans et croates», a soutenu l’accusation. L’accusation estime que M. Karadzic, avec son alter ego militaire Ratko Mladic, ainsi que le défunt président yougoslave Slobodan Milosevic, a entrepris le nettoyage ethnique de certaines zones de la Bosnie et chassé musulmans, croates et autres non serbes, pendant la guerre de Bosnie entre 1992 et 1995. En janvier, l’ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, avait refusé de témoigner dans le procès Karadzic. «Je ne veux pas témoigner et je refuse de témoigner pour des raisons de santé et parce que cela me porterait préjudice dans ma propre affaire», avait-il déclaré.
D’après l’accusation, Radovan Karadzic s’est rendu coupable de génocide lorsque les forces placées sous son commandement ont tué des non-Serbes pendant et après les attaques menées contre des villes de plus d’une douzaine de municipalités de Bosnie, au début du conflit. Après ces attaques, les forces des Serbes de Bosnie ont rassemblé des milliers de non-Serbes et les ont transférés dans plus de 20 centres de détention. Toujours d’après l’accusation, les forces placées sous le commandement de Radovan Karadžić ont tué, torturé, brutalisé et infligé des violences sexuelles aux non Serbes détenus dans ces camps.

Radovan Karadzic, 69 ans, doit en particulier répondre du massacre de près de 8 000 hommes et garçons musulmans par les forces serbes de Bosnie à Srebrenica en juillet 1995, le pire massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Rappelons les faits. Le 11 juillet 1995, les troupes du Général Mladic pénètrent dans l’enclave de Srebrenica. Décrétée par l’ONU “ zone de sécurité ” dans le but de garantir la protection des populations et de stabiliser les conquêtes territoriales serbes, les hommes de Mladic passent outre ce statut, commettant le pire massacre en Europe depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En quelques jours, entre 7000 et 8000 musulmans bosniaques sont exécutés. Les 40 000 habitants de la zone de sécurité avaient reçu la promesse d’être protégés et c’est avec cette garantie qu’ils n’avaient pas songé à fuir devant l’avancée des Serbes.

Radovan Karadzic est également poursuivi pour son rôle dans le siège de Sarajevo, la capitale de la Bosnie. Il est tenu responsable du bombardement de la ville et des tirs isolés contre la population civile. Au cours de ce siège qui a duré 44 mois, plus de 10 000 personnes parmi lesquels des enfants et des personnes âgées ont été tuées.
Au total, la guerre de Bosnie a fait quelque 160 000 morts et quelques 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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