Sauver des vies nécessite une utilisation réfléchie des limitations de vitesse afin qu’elles n’apparaissent pas abusives mais justes et proportionnées. Plutôt que d’abandonner la politique routière aux radars, il est plus judicieux de renforcer les contrôles d’alcoolémie et d’aptitude à la conduite sans dangers

Sécurité routière : A quand de l’intelligence incorporée au baston !?
Voyons un peu : 40 millions d’automobilistes sur les routes chaque jour, soit 14 600 000 000 migrants sur roues chaque année. 5 000 morts sur les routes par an, soit 0,0000003 morts pour un automobiliste sur les routes, soit 99,9999997 % des automobilistes qui arrivent vivants à destination. La théorie des grands nombres démontrent que le zéro mort sur la route est inatteignable et que les progressions sur les derniers millièmes sont les plus difficiles à atteindre.

Pour qui roule régulièrement il n’est pas difficile de constater que rares sont ceux qui respectent strictement les limitations de vitesse hors des zones où se trouvent les radars? La mortalité avait commencé à baisser avant la mise en place des radars suite aux campagnes de sensibilisation du gouvernement. S’il est indéniable qu’une certaine dose de répression a permis de diminuer la nombre de victimes de la route, la stigmatisation de l’automobiliste est en train d’engendrer un fort ressentiment du au fait d’être « fliqué » en permanence. Les radars fixes et mobiles doivent être placés, selon la loi, dans des zones considérées comme dangereuses. Ils ne doivent pas être considérés comme un instrument de contrainte. On peut comprendre les associations de défense des victimes mais cela ne doit pas nous rendre stupides.

Même en mettant des limites de vitesse à 90 km/h sur autoroutes, 30 km/h en ville et en installant des milliers de radars automatiques, il y aura encore des morts sur les routes. Le non respect d’un stop à un passage à niveau qui fait chaque année de nombreux morts n’a pas grand-chose à voir avec un radar de vitesse. Peut-on imaginer un jour qu’un gouvernement engage un véritable travail de remise en question du tout répressif par une adaptation plus qualitative des vitesses ? Sur certaines zones routières, on a le sentiment que c’est le stock restant des panneaux qui justifient une limitation de vitesse plus qu’un danger supplémentaire.

Ainsi, il n’est pas difficile de constater que des portions de l’A86 font l’objet de régulation de vitesses différentes selon que l’on est sur la partie extérieure ou intérieure sans que la configuration des voies le justifie. Peut être pourrait on s’inspirer de la ville de Wiesbaden en Allemagne qui a installé des panneaux lumineux d’indication de vitesse qui se modifient en fonction de l’intensité de la circulation. Sauver des vies nécessite une utilisation réfléchit des limitations de vitesse afin qu’elles n’apparaissent pas abusives aux millions d’automobilistes que nous sommes.

S’il est bien évident que les excès de vitesse doivent être sanctionnés, ce qui est choquant c’est le biais constant qui fait de la vitesse le coupable idéal. Un excité du volant peut être un individu sous l’emprise d’une substance médicamenteuse quelconque. Un gus alcoolisé à mort n’a pas à aller bien vite pour tuer une petite fille. Le camionneur exténué qui s’endort et traverse la barrière de sécurité pour frapper une famille roulant sur la voie inverse n’a pas besoin de rouler bien vite pour l’exterminer.

Il faut envisager un moratoire sur les radars et se pencher sur l’Insuffisance des contrôles d’alcoolémie ou de drogue qui génèrent autant d’accidents et de morts qu’un excès de vitesse.

Pourquoi l’obtention d’un permis de conduire ne passe t’il pas par des contrôles sanguins qui décèleraient les produits dangereux et les chauffeurs à risques qui consomment du cannabis. Alors que des faits divers récents impliquent des conducteurs âgés pourquoi encore ne sont-ils pas contrôlés plus sérieusement ?

Une politique qualitative de la sécurité routière implique de ne pas abandonner celle-ci à des radars automatiques qui n’auraient d’autre but que de remplir les caisses de l’Etat. Y a-t-il un pilote dans l’avion de notre Ministre des Transports ou ne fait-il confiance qu’au pilote automatique ?!

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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