En tête des énergies renouvelables, l’énergie tirée du vent qui passera de 4,2 % en 2009 à 14 % de la demande totale d’énergie, connait une période faste. Mais la France, malgré les promesses du Grenelle de l’environnement, ne tiendra pas ses engagements.

La plus grande partie de la puissance installée (75%) de l’éolien « offshore » se trouve en Europe.

Les éoliennes marines se sont multipliées dans les pays d’Europe du Nord car les conditions y sont très favorables. Au large des cotes, les vents puissants et réguliers qui soufflent sur les océans garantissent un meilleur rendement. Les meilleurs élèves européens sont l’Irlande et le Danemark. Les plus gros producteurs d’énergie du vent, incluant l’éolien terrestre et maritime, seront : l’Allemagne, l’Espagne, la France et le Royaume Uni.

Selon une étude prospective menée par l’ Association européenne de l’Energie du Vent (EWEA) sur la réalisation des Plans d’Action Nationaux pour les Energies Renouvelables des 27 pays de l’Union Européenne, l’objectif de 2020 – soit 20 % de renouvelables dans l’ensemble des énergies – sera atteint, voire dépassé dans certains pays. L’énergie tirée du vent passera de 4,2 % en 2009 à 14 % de la demande totale d’énergie (494 TWh de 213 GW de capacité installés).

Les prévisions indiquent une multiplication par 5 de la puissance installée dans le monde très rapidement. L’éolien a connu le rythme de croissance le plus forte avec un taux de 30% par an en moyenne. Les experts estiment que cette ressource énergétique représentera 12% des besoins mondiaux en électricité d’ici 2020. Mais ces prévisions sont sans compter avec les aérogénérateurs spatiaux et autres techniques encore au stade théorique, qui vont chercher des vents plus puissants, plus haut dans l’espace.

C’est le Danemark qui tire la dynamique de l’éolien offshore.

D’après un document de l’ Association (DWIA – Association Danoise de l’Industrie du Vent (DWIA), presque 25 % de son énergie vient du vent et ses prévisions dépassent celles de l’EWEA, avec 50 % en 2020. Dans un rayon de 200 km, le Danemark rassemble les compétences humaines et industrielles, les laboratoires de recherche, les instituts de formation et l’ensemble du réseau ce qui lui permet de découvrir et de mettre au point les technologies de demain.

La puissance unitaire des machines proposées par les constructeurs, restée longtemps inférieure au MW, est aujourd’hui couramment de 2,5 MW et des prototypes de 5 MW sont en cours de réalisation. L’éolien offshore offre des potentialités plus importantes mais les coûts d’installation et d’exploitation sont supérieurs à ceux des sites terrestres. Les inconvénients ? L’encombrement, et surtout l’ irrégularité de production. Les parcs éoliens tournent environ un tiers de l’année et pas forcément au moment de pointes de consommation.. Après 25 mètres de profondeur, les techniques de pose des éoliennes off-shore sont en effet complexes.

Bien mieux que les éoliennes terrestres dont la production annuelle d’électricité par MW installé se situe entre 2000 – 2500 MWh, les éoliennes offshore présentent cependant de gros avantages. Sur mer, il n’y a pas de plaintes de riverains et l’impact paysager est acceptable. L’Allemagne mise sur la réalisation de grands parcs éoliens au large de ses côtes afin de produire 15% de ses besoins en électricité à l’horizon 2030. La Grande Bretagne qui possède le premier potentiel éolien d’Europe et les Pays-Bas sont également actifs dans la filière. Hors Europe seuls les Etats-Unis ont un parc significatif de 6 000 MW principalement localisé en Californie.

Et la France ?

La France remplira difficilement ses objectifs de capacités de production d’énergie éolienne de fixés par le Grenelle de l’environnement à l’horizon 2020 et tenir son rôle dans la compétition européenne .
« Le parc éolien français ne dépassera pas 15.000 mégawatts (MW) à terme, contre 25.000 MW prévus par le Grenelle Environnement », pronostiquent les experts du Xerfi dans une étude intitulée « Le marché français de l’éolien soumis à des vents contraires ». Selon le scénario retenu par les experts de Xerfi dans cette étude, 400 à 500 nouvelles éoliennes seront installées chaque année dans le pays, ce qui ne suffira pas à atteindre les objectifs du Grenelle. Les experts soulignent que « moins de 1.000 MW auront été connectés au réseau électrique en 2010 » alors qu’il faudra en installer encore 20.000 MW d’ici à 2020.

Un an après les déclarations d’intention pour le développement des EMR, peu de décisions concrètes ont été prises et les professionnels de la filière éolien offshore commencent à s’inquiéter. L’Etat a durci en 2009 et 2010 les conditions d’implantation des fermes éoliennes. Le lancement de l’appel d’offre se fait attendre et les porteurs de projets qui ont franchi avec succès tous les obstacles de la concertation avec les différentes parties prenantes souhaitent maintenant pouvoir commencer les mises en œuvre.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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