Emploi dans les TPE :

Le 41ème baromètre de conjoncture des Très Petites Entreprises, réalisé par l’Ifop pour Fiducial, met en lumière les difficultés d’embauche et de développement rencontrées par les dirigeants de petites entreprises en ce début d’année 2011. C’est également l’occasion d’anticiper leurs attentes quant au prochain scrutin présidentiel de 2012.

Un potentiel élevé mais des perspectives d’embauches encore modestes pour 2011

2011 ne s’annonce pas comme un grand cru en termes de créations d’emplois dans les TPE, bien que 14 % d’entre-elles comptent augmenter leur effectif salarié, une proportion supérieure à celles observées débuts 2009 et 2010. L’année 2011 démarrerait sur des bases plus faibles (prévisions de créations d’emplois s’établissant à +1) que le dernier trimestre 2010 (créations d’emplois s’établissant à +4, soit le meilleur quatrième trimestre depuis 2002).

Plus regrettable encore, au moins 800 000 TPE (33 %) ajournent leurs embauches. En cause, un manque de ressources financières avéré compte tenu d’une activité estimée insuffisante, combinée au poids des charges fiscales et sociales.

Des TPE fidèles à leurs banques

44 % des TPE ont connu des difficultés de trésorerie en 2010. Parmi elles, 6 % seulement ont eu recours à la médiation du crédit et 5 % à Oséo. Un tiers s’est également tourné vers son expert-comptable pour la recherche de solutions. Mais heureusement, la majorité (57 %) des entreprises ayant connu des difficultés de trésorerie a réussi à les surmonter grâce aux lignes de crédit antérieurement autorisées. A ce titre, près de la moitié des TPE (49 %) a utilisé un crédit de trésorerie bancaire en 2010 : dans 8 cas sur 10, il s’agissait d’un découvert.

En dépit de ces difficultés, les entreprises restent en bons termes avec leurs banquiers (79 % des TPE n’ont qu’une banque). 85 % des TPE confrontées à des difficultés de trésorerie ont trouvé un banquier attentif et à leur écoute, même si dans la moitié des cas il ne proposait pas de solutions, tandis que 15 % (soit 7 % de toutes les TPE) déploraient une rupture du dialogue de la part de leur banque. Au final, 4 % des TPE ont changé de banque et 6 % ont contracté avec une nouvelle, sachant que seulement 11 % déclarent avoir consulté une autre banque que la leur.

Une crise de confiance avérée vis-à-vis du gouvernement en particulier et des politiques en général

Le degré de confiance des TPE dans les mesures et actions économiques annoncées ou mises en place par le gouvernement enregistre une forte chute ce trimestre (26 %, soit -15 points) après le rebond observé sous l’effet de la réforme des retraites. C’est le plus mauvais score enregistré par l’exécutif depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Seules 17 % des TPE issues du secteur des services aux particuliers manifestent leur confiance au gouvernement, soit un différentiel de -28 points avec le score enregistré auprès de cette cible à l’automne dernier (45 %). Globalement, les TPE doutent majoritairement (58 % contre 42 % exprimant un avis contraire) de la capacité de Nicolas Sarkozy à engager des réformes profondes en période préélectorale.

Pour la grande majorité des patrons de TPE, les femmes et les hommes politiques ne sont plus pour l’instant en mesure de transformer la société française, ni d’en lever les blocages (respectivement 62 % et 66 %). Le sentiment d’impuissance est encore plus marqué lorsqu’on évoque le redressement rapide de l’économie française (75 %) ou des finances de l’Etat (81 %).

Comme le souligne Jean-Marc Jaumouillé, directeur des techniques professionnelles de Fiducial :

« La faible confiance des patrons de TPE dans le climat général des affaires en France (en baisse de 2 points, avec 71 % de pessimistes) plombe leur moral et leur optimisme dans leur propre activité. En embauchant, le patron d’une TPE prend deux risques qui peuvent lui faire tout perdre : ne pas avoir suffisamment d’activité pour en couvrir le coût et se tromper sur la personne recrutée. Or, les conséquences d’une erreur sont plus dramatiques pour une petite unité ».

Méthodologie de l’Etude :

Echantillon de 1 007 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés, raisonné sur les critères secteur d’activité de l’entreprise, taille de l’entreprise, région d’impla_ ntation de l’entreprise et interrogé par téléphone du 25 janvier au
7 février 2011.
Des résultats nationaux représentatifs : redressement selon les données INSEE pour la meilleure représentativité de cette composante du tissu économique français.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ECONOMIE, ETUDE

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