Selon un sondage Eurobaromètre, l’aide au développement bénéficie d’un large soutien. Pour la plupart des gens (61 %), l’aide devrait être concentrée sur les pays fragiles touchés par un conflit ou une catastrophe naturelle.

« 85 % des citoyens de l’UE estiment que l’Europe devrait continuer à aider les pays en développement malgré la crise économique ». Cette conclusion a été présentée mercredi 17 octobre 2012, par M. Andris Piebalgs, commissaire européen au développement, à l’occasion des Journées européennes du développement. Le nouveau sondage Eurobaromètre sur le développement montre que 61 % des Européens sont favorables à une augmentation de l’aide visant à permettre aux populations de sortir de la pauvreté. Par ailleurs, une majorité de 55 % d’entre eux estime que les pays émergents à croissance rapide ne devraient plus recevoir d’aide.

Les Européens sont d’avis que les entreprises privées ont un rôle positif à jouer dans les pays en développement, notamment en y créant de l’emploi (57 %), mais attendent des entreprises étrangères qu’elles respectent des normes morales et éthiques lorsqu’elles investissent (81 %). Une majorité d’entre eux (53 %) considère la corruption comme le principal obstacle au développement des pays pauvres, mais ils ne sont que 44 % à être disposés à dépenser plus pour des produits qui soutiennent le développement (tels les produits du commerce équitable).

M. Andris Piebalgs, commissaire au développement, s’est exprimé dans les termes suivants: «Je me réjouis de constater que la solidarité reste une valeur profondément enracinée chez la plupart des Européens en ces temps de difficultés économiques. À l’heure où l’UE est sur le point d’arrêter son budget pour les sept prochaines années, les citoyens adressent un message clair à leurs dirigeants: les économies ne doivent pas se faire au détriment des populations les plus pauvres de la planète. Ils exigent toutefois d’avoir la garantie que l’aide est destinée aux plus pauvres et produit des résultats visibles. Ils se font ainsi l’écho de ma propre volonté de concentrer l’aide sur les pays qui en ont le plus besoin et de placer la croissance inclusive et les droits de l’homme au centre de la politique de développement. Afin de renforcer la confiance en notre action, je suis également résolu à mieux démontrer que l’aide de l’UE fait la différence lorsqu’il s’agit de lutter contre la pauvreté.»

L’Eurobaromètre «Solidarity that spans the globe – Europeans and development» a été présenté dans le cadre des Journées du développement à Bruxelles (16 et 17 octobre). Cet événement réunit des chefs d’État et de gouvernement africains, des ministres de l’UE, des représentants des institutions de l’UE et des Nations unies, ainsi que des membres de la société civile, des milieux universitaires et du secteur privé. Les discussions portent principalement sur:

• l’agriculture, la sécurité alimentaire et la résilience;

• la protection sociale et les inégalités;

• le rôle du secteur privé

Grandes tendances observées dans l’UE

La crise économique n’affecte pas la solidarité envers les pauvres. En Espagne, le taux de soutien dont jouit l’aide aux pauvres n’a pas changé depuis l’an dernier (88 %). En Grèce et en Italie, le recul est minime (- 2 points de pourcentage), tandis qu’une hausse de 3 % a été constatée en Irlande (88 %). Seul le Portugal affiche une baisse plus sensible (- 10 points de pourcentage).

Les Européens sont moins disposés à s’engager personnellement. Seuls 44 % des Européens sont prêts à payer plus cher pour des produits (par exemple ceux du commerce équitable) qui soutiennent les populations des pays en développement (- 3 points de pourcentage par rapport à 2011). Les répondants issus des pays de l’EU-15 sont beaucoup plus disposés à payer davantage (50 % contre 25 % pour l’EU-12). Dans le cas de 6 pays, un recul d’au moins 10 points de pourcentage a été constaté: en Grèce (où 33 % sont disposés à payer plus), en République tchèque (28 %), en Slovénie (30 %), en Espagne (35 %), en Lituanie (24 %) et au Portugal (12 %). Sans surprise, les citoyens des pays les plus riches sont davantage disposés à acheter des biens du commerce équitable. Viennent en tête: la Suède (76 %), les Pays-Bas (76 %) et le Luxembourg (70 %).

Le nord-ouest de l’Europe est plus favorable à une augmentation des fonds destinés à l’aide au développement que l’Europe du sud-est. En Suède, au Danemark et en Autriche, une grande majorité de citoyens (respectivement 80, 76 et 74 %) sont favorables à l’idée de porter l’aide au développement à 0,7 % ou plus du RNB. Les trois pays où les proportions de répondants souhaitant une réduction de l’aide sont les plus élevées sont: la Bulgarie (38 %), la Slovénie (32 %) et la Grèce (30 %).

Principaux résultats de l’Eurobaromètre spécial sur le développement

Le soutien à l’aide aux populations pauvres des pays en développement reste très élevé, à 85 % (2011: 88 %). 37 % estiment que cette aide est «très importante», 48 % qu’elle est «assez importante».

Six Européens sur dix pensent qu’il faudrait augmenter l’aide aux pays en développement malgré la crise. La moitié des répondants (49 %) sont d’avis que l’UE devrait tenir sa promesse d’augmenter l’aide aux pays en développement et 12 % pensent que cette augmentation devrait aller au-delà de ce qui a été promis. Dans le même temps, 18 % estiment qu’il faudrait réduire l’aide, car l’Europe n’en a plus les moyens. Ce chiffre a augmenté de 7 points de pourcentage depuis 2009 (11 %).

61 % des Européens pensent que l’aide devrait s’adresser en priorité aux pays fragiles (par exemple à la suite d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle). Ils sont 30 % à estimer que l’UE devrait aider les pays en développement, qu’ils se trouvent en situation de fragilité ou non.

Une majorité d’Européens pense que des pays tels que le Brésil, l’Inde ou la Chine ne devraient plus recevoir d’aide. À la question de savoir si les pays émergents à croissance rapide dont une partie de la population reste pauvre devraient ou non continuer à recevoir une aide, 24 % ne sont pas du tout d’accord et 31 % étaient «plutôt pas d’accord»

Les Européens estiment que l’aide au développement devrait essentiellement porter sur les droits de l’homme (34 %), l’éducation (33 %), la santé (32 %), la croissance économique (29 %) et l’agriculture/la sécurité alimentaire (29 %). Trois réponses étaient possibles.

44 % des Européens seraient prêts à payer plus pour des produits qui soutiennent les populations des pays en développement, contre 47 % en 2011. En toute logique, le nombre de personnes ne désirant pas payer plus a augmenté, passant de 47 à 52 %.

Les Européens considèrent la corruption (53 %) comme le principal obstacle au développement. Viennent ensuite les «mauvaises politiques» des gouvernements des pays en développement (41 %) et les conflits (33 %). Un maximum de trois réponses était possible pour cette question.

La plupart des Européens estiment que le rôle du secteur privé consiste principalement à créer de l’emploi (57 %) et à générer de la croissance (42 %) ou encore à contribuer au progrès et aux échanges technologiques (29 %). Une minorité d’entre eux estime aussi que le secteur privé exploite les pays en développement (27 %) ou qu’il est mêlé à la corruption (21 %). Trois réponses étaient possibles.

81 % des Européens s’accordent à penser que les entreprises privées ont une responsabilité sociale et éthique lorsqu’elles investissent dans des pays en développement. 87 % d’entre eux estiment que les donateurs, tels l’UE, devraient essayer de faire en sorte que les entreprises privées respectent des normes sociales et éthiques.

Le présent Eurobaromètre a été réalisé par TNS Opinion & Social entre le 2 et le 17 juin 2012. Quelque 26 622 Européens âgés de 15 ans ou plus ont été interrogés lors d’un entretien particulier à leur domicile.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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