La transition énergétique figure parmi les objectifs prioritaires de l’UE. L’Europe envisage déjà son futur avec plus de renouvelables dans son mix énergétique que les 20 % officiellement prévus pour 2020. La coordination et la cohérence des stratégies nationales à l’échelon européen est au cœur des enjeux

Rarement la ressource énergétique n’a connu autant de bouleversements en si peu de temps. Hausse des prix de l’énergie, sécurité des approvisionnements, objectifs de réduction des émissions de CO2, efficacité énergétique, enseignements de l’accident de Fukushima… remettent l’énergie au cœur des réflexions stratégiques, économiques et politiques.

Dans ce contexte mondial, on ne se trouve pas en position de pouvoir choisir l’une ou l’autre des ressources, comme sur le menu d’un restaurant. Il n’y aura pas de solution unique pour la consommation de demain mais un panel large de pistes possibles, selon un « mixte » de tout ce qui est disponible ou s’invente aujourd’hui. Les choix se feront aussi en fonction des usages et des besoins des industries, de l’habitat, des transports, des situations locales. « Le monde se trouve engagé dans une période de transition vers de nouveaux modèles énergétiques dont les maîtres mots seront durabilité des ressources, compétitivité et innocuité des productions d’énergie » explique le Syndicat des Energies Renouvelables dans son Livre Blanc 2012

Deux défis sont à relever, l’un à court terme, l’autre à plus long terme.

Le défi immédiat est triple : exploiter le gaz et le pétrole en préservant l’environnement, développer les énergies renouvelables à moindre prix, et garantir la sureté nucléaire. Pour satisfaire ses besoins, chaque pays utilisera, dans des proportions différentes, les énergies dont il peut disposer, selon plusieurs facteurs tels que la démographie, l’évolution des marchés, la volatilité des prix, les changements dans les modes de consommation (transports, habitat, industrie..).

Même si le relais pris par les énergies renouvelables sera de plus en plus conséquent, les énergies fossiles qui occupent la première place avec 80% de la consommation mondiale resteront dominantes pendant encore plusieurs années. En effet, aucune ressource ne sera assez mature pour pouvoir se substituer entièrement au pétrole, au gaz et au charbon, du moins dans les dix ans à venir.

A l’horizon 2030, un scénario de mix énergétique défini, selon les critères du développement durable, par les experts du GIEC et l’AIEC, prévoit que le pétrole représenterait 30 % de l’énergie primaire consommée dans le monde contre 34 % en 2007. Le gaz naturel en fournirait 20,5 % contre 20,9 % en 2007. Le charbon pourvoirait pour sa part 16,6 % du total contre 26,5 % en 2007. Le nucléaire s’établirait à 9,5 % contre 5,9 % en 2007, et les énergies renouvelables s’élèveraient à 23,4 % contre 12,7 % en 2007.

Il n’empêche, l’avenir est aux énergies renouvelables et aux économies d’énergie. C’est le défi du long terme. Mais il doit être mené dès aujourd’hui. Un autre monde énergétique est en vue. L’économiste américain Jérémy Rifkin, parle de « troisième révolution industrielle» . Selon ce dernier « nous sommes aujourd’hui à la veille d’une nouvelle convergence entre technologie des communications et régime énergétique. (…) Au XXIe siècle, des centaines de millions d’êtres humains vont produire leur propre énergie verte dans leurs maisons, leurs bureaux et leurs usines et la partager entre eux sur des réseaux intelligents d’électricité distribuée, exactement comme ils créent aujourd’hui leur propre information et la partagent sur Internet ».

L’innovation et la recherche dans les technologies durables et la recherche de nouveaux gisements sont au cœur de cette transformation. L’enjeu pour les groupes industriels spécialisés consistera à être capable de gérer la continuité du mix énergétique, à un coût compétitif, tout en préservant les équilibres pour mieux s’ancrer dans le long terme.

Pour définir une politique énergétique, la plupart des gouvernements devront tenir compte de plusieurs facteurs: l’ampleur et la nature des besoins énergétiques à couvrir, les choix politiques qui en découlent, le coût de l’électricité, la quantité de CO2 émise, la sécurité d’approvisionnement, l’acceptation publique des technologies utilisées, la découverte de nouveaux gisements d’énergie et de nouvelles technologies mais aussi le rythme de développement et de diffusion des sources d’énergie non fossiles. Chaque innovation technologique met environ 20 ans à devenir rentable économiquement et à se généraliser dans les parcs immobilier et automobile qui se renouvellent lentement)