A 150 kilomètres de Pékin, le centre commercial de Florentia, déguisé en village florentin, est visité chaque jour par quelques 40 000 Chinois venus goûter aux bonnes affaires des produits occidentaux.

Il y a déjà fort longtemps, je fréquentais de temps à autre les réseaux dédiés au commerce international. A l’époque je m’étais demandé pourquoi, lorsque nous installions une de nos ambassades dans un pays prometteur, nous n’en profitions pas pour y installer, y construire, un centre culturel et commercial de nature à rehausser le prestige de nos productions. Cette idée m’est revenue à l’esprit lorsque j’ai découvert un peu par hasard l’existence de Florentia Village.

Cet étrange village, qui fait penser au quartier de « Little Italie » à Las Vegas, est une représentation de quartiers de Venise, canal y compris bien sûr, où se vendent directement les productions italiennes. Florentia Village truffé de statues romaines et de production de grands artistes italiens comme Michel ange s’est installé en Chine.

A 150 kilomètres de Pékin, ce centre commercial déguisé en village florentin est visité chaque jour par quelques 40 000 chinois venu goûter aux bonnes affaires des produits occidentaux en faisant leur shopping. Ce ne sont pas des Italiens mais des américains qui sont à l’origine du concept. Un investissement de 120 millions d’euros leur aura suffit pour ériger une représentation d’une des villes européennes les plus connues au monde. Rassurons-nous, quelques marques connues en France sont de la partie mais ce qui retient l’attention c’est le formidable engouement des consommateurs chinois pour ce lieu qui leur offre à la fois dépaysement et ouverture sur des produits réservés autrefois aux seuls voyageurs : Tu ne peux venir à Venise, c’est Venise qui vient à toi ! Je ne doute pas un instant que cette réussite sera copiée par d’autres investisseurs.

Il me prend de rêver de voir un pool d’entreprises française se lancer, avec le soutien du gouvernement, dans des opérations similaires où nous verrions des représentations de villages ou de villes françaises typiques et célèbres, s’installer près de Calcutta, de Djakarta, de Saigon, de Brasilia, de Johannesburg, que sais je encore ! Ces pôles de représentation seraient cofinancés par des PMI ou des PME désireuses d’installer sur place des magasins tests pour leurs produits. Ils deviendraient un formidable outil logistique pour les ressortissants de nos Chambres de Commerce et d’Industrie en limitant les frais de premier établissement.

Mélange de parc à thèmes et de magasins d’usine, Florentia Village est sans aucun doute une innovation qui, si elle surprend par son originalité, illustre que l’on peut encore trouver des moyens originaux de distribuer nos produits à l’étranger. Compte tenu de son succès, (les ventes de détails y grimpent de 40% chaque mois) les propriétaires de Florentia Village envisagent d’ici à 2015 l’ouverture de huit autres répliques de l’Italie près de grandes métropoles chinoises comme Shanghai et Chongqing (1).

Alors, quand nous y mettons-nous !?

(1) Source Courrier International du 1er février 2012

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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