Cette note présente les résultats d’un travail de prévision sur les secteurs amenés à créer des emplois à un horizon de court/moyen terme, réalisé par le Centre d’analyse stratégique.

Cette étude permet d’abord de rappeler les grandes tendances constatées avant la crise, s’agissant des secteurs identifiés comme porteurs d’emplois (secteurs fortement technologiques, secteurs haut de gamme, secteurs de proximité). L’analyse des évolutions sectorielles de l’emploi pendant la crise montre que la hiérarchie des secteurs porteurs en emploi n’a pas été modifiée par celle-ci et que les dynamiques endogènes se sont maintenues.

Concernant les secteurs exposés à la concurrence internationale, le choc de 2008 n’a pas entamé les avantages comparatifs de la France, l’activité industrielle ayant rebondi à la faveur de la reprise du commerce international à la fin de l’année 2009, tandis que les secteurs de services ayant le plus contribué à la croissance de l’emploi depuis le début des années 2000 devraient maintenir leur tendance à la hausse durant la phase de reprise.

Même dans un scénario prudent s’agissant de la reprise de l’emploi global, l’étude menée met en évidence de forts potentiels de création d’emplois, dès les prochaines années, dans un certain nombre de secteurs identifiés. Ainsi, les créations totales d’emplois sur la période 2010-2015 s’élèvent à 324 000 avec une hypothèse de taux de croissance de 1,2% par an sur la période 2012-2015, et culminent à 712 000 avec une hypothèse de 2% par an.

Les créations d’emplois reposent sur deux forces :

1. Le rebond mécanique des secteurs exposés au commerce international, dont l’effet reste atténué sur l’emploi compte tenu de l’objectif de restauration de la productivité qui caractérise les branches exportatrices : cette force explique l’ampleur des destructions d’emplois dans les secteurs manufacturiers tels les biens d’équipements et les biens intermédiaires, même si les dynamiques varient d’un sous-secteur à l’autre en fonction des avantages comparatifs de la France (ainsi, par exemple, fortes destructions d’emplois dans les biens d’équipement mécaniques et destructions limitées dans les biens d’équipement électriques et électroniques).

2. Les moteurs endogènes de développement de certains secteurs, notamment de service ou des filières vertes, amplifiés par le ciblage de certains dispositifs publics :

 la projection confirme les contributions à l’emploi des secteurs amont aux entreprises (ingénierie,
conseil, R&D), stratégiques pour les entreprises et qui vont également bénéficier de la politique de soutien aux investissements d’avenir ;

 la montée en gamme, et ses effets sur l’emploi, de secteurs comme le commerce ou l’hôtellerie restauration se confirme (meilleur maillage territorial, extension des plages horaires) ;

 les services à la personne bénéficient des tendances démographiques et sociales et d’une meilleure structuration de l’offre, dans un contexte fiscal qui reste favorable ;

 les créations d’emplois sont fortes dans certaines filières vertes (bâtiment, transports) qui bénéficient des mesures du Grenelle de l’environnement.

Les recompositions du tissu productif engendrent ainsi d’importants besoins de réallocations sectorielles d’emplois entre secteurs porteurs et secteurs en déclin (831 000 créations nettes
d’emplois dans les secteurs porteurs d’ici 2015 ; 318 000 destructions nettes d’emplois dans les
secteurs déclinants). Face à ces évolutions structurelles, les instruments de flexibilité permettant de faire face à des ajustements conjoncturels (de type intérim) ne sont évidemment pas suffisants.

En revanche, la poursuite et le suivi actif des politiques publiques de sécurisation des parcours
professionnels et de “flexicurité” se justifient pleinement, à travers un ensemble de dispositifs mis en place au cours des dernières années visant à encourager les transferts de compétences (certification des compétences transférables avec les Certificats de qualification professionnelle inter-industries et la Validation des acquis de l’expérience ; dispositifs de reclassement avec la Convention de reclassement personnalisé, le Contrat de transition professionnelle et la Préparation opérationnelle à l’emploi ; portabilité des droits à la formation avec le Droit individuel à la formation, le Congé individuel de formation, l’autoévaluation des salariés avec les Bilans d’étape professionnelle ; etc.).

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ETUDE, Le Magazine

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