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Saturation de l’hébergement d’urgence : L’armée du dalut souligne la nécessité de trouver mieux que la logique de « mise à l’abri »

Au moment où le 115, le numéro d’urgence pour les sans abris, est saturé devant l’augmentation des demandes d’hébergement et le manque de places disponibles, la Fondation de l’Armée du Salut annonce l’ouverture de 80 places supplémentaires d’ici mi-février en région parisienne.

Un taux de remplissage de 100% dans les établissements parisiens depuis le 30 novembre

Si les températures atteignent les négatives seulement depuis quelques jours à Paris, les deux établissements parisiens de la Fondation de l’Armée du Salut dédiés à l’hébergement d’urgence sont pleins depuis fin novembre, sans discontinuer.
Ainsi, 200 personnes sont accueillies chaque soir, depuis cette date, au Centre d’Hébergement d’Urgence de la Mouzaïa (XIXe arrondissement) et au Fort de Nogent (Fontenay-sous-Bois).

Au Centre de la Mouzaïa, des travaux d’aménagement vont permettre de transformer des étages de bureau vides en chambres d’hébergement d’urgence. 80 places supplémentaires seront ainsi ouvertes d’ici mi-février. 48 d’entre elles seront déjà disponibles d’ici la fin de semaine pour des femmes seules sans domicile.
20 places supplémentaires restent également disponibles au Fort de Nogent, si le niveau 2 du plan grand froid venait à être déclenché.

Faire prévaloir la « logique d’insertion » sur celle de « mise à l’abri » et offrir en toute saison les capacités d’accueil mises à disposition l’hiver dans des structures dignes

« Cet hiver, environ 30 personnes sur les 160 actuellement hébergées au Fort de Nogent étaient déjà là l’année dernière, pendant l’hiver, ce qui signifie qu’ils n’ont trouvé aucune solution entre temps. C’est trois fois plus que l’hiver dernier», déplore le directeur de l’établissement, M. Jean-Pierre Husson. Au Centre de la Mouzaïa, le nombre de jeunes de 20/25 ans a augmenté cet hiver.

« Le travail social à faire avec les personnes qui sont accueillies dans l’urgence, souvent après de longues périodes de rue, est immense. Or la logique de « mise à l’abri » hivernale à l’œuvre actuellement ne permet pas suffisamment d’accompagner les personnes accueillies vers la réinsertion. Cette dernière passe, entre autres, par la dispense de soins nécessaires, la stabilisation de troubles psychiques pour certains, la construction d’un projet à long terme avec une recherche de logement, d’emploi ou de formation. Ce que nous ne pouvons pas faire en quelques semaines d’accueil », précise Alain Raoul, Directeur générale de la Fondation de l’Armée du Salut.

Les structures dédiées à la réinsertion telles que les Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale ou pensions de famille étant saturées tout au long de l’année, plusieurs milliers de personnes en extrême précarité sont contraintes de retourner à la rue, quand les places supplémentaires en hébergement d’urgence ouvertes ferment, soit le 31 mars.

La Fondation de l’Armée du Salut réclame donc la pérennisation tout au long de l’année du nombre de places d’accueil mises à disposition dans le cadre de ce dispositif spécifique d’hiver. Cela ne signifie pas la pérennisation de l’accueil dans des structures jugées inadaptées telles que les gymnases, mais la pérennisation du nombre de places dans des structures d’accueil dignes et étudiées à cet effet. Cette proposition est la condition sine qua non pour que puisse se faire un réel accompagnement social en vue d’une possible réinsertion des personnes en difficulté. Suite à notre mobilisation de 2012, 40 places supplémentaires ouvertes pendant l’hiver sont finalement restées disponibles tout au long de l’année.