Christophe Deshayes a écrit en collaboration avec Michel Berry « Les Révolutionnaires du numérique » publié aux éditions Autrement (mars 2010).

Il est conférencier d’entreprise sur les Technologies de l’Information et de Communication. En 1989, Christophe Deshayes crée Documental, l’observatoire « im-pertinent » des TIC.

Après la mort d’un internaute, que deviennent les messages, les blogs, les profils, les millions de souvenirs qu’il a éparpillés sur le Net au fil du temps ?

Pour l’heure, le droit ne prévoit pas que « toutes nos productions électroniques soient finalement considérées comme à nous, donc transmissibles », souligne l’avocat Alain Bensoussan* dans un article du Figaro. Et face à ce flou juridique, les pratiques divergent.

Sur Skyblog, lorsqu’un mineur décède, le site prend contact avec les parents et ils décident en commun du destin de ces pages personnelles. Certains parents font disparaître le blog de la Toile mais conservent les écrits de leur enfant sur un CD, d’autres préfèrent maintenir le blog en ligne comme un mémorial (les pages restent visibles mais elles sont fermées aux commentaires).

De son côté, Facebook propose depuis quelques mois « d’immortaliser les profils des personnes disparues, en les transformant en lieux de partage et de souvenir ». Les pages ne sont accessibles qu’aux amis déjà inscrits, ceux-ci peuvent laisser des messages et lire ceux des autres.

Aux Etats-Unis, Yahoo! considère que les comptes sont privés, le site ne restitue pas de ce fait les messages aux héritiers.
Dernier exemple, chez Gmail, pour obtenir les codes d’accès de la messagerie d’un défunt, il faut que celui-ci ait au préalable désigné dans un email la personne à qui les remettre.

Ces différentes pratiques illustrent bien le souci pour certains de préserver la mémoire d’une personne qui comptait pour eux et éventuellement de la transmettre.

Quand on pense que, parallèlement, la classe politique s’active en ce moment pour ériger un droit à l’oubli pour nous protéger des griffes des méchants Google, Facebook et autres Twitter, on en viendrait à sourire de la question de la mémoire des défunts. Pourtant il s’agit bien d’une vraie question, mais tellement aux antipodes de la pensée dominante…

On sait depuis longtemps (du moins en principe) que les technologies sont ambivalentes par nature, ce qui nous renvoie d’ailleurs à notre propre responsabilité. Entre droit à l’oubli… et devoir de mémoire, l’injonction semble ici quelque peu paradoxale donc assurément immature.

Il faut bien légiférer… et se rappeler, comme on le dirait chez les @narchistes, que l’ordre numérique, c’est encore de l’ordre.

 Retrouvez Christophe Deshayes sur le blog : les Révolutionnaires du Numérique

 *Article du Figaro publié le 16 février 2010 : La vie est-elle éternelle sur Internet ?

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