C’est nouveau! Un classement des universités, créé avec des fonds de l’Union européenne vient d’être lancé, à Dublin, dans le cadre de la présidence irlandaise de l’UE. Ce nouveau classement qui se veut «multidimensionnel» marque un tournant par rapport aux approches traditionnelles utilisées pour classer les universités selon leurs performances, la plupart se concentrant excessivement sur l’excellence en matière de recherche.

Le nouveau système recourra à toute une série de facteurs, dans cinq domaines distincts: la réputation en matière de recherche, la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage, l’ouverture sur l’international, la réussite en matière de transfert de connaissances (partenariats avec des entreprises et des jeunes pousses, par exemple) ainsi que la contribution à la croissance régionale. Quelque 500 universités en Europe et de par le monde devraient adhérer à ce classement, dont les premiers résultats seront publiés au début de l’année 2014.

À la veille du lancement, la commissaire européenne à l’éducation, à la culture, au multilinguisme et à la jeunesse, Mme Androulla Vassiliou, a rappelé que : «les universités figurent parmi les plus grandes inventions de l’Europe, mais nous ne devons pas pour autant nous reposer sur nos lauriers. Nous devons déployer notre réflexion et nos actions de manière plus stratégique afin d’exploiter au mieux le potentiel de nos universités. Pour ce faire, nous devons être mieux informés de leur offre et de leurs résultats. Alors que les classements actuels font, de manière générale, la part belle aux résultats obtenus dans le domaine de la recherche, U Multirank donnera aux étudiants et aux établissements un aperçu clair de leurs performances dans toute une série de domaines clés. Forts de ces connaissances, les étudiants seront mieux à même de choisir l’université ou l’école supérieure qui leur convient le mieux. Le classement contribuera également à la modernisation et à la qualité de l’enseignement supérieur, en permettant aux universités de repérer leurs points forts et leurs points faibles et d’apprendre de leurs expériences respectives. Enfin, il donnera aux décideurs politiques un aperçu plus complet de leurs systèmes d’enseignement supérieur, de sorte qu’ils pourront améliorer les résultats de leur pays de manière globale».

Lui emboitant le pas, le ministre irlandais de l’éducation et des compétences, Ruairi Quinn. M. Quinn a pour sa part indiqué : «alors que l’enseignement supérieur ne cesse de gagner en importance pour le bien être social, culturel et économique de l’Europe, la qualité et la diversité de nos systèmes d’enseignement supérieur sont devenues des éléments incontournables. La présidence irlandaise s’engage fermement à aider au déploiement de cette nouvelle phase d’U Multirank. J’invite les établissements d’enseignement supérieur à saisir cette occasion de bâtir ensemble un système de classement qui mettra en lumière les nombreux aspects positifs de l’enseignement supérieur en Europe, ce qui est tout bénéfice pour les étudiants, les chefs d’établissement, les décideurs politiques et les autres parties prenantes».

En plus de proposer un instrument, qui fera autorité, de comparaison des établissements, U Multirank classera également les universités dans quatre disciplines spécifiques (études commerciales, mécanique, électrotechnique et physique), une liste qui s’allongera progressivement au fil des ans. U-Multirank est l’aboutissement d’un projet né d’une conférence organisée en 2008 sous la présidence française de l’Union, qui appelait à un nouveau classement des universités sur la base d’une méthode rendant justice aux multiples facettes de l’excellence dans un contexte international.

La Commission européenne a alors fait réaliser une étude de faisabilité par un groupement d’organisations de l’enseignement supérieur et de la recherche connu sous le nom de CHERPA. Cette étude, qui a été menée à bien en 2011 et qui repose sur une collaboration avec 150 établissements d’enseignement supérieur d’Europe et du reste du monde, a confirmé que le concept comme la réalisation d’un classement multidimensionnel étaient bien réalistes. Des instruments d’enquête en ligne ont été conçus aux fins de la collecte des données nécessaires. Le groupement collaborera également avec les classements nationaux déjà en place pour éviter de devoir poser les mêmes questions aux universités plus d’une fois.

Impartial et fondé sur des critères et des données mesurables, le nouveau classement, en adoptant une approche multidimensionnelle, permettra à toute université ou à tout établissement d’enseignement supérieur d’obtenir un feedback sur ses performances. Chaque utilisateur pourra également obtenir un classement «personnalisé» reflétant ses besoins particuliers, ce qui lui permettra d’accéder à des informations sur les établissements ou les disciplines qui l’intéressent le plus et de pondérer les critères en fonction de ses propres préférences.

Le classement sera établi par un groupement indépendant placé sous la direction du Centrum für Hochschulentwicklung (CHE) (centre pour le développement de l’enseignement supérieur) en Allemagne et du Center for Higher Education Policy Studies (CHEPS) (centre d’études pour la politique en matière d’enseignement supérieur) aux Pays Bas. Ils travailleront en partenariat avec, notamment, le centre des études scientifiques et techniques (CWTS) de l’université de Leyde, les professionnels de l’information d’Elsevier, la fondation Bertelsmann et l’entreprise d’informatique Folge 3. Le groupement s’adjoindra aussi les services d’organisations partenaires actives dans le domaine du classement et de parties prenantes nationales représentant les étudiants, les universités et le monde des affaires, afin de garantir l’exhaustivité et l’exactitude des données.

Pour la période 2013 2014, U-Multirank sera financé par l’Union à hauteur de 2 millions €, prélevés sur le budget du programme Éducation et formation tout au long de la vie, et pourra bénéficier de fonds de démarrage supplémentaires pendant deux ans, en 2015 2016. À terme, l’objectif est de confier le projet à une organisation indépendante.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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