C’est pour bientôt. 20 ans après le premier Sommet de la Terre, les chefs d’État se réuniront du 20 au 22 juin à Rio de Janeiro. Selon le 5ème rapport sur l’Avenir de l’environnement mondial, appelé GEO-5, publié le 6 juin dernier, par le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), l’état de la planète serait « alarmant »

On ne saurait en douter : il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer la capacité collective des nations à gérer les problèmes planétaires et à engager de façon urgente la croissance écologique. « Si les structures actuelles de production et de consommation des ressources naturelles continuent à prévaloir et que rien n’est fait pour inverser la tendance, les gouvernements devront assumer la responsabilité d’un niveau de dégradation et de répercussions sans précédent », souligne Achim Steiner, directeur général du Pnue.

Constatant que les temps sont aussi rudes pour les peuples que pour l’environnement, certaines organisations de la société civile comme France Libertés entendent d’abord réaffirmer la primauté des droits humains, comme , par exemple, la reconnaissance du « droit humain à l’eau et à l’assainissement, le droit à la souveraineté alimentaire, les droits des femmes et des peuples autochtones, etc. Pour ces derniers le Sommet de la Terre de Rio+20 n’est pas seulement une opportunité pour faire avancer « l’économie verte », elle doit être le lieu pour parler des droits humains. Les citoyens ont leur mot à dire.

Dans une récente étude menée par Le Club France RIO+20, en partenariat avec OpinionWay: « Les Français et les enjeux du Sommet de la Terre », on apprend ainsi que le réchauffement de la planète et les catastrophes naturelles sont aussi importants aux yeux des français (72%) que le chômage et la perte du pouvoir d’achat (80%).

 • 82% des français sont favorables à la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement

 • 78% déplorent que la société civile soit insuffisamment impliquée et que sa parole ne soit que très faiblement prise en compte.

 • 74% souhaitent faire entendre leur voix et se déclarent favorables à une consultation via internet. 46% des Français apporteraient leurs contributions via les forums si l’occasion leur était offerte.

Pour sa part, le PNUE déplore le manque d’informations accessibles dans de nombreux domaines et propose que ces données soient systématiquement intégrées aux statistiques nationales. Le directeur du PNUE entend mettre sous pression les responsables politiques avec pour intention d’obtenir des engagements politiques renouvelés de la part des 130 chefs d’Etats prévus au sommet Rio+20. L’organisation, basée à Nairobi, adresse donc un message direct : « A moins que l’humanité ne change immédiatement de cap, des seuils critiques seront bientôt atteints », souligne le Rapport.

 Côté négatif : la grande majorité des priorités telles que la réduction de la production et de l’usage des métaux lourds, le contrôle et la réduction de la pollution de l’eau douce, n’a pas connu de réelle amélioration. Malgré les gains constatés dans l’efficacité énergétique, les émissions de gaz à effet de serre pourraient bien doubler au cours des 50 prochaines années et la hausse des températures atteindre 3 degrés de plus d’ici 2060. Sur le plan de la faune marine, rien n’a été sérieusement entrepris pour empêcher la diminution des stocks de poissons. Les inondations restent également fortes , en hausse de 230% entre 1980 et 2000. Huit objectifs ont enregistré une recrudescence, la biodiversité en premier lieu.

Sur les 90 objectifs considérés comme prioritaires par les États membres du PNU comme la réduction de la pollution de l’eau douce ou la protection de la biodiversité, seulement 4 d’entre eux ont connu des avancées significatives, indique le Rapport.

 Le bilan n’est pas totalement sombre, souligne le PNUE. En positif, l’accès à l’eau potable. Même si plus de 600 millions de personnes n’en bénéficieront toujours pas en 2015. Les avancées de la recherche marine ont également contribué à réduire légèrement la pollution. La bonne santé des écosystèmes marins est la condition essentielle pour espérer durablement profiter des services rendus par les océans. Mais la gravité du problème est telle que ces petits progrès ne sont pas suffisants car l’acidification de la mer a entraîné une telle dégradation des récifs coralliens que ces derniers pourraient être menacés de disparition vers 2050.

Autres points positifs : la suppression du plomb dans les carburants ou encore l’élimination des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Ces progrès sont de nature à diminuer le nombre de cancers de la peau d’ici 2050 et abaisser le nombre de personnes victimes de cataracte d’ici 2100. « Certains progrès ont été accomplis notamment sur l’extension des zones protégées comme les parcs nationaux et les efforts en vue de la réduction de la déforestation » fait observer le Rapport. La déforestation a décru à 13 millions d’hectares par an au lieu de 16 millions d’hectares dans les années 1990. A noter aussi quelques objectifs jugées réussies comme le commerce durable ou certaines innovations technologiques.

Quelques initiatives, qui avancent sans attendre, méritent d’être saluées, indique le Rapport,. Exemples : la politique de l’eau gratuite en Afrique du Sud, la taxe-carbone instaurée dans l’Etat de Colombie britannique au Canada, la détection et la réduction des fuites dans le système de distribution d’eau au Bahreïn, le péage urbain à Stockholm ou encore les programmes aux Maldives, menacées par la montée des eaux, pour atteindre l’objectif de zéro émission de carbone en 2019.

Certains pays témoignent de progrès notables mais pour autant ne veulent pas s’aligner sur les objectifs. C’est le cas, par exemple, de la Chine. L’empire du milieu, premier producteur de panneaux photovoltaïques au monde, championne des investissements dans l’économie verte… et aussi premier pays émetteur de CO2, est très dynamique pour transformer son économie mais refuse les contraintes au niveau mondial. « Les pays entendent rester souverains quant à leur mode et leurs capacités de croissance », explique Sylvie Lemmet, directrice de la division technologie, industrie et économie du PNUE. Pour Steven Stone, responsable de la branche économie et commerce du PNUE, en charge de l’économie verte, « certains gouvernements ont des programmes remarquables pour développer les emplois verts mais cela ne débouche pas au niveau mondial, parce que dans le cadre de la concurrence exacerbée par la mondialisation, les problèmes de leadership se posent ».

Difficile dans ces conditions de déboucher sur un accord !

Pourtant, les responsables du PNUE se veulent rassurants et espèrent que Rio+20 sera l’occasion « d’évaluer les réalisations et les échecs, ainsi que d’encourager la mise en œuvre de mesures mondiales vers le changement ». « Le moment est venu de dépasser la paralysie de l’indécision, de reconnaître les faits et de regarder en face l’humanité collective qui unit tous les peuples », insiste Achim Steiner

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Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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