Des avions européens bloqués dans les aéroports à cause d’un nuage de particules volcaniques. Des autobus caillassés et brûlés dans des quartiers. Des trains annulés pour cause de grève. Des milliers de passagers gênés dans leurs déplacements. Des embouteillages de voitures paralysant des centres villes…. Les problèmes de mobilité sont devenus des enjeux majeurs pour des millions de personnes. Et quand la nature se rappelle à nous, nous sommes désemparés.

Il faut se rendre à l’évidence. Sans transports, nous serions bien seuls. En effet, le développement de nos sociétés, nos rencontres humaines, nos échanges économiques reposent pour une bonne part sur notre capacité à circuler. Avec l’accélération de ces échanges, nous demandons toujours plus de capacité de transports, mais jusqu’ici nous avons refusé de voir les nuisances ou les problèmes qui y sont associés, en particulier écologiques. Plus personne ne conteste aujourd’hui la responsabilité massive des transports dans le processus planétaire du réchauffement de la planète. Ce secteur représente autour de 30% du total des émissions de gaz à effet de serre.

Les citoyens qui subissent les pollutions, les contretemps, les incidents anthropiques ou naturels sont naturellement légitimes pour critiquer les défauts du système. Manque d’information, manque d’anticipation, incapacité à trouver des solutions de rechange… la liste est longue des insuffisances. Et au-delà de tout ça, le manque d’investissement dans les outils, dans les moyens, qui permettraient de rendre les situations supportables et gérables.

Derrière les tracas, on peut aussi envisager la lecture de ces évènements, d’un autre point de vue, plus constructif. Notamment quand la nature se rappelle à nous. N’est- ce pas l’occasion de remettre les pendules à l’heure et de nous rendre à cette évidence que tout n’est pas acquis pour toujours. Et qu’il faut parfois compter sur des ressorts personnels ou collectifs pour faire face aux difficultés.

L’accident, le désordre, le contre temps, peuvent en effet être des occasions. Occasions de trouver des solutions de rechange, ou d’améliorer les choses, occasions de retrouver la notion du temps, d’inventer des alternatives, de s’organiser à plusieurs, de compter sur l’intelligence collective, de développer des initiatives, de façonner l’esprit solidaire. Et finalement quand on prend bien la chose, on se rend compte que ces occasions sont productrices de lien social. On s’aperçoit aussi que des situations inattendues peuvent déboucher sur des formes d’économie auxquelles on n’avait pas penser. Dans le domaine des transports, des énergies et des moyens de communication, les recherches progressent généralement grâce à des demandes sociétales souvent inédites.

Un mot résume cet état de fait ; la serendipité. Les avancées les plus prometteuses sont largement liées aux applications nouvelles, aux comportements imprévus, aux découvertes inattendues, aux usages discrets, invisibles, détournés, liés à telle ou telle recherche ou invention technologique. Autrement dit, une bonne part de nos innovations vient des pratiques qui nous incitent à remuer nos méninges et à contribuer par nos initiatives à inventer de nouvelles mobilités.

Le problème à l’ordre du jour est bien : « comment se déplacer sans polluer ? »*

Mais aussi comment limiter nos consommations d’énergies sachant que nos réserves notamment pétrolières sont en voie de pénurie. Plusieurs défis s’imposent : diminuer les nuisances, réduire les consommations de carburant, juguler les phénomènes de congestion. Neuf citoyens européens sur dix pensent qu’il faudrait améliorer la situation du trafic dans leur environnement. L’enjeu n’est pas simple. Il y a obligation de réduire ces pollutions tout en accroissant l’accessibilité au bénéfice de tous les citoyens et en respectant l’exigence de mobilité qu’exige toute société qui veut se développer. L’accès aux transports publics est l’une des clés. Mais ce n’est qu’en raisonnant globalement qu’on peut améliorer efficacement les choses. Il convient à la fois de jouer sur les infrastructures collectives, la structure et l’organisation des villes, les modes de productions et de consommation et la technologie des véhicules.

Les solutions technologiques ne peuvent à elles seules répondre à ces problèmes. Nos comportements, nos usages conditionneront pour une part importante le succès de ces enjeux. Il faudra changer certaines de nos habitudes. Certains ouvrages comme « Les transports, la planète et le citoyen » nous invitent à découvrir la mobilité durable. Il revisite la politique des transports en prônant l’optimisation des moyens existants et en proposant un panorama de toutes les solutions possibles.

*Livre de Patrick Widloecher, Ancien directeur du Développement Durable à la Poste, chez Spécifique Editions

*Livre de Marc Fontanès, Ludovic Bu et Olivier Razemon. Editions Rue de l’échiquier. Postface de Daniel Cohn-Bendit

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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