Michel Wieworka

A la veille du cinquantenaire en 2013 de la Fondation Maison des sciences de l’homme, nous relayons l’éditorial de Michel Wieworka publié sur le site de la FMSH sur l’enjeu de l’internalisation de la recherche

Ce texte est disponible sur le site de la FMSH

Le contexte institutionnel, pour la FMSH, est dominé actuellement par les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche. Y trouvera-t-on une réponse constructive à l’inévitable tension entre deux logiques, toutes deux légitimes et incontournables, celle de l’égalité, de la justice sociale, de la démocratie, qui veut que les ressources disponibles soient réparties équitablement, et celle de la compétition mondiale, de l’internationalisation de la recherche, de la capacité de notre pays à tenir son rang ?

Ce deuxième enjeu concerne tout particulièrement notre Fondation. Non pas qu’elle soit indifférente au premier, mais parce que dès sa création, elle a incarné l’internationalisation puis la globalisation de la recherche, et joué un rôle décisif :
• dans l’innovation scientifique – la FMSH a forgé par exemple une politique Brésil, Russie, Inde, Chine bien avant que le concept de BRIC ne soit lancé par les économistes,
• dans le maintien de relations scientifiques, en temps de guerre froide, avec les communautés intellectuelles du bloc soviétique, puis dans l’élargissement de nos programmes européens après la chute du mur de Berlin
• dans l’incubation d’activités nouvelles, la plus récente étant celle de l’Institut d’Etudes Avancées de Paris, que nous avons créé, accompagnés au départ des seules ENS et EHESS, et qui vole maintenant de ses propres ailes, avec notre soutien, mais en toute indépendance. Je salue ici l’arrivée à Paris de ma collègue Gretty Mirdal, qui vient d’en prendre la direction,
• dans la promotion de formes d’organisation de la production de la connaissance permettant à la communauté scientifique française de bénéficier, dans sa totalité, de l’ancrage à Paris d’une vie intellectuelle à laquelle la FMSH apporte une contribution importante. C’est tout particulièrement le cas de la création, en 2011, du Collège d’études mondiales,
• dans la diffusion du savoir, nos efforts actuels portant principalement sur le numérique, immense question sur laquelle nous avons ouvert un vaste chantier de réflexion,
• dans la mobilité internationale des chercheurs : nous en accueillons chaque année quelque 500, dont près de la moitié à la Maison Suger, venus du monde entier, à travers nos programmes de bourses, nos directeurs d’études invités, nos programmes bilatéraux, etc.

La FMSH ne subit donc pas le changement, elle contribue à le produire.

Les organisations, institutions, grandes entreprises publiques qui sont nées ou se sont développées au cours des Trente Glorieuses rencontrent depuis une vingtaine d’années de grandes difficultés à se transformer tout en conservant l’inspiration initiale qui en a justifié l’existence. Certaines disparaissent, tout simplement, d’autres changent radicalement de modèle, par exemple en s’écartant d’une logique de service public pour s’adapter au marché. D’autres encore trouvent en leur sein les ressources pour s’adapter à la nouvelle donne, et se relancer sans s’écarter de leurs valeurs fondatrices : la FMSH, me semble-t-il, correspond à cette dernière formule.
C’est dans cet esprit qu’elle se prépare à célébrer en 2013, son cinquantième anniversaire.

Un demi siècle d’existence : ce n’est pas rien ! Pour franchir ce cap en réfléchissant au chemin parcouru, tout en nous projetant vers l’avenir, nous préparons une série d’évènements, avec l’aide de la toute jeune association des amis de la FMSH, qu’Immanuel Wallerstein a accepté de présider.
Dans cette perspective, le sociologue québécois Marcel Fournier, à notre demande, rédige une histoire de la Fondation qui sera publiée par nos éditions. Une nouvelle revue, SOCIO, sera lancée en mars prochain, publiée là encore par nos éditions, avec pour projet de conjuguer la plus grande rigueur scientifique, et l’ouverture intellectuelle générale, en destination du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, mais aussi d’un public éclairé plus large que celui des revues spécialisées en sciences sociales.
Un colloque international majeur fera le point sur l’état des sciences humaines et sociales, et sur leurs transformations en cours –vous pouvez d’ores et déjà en retenir la date : 15, 16 et 17 mai 2013.
Par ailleurs, la Maison Suger se prépare à lancer le Club Suger, qui mettra en relation le monde des acteurs économiques et celui de la production de connaissances en sciences humaines et sociales.
Lors du déménagement du 54 boulevard Raspail, fin décembre 2010, nous avions abondamment filmé, interrogeant les occupants et usagers de notre immeuble historique, où nous espérons bien revenir une fois les travaux en cours achevés : des dizaines d’heures d’enregistrement attendent d’être traitées, et nous en tirerons un ou plusieurs films au cours de l’année 2013.
Ce cinquantenaire est l’occasion aussi pour nous de rafraîchir notre logo et notre charte graphique, comme chacun pourra le constater très prochainement.
Qu’il s’agisse de ces évènements, ou du fonctionnement général de notre Fondation, l’année 2013 s’annonce par conséquent dense et passionnante.

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