Le « Cabaret », labellisé « Comédie Française », offre à nouveau une prestation ‘5 étoiles’ en son Studio Théâtre*, jusqu’au 1er juin 2014.

C’est Georges Brassens qui, avec ses textes et mélodies que les moins de 15 ans devront connaître un jour, en est le prétexte ici. L’an dernier sur la même scène et toujours avec une petite bande du « Français », c’était le « cabaret Boris Vian ». La filiation est d’autant plus pertinente que Brassens lui-même n’avait pas manqué d’affirmer à l’époque : « Si les chansons de Boris Vian n’existaient pas, il nous manquerait quelque chose ».

Voilà donc, ici, six comédiens chanteurs et trois musiciens sur le plateau. Une sacrée bande cornaquée par Thierry Hancisse pour la mise en scène. Car ils bougent beaucoup ces chanteurs-comédiens sur cet empilement de palettes qui sert de décor. Chacun/chacune y prend sa place selon les chansons, entre le piano à jardin et le violoncelle à cour, proche du guitariste. Il faut reconnaître que cette simplicité de l’espace et du jeu crée une forte ambiance, un plaisir fou de (re)vivre – de belle manière pour certains – ou de découvrir pour d’autres une bonne vingtaine de chansons inventées par l’inoubliable fumeur de pipes.

Chaque comédien/comédienne/chanteur distille la subtilité et l’intelligence des chansons de Brassens. Chacun d’entr’eux interprète et crée des ambiances, dessine un jeu théâtral souvent drôle et toujours sensible. On rit souvent. On se régale des propos, des finesses, des images, des sous-entendus, des paroles. On sait qu’ils aiment chanter, les sociétaires/pensionnaires de la maison de Molière. Mais ils ont aussi une liberté de jeu, des voix impeccables et une sacrée connivence pour mettre du bonheur partout même dans les chansons parfois intenses, tendues de Brassens, qui font chavirer le cœur.

Le trio de musiciens participe totalement au succès de ce Cabaret et l’enchainement des chansons se fait avec une fluidité étonnante. Ce n’est pas rien quand il y a une bonne vingtaine de chansons au programme. Depuis « La Mauvaise Réputation » jusqu’à « La femme d’Hector » en passant par « Je m’suis fait tout p’tit », « Le Cocu », « Il n’y a pas d’amour heureux », « Les Amoureux des bancs publics », « Le Gorille » ou encore, « La Femme d’Hector ».

Ca swingue fort. Une vraie émotion flotte dans la salle du Studio Théâtre. Et le public de repartir le cœur léger, ravi. Certain(e)s fredonnent, d’autres en redemandent et pensent déjà au prochain numéro de Cabaret signé Comédie Française.

Plutôt qu’une mise en scène, je préfèrerais parler d’une mise en condition, au niveau des lumières, du décor, du style de musique, mais je voudrais que les acteurs trouvent leur autonomie, leur plaisir et leur liberté dans ce processus ; qu’ils gardent, au fil des représentations, une certaine spontanéité liée à une capacité d’improvisation, même si le cadre du spectacle sera très construit, très précis. Idéalement, ce sera un spectacle choral, où les acteurs seront souvent en scène ensemble, un peu comme un plateau télé d’une heure, où des amis se retrouvent pour chanter du Brassens.

*Studio Théâtre près de la Pyramide inversée. En sous-sol du Musée du Louvre

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ART & CULTURE, Le Magazine

Etiquette(s)

,