Une étude menée en commun par Mohamed Harfi, du Centre d’Analyse stratégique, et Laudeline Auriol, de l’OCDE, met en évidence la difficile situation des docteurs en sciences français dans la recherche d’emploi

Encore une exception française: le relatif mépris avec lequel sont traités les hauts diplômes en sciences.

L’analyse comparative avec les autres pays de l’OCDE, qui enregistrent des taux de chômage des docteurs très faibles, montre que cette situation n’est pas due à une surproduction de diplômés.

Dans l’hexagone, le marché du travail des docteurs est déséquilibré. « Le sous-investissement en recherche-développement et la préférence pour les ingénieurs pèsent sur l’insertion en entreprise des docteurs » révèle une étude du Centre d’Analyse stratégique. Alors qu’en 2007 les jeunes diplômés de niveau Master ont un taux de chômage de 7 %, celui des titulaires d’un doctorat culmine à 10 %. Or, les docteurs constituent une ressource humaine essentielle dans le secteur de la recherche, donc un élément de compétitivité et de coopération croissant dans les économies de la connaissance.

Pour obtenir une meilleure régulation de l’offre de formation doctorale et un renforcement de l’accompagnement des docteurs, le Centre d’analyse stratégique fait 5 propositions.

1. Améliorer l’information des établissements et des étudiants, notamment en associant davantage les acteurs privés à la production de données régulières, par disciplines, sur les besoins de recrutements et sur l’insertion professionnelle des docteurs.

2. Réaffirmer le rôle central des Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) dans la coordination et la régulation de l’offre de formation doctorale, notamment en favorisant le transfert au PRES de la compétence de délivrance des diplômes et des moyens de financement des contrats doctoraux.

3. Associer davantage les grandes écoles aux formations doctorales, pour permettre à davantage d’ingénieurs de préparer un doctorat.

4. Améliorer la proportion de thèses financées, notamment par les entreprises : d’une part, en fixant un objectif aux universités dans le cadre de leur contractualisation avec l’État ; d’autre part, en imaginant un dispositif permettant à une entreprise de financer une thèse en contrepartie d’un engagement du doctorant à demeurer quelques années dans l’entreprise après son embauche.

5. Reconnaître le doctorat dans les conventions collectives, notamment les grilles salariales.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

Le Magazine, Sciences et société

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