Trop gros pour prétendre au microcrédit, trop petits pour intéresser les banques, les projets moyens de développement sont souvent les oubliés du système financier. Ils constituent la cible de Blue Bees, toute nouvelle plateforme de prêt citoyen.

Lancé à la fin 2012, Blue Bees est basé sur un mécanisme différent du don ou de la subvention, le financement participatif. Blue Bees met en relation les internautes soucieux de placer leur argent dans des projets vertueux et des entrepreneurs sociaux de pays en voie de développement.

Les initiateurs de Blue Bees, qui ont pour objectif de créer ainsi un nouveau modèle de banque, ont tenu compte de deux paramètres pour bâtir leur activité : proposer aux membres prêteurs des taux d’intérêt supérieurs à celui du Livret A et se montrer compétitifs face aux établissements bancaires locaux dans les conditions de prêt.

A l’origine de cette initiative, des règles de fonctionnement ont été établies. Les porteurs de projets ont besoin d’emprunter entre 5k€ et 100k€, qu’ils seront capables de rembourser entre 6 mois et 2 ans. Ces projets concernent le développement durable –agriculture, énergie…-ainsi que l’indique la dénomination retenue- Blue pour préserver notre planète bleue- et sont considérés comme économiquement viables. Quant au terme Bees, il fait référence à l’ambition des initiateurs, se montrer utiles et se mettre en action, pour essaimer…telles les abeilles d’une même ruche.

Exemple avec le premier projet ouvert au financement, Les Mielleries du Cameroun. Jacques George a besoin de 20.000 euros pour son projet, somme qu’il n’a pas réussi, après quatre ans de négociations, à obtenir sous forme de prêt de la part d’une banque. Blue Bees va récolter 21.000 euros grâce aux internautes, 20.000 euros pour Jacques George, et 1000 euros pour couvrir les frais de transferts bancaires. Jacques George pourra ainsi réaliser son projet, et au bout de 6 mois, il reversera 22.200 euros à Blue Bees : le prêt lui aura donc coûté 11% sur 6 mois. Quant à Blue Bees, il reversera 21.500 euros aux internautes (qui auront donc touché 2,38% d’intérêts sur 6 mois) et conservera 700 euros pour couvrir ses frais de fonctionnement.

Les projets proposés par Blue Bees sont sélectionnés par un comité d’experts qui s’assurent de leur fiabilité. C’est le cas ainsi du projet de l’entreprise Siatol, basée à Ouagadougou, spécialisée dans la transformation et la distribution de produits agricoles, qui concerne l’achat de soja biologique produit au Burkina pour une transformation en tourteaux et en huile destinés au marché local. Le fondateur de l’entreprise Siatol a été présenté à Blue Bees par Labadens, fonds d’investissement spécialisé sur les projets de développement en Afrique. Le fonds en question a considéré que le projet présentait les qualités requises-respect de l’environnement, sérieux de l’entrepreneur, marché existant. Si le projet s’engage bien grâce au soutien des membres de Blue Bees, qui permettra d’effectuer un test grandeur nature, Labadens promet d’apporter un financement dans une deuxième phase de développement.

Lancée officiellement le 5 décembre dernier, la plateforme Blue Bees comptait pour son premier mois d’activité 232 membres dont 89 ayant prêté de l’argent pour un montant moyen de 101,74 €, le prêt plancher étant fixé à 20 €. Des projets sont à l’étude en Afrique mais aussi en Thaïlande et au Pérou.

www.bluebees.fr