Vous avez une idée géniale pour monter une entreprise mais vous ne savez pas par où commencer ? Vous êtes un entrepreneur déjà établi et vous avez besoin d’aide ? Ou bien vous êtes déjà à la tête d’une entreprise dynamique mais vous souhaitez la développer et avez besoin d’idées nouvelles ? Alors le programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs, une initiative de mobilité financé par l’Union européenne, est pour vous.

Depuis 2009, Erasmus pour jeunes entrepreneurs permet aux nouveaux entrepreneurs – qu’il s’agisse d ‘ « entrepreneurs en herbe » armés d’un plan d’activité crédible ou d’entrepreneurs ayant lancé leur entreprise au cours des trois dernières années – d’acquérir une expérience et des compétences essentielles.

Qu’il s’agisse de créer un nouveau projet d’entreprise ou de développer une entreprise existante sur les marchés internationaux, le programme leur permet de passer du temps avec un entrepreneur d’accueil plus expérimenté dans un autre État membre, pour apprendre sur le terrain les méthodes de gestion d’une petite ou moyenne entreprise (PME).

Le programme vise en particulier à promouvoir la formation continue, les échanges d’expérience et d’informations entre partenaires, et à améliorer l’accès aux marchés, l’identification de partenaires potentiels et la formation de réseaux professionnels.

Jusqu’à ce jour, cette initiative de mobilité a donné lieu à plus de mille échanges transfrontaliers. Environ 5 000 entrepreneurs sont inscrits sur la base de données du programme. Selon des chiffres présentés par la Commission européenne, la majorité des candidats viennent d’Espagne et d’Italie, deux pays dont les habitants sont forcés de créer leur propre entreprise ou de chercher un emploi à l’étranger, du fait du taux de chômage élevé – c’est ce que l’on appelle l’entrepreneuriat de nécessité.

Le pays d’accueil le plus demandé par les entrepreneurs en herbe est le Royaume-Uni, suivi de l’Espagne et de l’Allemagne. Les échanges profitent à des secteurs commerciaux très divers : la publicité et les services de promotion représentent 14% des échanges, suivis par les TIC (9%), le tourisme (9%) et les services légaux, fiscaux et de conseil (8%).
Des opportunités illimitées pour les entrepreneurs

Alex Zylberberg, jeune entrepreneur de nationalité italienne et britannique, et Kalle Korhonen, l’entrepreneur finlandais qui l’a accueilli, racontent au magazine Entreprises & Industrie leur collaboration mutuellement bénéfique.

Pouvez-vous nous expliquer la motivation principale qui vous a conduit à participer au programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs ?

Alex Zylberberg: Il y avait principalement deux raisons. Tout d’abord, mon entreprise www.MultilingualStuff.com est internationale par nature : j’ai pensé que ce serait une bonne idée d’acquérir de l’expérience dans un autre pays. Ensuite, je voulais que mon entreprise d’accueil soit le type de société qui représente pour moi le client idéal, afin d’apprendre comment elle fonctionne de l’intérieur. Et pour moi, ce client idéal était www.jeven.com.

Kalle Korhonen: Jeven a accueilli beaucoup de jeunes entrepreneurs, et nous avons obtenu de bons résultats avec chacun d’entre eux. Lorsque s’est présentée l’opportunité d’accueillir Alex – un jeune homme plurilingue très intelligent qui avait déjà créé sa propre entreprise – j’ai voulu tester les possibilités que pourrait apporter cette nouvelle expérience.

Quelles compétences avez-vous développé lors de votre séjour dans votre entreprise d’accueil ?

AZ: J’avais déjà des compétences en budgétisation et en gestion d’entreprise car j’avais travaillé comme gestionnaire de projet pendant plusieurs années avant de démissionner et de démarrer ma propre entreprise. Les principales compétences que j’ai développées ont été de comprendre la manière dont les entreprises manufacturières vendent leurs produits à l’étranger. Je suis ingénieur et je travaille dans le développement commercial international. Je n’ai donc eu aucun problème à comprendre les éléments techniques, mais pendant mon séjour à Jeven, j’ai également appris de quelle manière une technologie est commercialisée auprès de clients très divers et dans différents pays.

Qu’avez-vous gagné de cet échange ? Et qu’a gagné votre PME ?

AZ: Je devrais peut-être laisser Kalle répondre à cette question, mais je dirais que son entreprise Jeven a bénéficié des compétences, des savoirs et de l’énergie que j’ai apportés. Je suis passé à la télévision et dans les journaux dans différents pays et j’ai parlé de mon expérience dans plusieurs universités à l’étranger : tout cela a contribué à améliorer la visibilité de l’entreprise de Kalle. On peut ajouter à cela l’expansion de son entreprise dans plusieurs nouveaux pays.

KK: Très rapidement, Alex a apporté dans notre culture d’entreprise finlandaise une manière très internationale de résoudre les problèmes. Il avait une énergie et une « lumière » incroyable lorsqu’il démarrait un projet, et sa connaissance d’Internet et des média sociaux ont permis à Jeven d’acquérir une plus forte présence sur Internet ainsi que dans les média locaux et internationaux.

Quel a été le résultat de cette collaboration transnationale ?

AK: Nous avons TurboSwing, le système de ventilation de cuisine le plus innovant et le plus perfectionné au monde. Kalle et moi travaillons maintenant ensemble pour commercialiser TurboSwing dans le monde entier. Nous avons commencé avec l’Espagne, la Belgique et la Chine. La Chine a été un peu plus difficile parce qu’il a fallu que j’apprenne le chinois, mais tout se passe vraiment bien dans ces trois pays, et maintenant nous avons des projets dans de nombreux autres pays. Cette technologie est la meilleure, et nous travaillons ensemble pour faire en sorte que le monde le sache.

KK: Oui, nous travaillons maintenant ensemble pour commercialiser les nouveaux produits et services de Jeven dans différents pays.

Quels sont vos conseils pour les entrepreneurs en herbe ?

AZ: Si vous pensez qu’avoir un travail normal n’est pas pour vous, alors n’ayez pas peur. Réfléchissez à ceci : en réalité, qu’est-ce que vous avez vraiment à perdre ? Un peu d’argent ? Un peu de temps ? Un peu de sécurité ? Un peu de sommeil ? Qu’est-ce que tout cela représente à côté de la possibilité de réaliser ses rêves ? Agissez, tout simplement.

KK: Saisissez les opportunités qui se présentent, et faites preuve d’initiative. Tant que l’on n’a pas essayé, il n’est pas possible de connaître les opportunités commerciales qu’un entrepreneur d’accueil peut vous apporter. Et je suis convaincu que travailler dans un pays étranger est toujours une expérience bénéfique.

Quels seraient vos conseils pour les entrepreneurs d’accueil ?

AZ: N’oubliez pas que la personne que vous accueillez chez vous est en train de prendre un risque, et qu’elle a aussi soif de succès. Les jeunes entrepreneurs investissent leur vie dans ce qu’ils font, ils s’approprient leurs projets et prennent leurs responsabilités. Il faut profiter de leur énergie et de leurs talents. Vous devez aussi savoir que les jeunes entrepreneurs ont besoin d’un parrain qui leur apprenne les bases, mais qu’ils ont également besoin de liberté pour laisser s’exprimer leur nature d’entrepreneur.

KK: Voir comment travaillent les personnes venant d’autres cultures est vraiment instructif et peut vous aider à exporter vos produits et vos services à l’étranger. Comme je disais auparavant, faites preuve d’initiative et saisissez les opportunités.

Pouvez-vous décrire la manière dont s’est développée votre société après l’échange ?

AZ: Dans un premier temps, j’ai gagné de nouveaux clients dans mon pays d’accueil, ce qui veut dire que ma société s’est développée. Mais le plus excitant dans tout ça, c’est que je travaille avec mon ancien entrepreneur d’accueil pour diffuser sa technologie ultra-perfectionnée de ventilation de cuisine dans le monde entier.

KK: Jeven est devenu une société plus internationale. Et comme l’a dit Alex, nous continuons à travailler ensemble pour ouvrir de nouvelles voies dans plusieurs pays pour nos produits et nos services.

Au vu du succès de cette expérience, est-ce que vous envisagez devenir un entrepreneur d’accueil (pour AZ) et d’accueillir un autre entrepreneur (pour KK) ?

AZ: Bien sûr !

KK: Absolument, c’est juste une question de temps. Lorsque se présentera une personne adaptée qui vient d’un pays qui m’intéresse, je l’accueillerai sans hésiter.
Promouvoir l’entrepreneuriat contribue au redémarrage de l’économie

Note

Le programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs fait partie du « Small Business Act » (SBA), une initiative née de la position de l’Union européenne qui voit dans les PME une force motrice de la croissance économique dans l’UE, et qui cherche à mettre en place les conditions idéales pour permettre aux PME de grandir, d’innover et de créer des emplois.

En plus de contribuer aux objectifs du SBA, le programme permet également de promouvoir les priorités de la stratégie Europe 2020, notamment celles qui ont trait à la mobilité et à l’entrepreneuriat. Il apporte également un complément à d’autres initiatives-phares présentées dans la stratégie : « Jeunesse en mouvement », « la stratégie pour des compétences nouvelles et des nouveaux emplois », et l’Union de l’innovation.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ECONOMIE, GEOPOLITIQUES

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